HISTORIQUE :
Depuis plusieurs années déjà,
des approches avaient été faites avec le Comité des Sports d’Arménie
afin d’obtenir la participation d’une équipe de boxeurs aux
« Internationaux de France », un tournoi ouvert aux boxeurs amateurs de
tous les pays sous l’égide de la Fédération Française de Boxe.
Nous nous heurtions
constamment à un veto de la part de la Fédérations des Sports de Moscou.
Et cette année 1990 fut enfin une année à inscrire en caractères d’or
dans les annales du sport grâce à la Perestroïka. En effet, plus n’est
besoin désormais de l’accord des autorités moscovites. Le Comité des
Sports d’Arménie est maintenant investi du pouvoir de décision
directement.
Et c’est ainsi qu’un
beau matin de fin mars une équipe de 10 boxeurs accompagnée de 6
dirigeants débarque à Paris à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle.
A la tête de cette délégation : Monsieur Roupen Agopian,
Président du Comité des Sports d’Arménie, c’est-à-dire le Ministre des
Sports.
Dans cette équipe se
trouvent : Akopkokhian, le champion du monde amateurs des
super-welters (71 kg) ainsi que plusieurs vainqueurs de tournois
internationaux au sein de l’équipe d’U.R.S.S.
Chargé de mission
auprès de cette équipe d’Arménie par le président de la F.F.B. :
Monsieur B. Restout. J’accompagne donc ce groupe à Saint-Nazaire
où doivent se dérouler du 1er au 7 avril 1990 les « Internationaux
de France » dans la fameuse soucoupe, un palais des sports d’une
architecture peu courante.
L’arrivée en France
d’une équipe d’Arménie est une grande première dans l’histoire de ce
pays. En effet, jamais auparavant, depuis la nuit des temps, une équipe
nationale arménienne – toutes disciplines confondues – n’avait foulé une
terre étrangère sous les couleurs nationales arméniennes.
Cette équipe d’Arménie
était attendue avec beaucoup de curiosité et aussi de crainte par les
autres délégations.
19 nations étaient
représentées par 138 boxeurs pour cette compétition qui débutait par la
pesée de tous les boxeurs, suivie d’une visite médicale, le 1er
avril 1990.
Les événements de l’an
passé, avec le tremblement de terre de terre de Spitak, les
affrontements du Karabagh avec les Azéris, ajoutés à la présence d’une
autre équipe d’Union Soviétique (parmi laquelle un Arménien de Tachkent)
firent que les médias s’intéressèrent beaucoup aux Arméniens, et ce
d’autant plus qu’il y avait parmi les engagés une équipe de Turquie.
Celle d’Arménie, qui
tenait une place prépondérante parmi les médias, était souvent
sollicitée par ceux-ci pour des interviews à l’Hôtel du Parc où elle
était logée.
Cette attention
particulière, finalement, a certainement contribué à l’élimination
injuste et prématurée de quelques boxeurs arméniens par des décisions
venant de la part de juges « malintentionnés », juges qui traînent leurs
savates de tournoi en tournoi avec de bas calculs, ignorant tout de
l’équipe sportive.
A ce jeu, seuls trois
Arméniens arrivèrent en finale. Le champion du monde Akopkokhian
qui devait être la grande vedette des Internationaux de Saint-Nazaire
avait été « éliminé » par deux juges « ripoux » (dont un Turc…) après
avoir facilement passé le premier tour. Seule consolation pour lui : les
applaudissements, lors de son passage en regagnant les vestiaires, de
tous les boxeurs de l’équipe de France, debout et conspuant la décision
injuste.
Pour leur première
apparition à l’étranger, sous les couleurs nationales arméniennes, les
résultats furent tout de même satisfaisants, malgré les embûches :
1 MEDAILLE D’OR
avec le poids mouche (51 kg)
Arthur Mikaelian.
1 MEDAILLE D’OR avec
le poids super-léger (63,5 kg)
Armen kévorkian
1 MEDAILLE D’ARGENT avec le
poids léger (60 kg)
Mekhak Kazarian
(à noter que son adversaire
de la finale est l’Arménien de Tachkent, ARTHUR KRIKORIAN qui a donc
remporté la MEDAILLE D’OR)
1 MEDAILLE DE BRONZE avec le
poids mi-mouche (48 kg)
Alexandre Nalbandian
1 MEDAILLE DE BRONZE avec le
poids lourd (99 kg) Dikran
Derderian.
Une nouvelle ère
s’ouvre donc maintenant pour l’Arménie. Beaucoup de boxeurs veulent
passer professionnel. Cela était impensable il n’y a pas si longtemps.
Déjà des tractations sont en cours pour cela.
L’avenir s’annonce bien et il est permis d’être optimiste.
Jacques Hairabédian
Membre du Comité Directeur de la Fédération Française de Boxe.