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La carrière de
JACQUES HAIRABEDIAN
(Propos recueillis par Ivan KOUGAZ à Beyrouth -
L'Orient, le Jour juin 1971) publié dans ACHKHAR) |
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La
carrière de celui que l’on appelle le « Georges Carpentier » arménien,
Jacques Hairabédian, a commencé en 1946. Jacques est alors l’espoir de la
boxe française pour les poids moyens (73 kg), catégorie amateur. Cette
année-là il gagne ses premiers titres : le championnat du « Critérium des
Aiglons » de la « Coupe de l’Europe » et devient champion de
l’Ile-de-France, puis champion de France militaire.
En 1947, Jacques est le seul Français à participer
aux championnats interalliés qui se déroulent à Berlin. A la surprise
générale, il remporte la victoire en battant les vedettes de l’époque. En
moins de 3 ans, il remporte 9 victoires internationales dans la catégorie
amateur et passe en catégorie professionnelle. Nous sommes alors en 1949.
Mais comme Jacques a pris de l’âge et du poids, il va donc représenter les
espoirs des « mi-lourds ».
Après deux ans d’entraînement intensif, il devient
champion de France de cette catégorie. En 1953, à Rome, il s’adjuge le titre
de champion d’Europe. On lui propose alors une tournée en Amérique du Sud. A
Rio de Janeiro, Buenos Aires et Montevideo, on annonce la venue du boxeur.
Mais Jacques ne pourra effectuer ce voyage, ayant été atteint d’une fracture
du scaphoïde gauche. Il ne peut plus se battre, et pourtant, d’après tous
les pronostics, il aurait pu battre tous ses adversaires très facilement. En
1954, on prévoir, après sa guérison, de l’opposer au champion du monde de
l’époque, Archie Moore, mais le sort s’acharne contre le champion d’Europe
de l’époque et un nouvel accident l’éloigne à jamais du ring. Jacques
Hairabédian termine sa carrière sur un bilan très honorable : 160 combats, 6
défaites aux points,- 2 défaites à cause de blessures et 4 matches
nuls.L’ancien champion est aujourd’hui un homme d’affaires. Il représente
une société française de transport de fret, la « Mélissard Frères, Savariez
et Cie » qui se propose d’établir des accords avec le Liban. C’est au
« Bistrot Français » de la rue Hamra que nous l’avons rencontré. Il était
aphone ce jour-là et c’est lui-même qui a rédigé les réponses aux questions
que nous lui avons posées, tout en buvant, pour apaiser son palais, un
mélange d’arak et de miel.
On
prétend que jusqu’en 1953 la boxe a été en France un sport populaire et
que depuis ce n’est plus le cas, ceci en raison de la faiblesse des
« champions ». Qu’en pensez-vous ? Il
est certain que depuis 1953 et jusqu’il y a 2 ans, la boxe était en
récession. Les raisons en sont multiples : évolution du niveau social,
manque d’enthousiasme de la part des boxeurs… mais depuis 2 ans, de
nouveaux règlements ont humanisé la boxe et un travail en profondeur –
surtout chez les universitaires – relance ce sport.
Que pensez-vous de Marcel Cerdan Jr et des
scandales qui ont été rapportés à son sujet par le journal français « Le
Crapouillot » ?
Le Crapouillot prétend, dans sa dernière
livraison, soit que les matches auxquels Marcel Cerdan Jr a participé
l’aient opposé à de boxeurs ayant fait preuve de peu de combativité,
soit qu’ils aient été « arrangés » au départ. Marcel Cerdan Jr est un
bon boxeur. Sa technique est au point mais il est dépourvu de punch.
Dans les informations publiées par le Crapouillot, il y a certainement
un peu de vrai, mais ces informations ont été gonflées pour permettre de
vendre la revue.
Avez-vous été opposé à des champions
libanais ? si oui, qu’en pensez-vous ?
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En
1952, j’ai été opposé à Ghazarian, en 1953 à Dessouki et en 1954 à
Joseph Sacre. Ils sont pleins de bonne volonté, leur technique est
honnête, mais hélas leur expérience est insuffisante. Ceci est dû en
partie au fait que le Liban manque de boxeurs et se trouve donc dans
l’impossibilité d’organiser des compétitions.
On prétend que vous avez lancé Kéchichian, le
nouveau champion de France. Qu’ en est-il ?
C’est exact, on a beaucoup travaillé. Il est
devenu champion et c’est fort bien ainsi.
Pourra-t-il ravir le titre mondial à
l’Italien Carmélo ?
Si Kéchichian s’entraîne, il a de fortes
chances d’emporter la victoire.
Avez-vous dans votre famille des parents
sportifs ?
Non, mais on raconte que mon grand-père
paternel était champion de lutte de Turquie.
Si vous deviez refaire votre vie,
choisiriez-vous à nouveau la boxe ?
Je n’ai pas choisi la boxe avec le but précis d’en faire une
carrière, c’est arrivé incidemment et je ne le regrette pas. Si je
devais boxer de nouveau avec tous mes moyens, je ne dirais pas non. Par
contre, si j’avais un fils, je lui interdirais de monter sur le ring. |
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