15. Goris, la ville
: le 13 mai 2004
Bonjour à
tous,
Avant de continuer
sur Goris, voici un petit retour sur l'école. Le dernier
jour à l'école est une grande fête en Arménie
et à Goris. Ainsi les élèves de dernière
année s'habillent de leur plus bel habit, spécialement
acheté pour ce seul jour, avec pour les filles jupes
aux genoux, noire/bleu marine, chemise manches courtes d'un
blanc impeccable et une petite cravate. Et c'est en ce moment
que se prépare cette fête. On voit partout des
jeunes filles bien habillées dans les écoles,
en ville... Les garçons se réservent pour le dernier
jour. Vraiment pas avant.
Autre détail
sur les écoles. Nous sommes donc en période d'examens.
Cela va vous étonner, mais c'est comme cela. Il est enseigné
différentes matières dont deux nommées
ainsi: "russe" et "langues "étrangères".
Dans "langues étrangères" on trouve
anglais et français à Goris. Vous avez compris
la différenciation de considération. Autre particularité,
c'est que si tous les élèves étudient donc
deux langues, ils n'en présenteront qu'une seule à
l'examen! Ainsi étudient-ils le français ou l'anglais
qu'ils ne présenteront jamais à l'examen.
Au niveau de la
notation des examens, les travaux sont notés sur 5, en
théorie de 0 à 5, mais en pratique de 2 à
5. Pourquoi? En Arménie, pour réussir il faut
avoir la moyenne à toutes les matières, il n'y
a pas de système de calcul de moyenne. Pourquoi mettre
1 ou 0 à un élève quand 2 est déjà
insuffisant? Un élève qui rend la feuille blanche
obtient donc un 2. Il y a deux ans, j'ai assisté à
la remise des notes à Stépanakert. C'est noté
de 0 à 5, les notes sont annoncées au micro, les
élèves et leur famille rassemblées dans
la cour. Quand un 0 était annoncé, vous aviez
droit à une consternation générale, puis
silence total pour écouter les notes des élèves
suivants.Le 0 ne sert pas plus que le 2, mais il a son sens.
Goris est une
ville dans la montagne, à 230 km au sud d'Erevan,
dans la région du Syunik entre l'Iran, le Karabakh et
le Nakhitchevan. Elle est très étendue (presque
aussi grande que Stépanakert, mais moitie moins peuplée)
et ce sont les montagnes qui ont limité encore plus son
étendue. La ville a un "espace ouvert" vers
le sud: l'étroite vallée qui mène à
Kapan à 40 km au sud, un col séparant les deux
villes bien sûr !
Goris est une
ville pavillonnaire (cf. récit précédent)
aux rues parfaitement rectilignes d'où certaines transversales
qui finissent par tellement grimper qu'elles se terminent en
escaliers !! Les escaliers ? Goris s'en est fait une spécialité,
ils sont de formidables raccourcis. Du haut de la ville (la
Faculté ou la gare routière, cela dépend
de quel haut, il y en a 2) jusqu'en bas (le marché, le
seul endroit animé de la ville, mis à part la
sortie des cours des écoles et de la Faculté),
il faut compter 20 à 30 minutes à pied ou 500
drams en taxi (environ 1 dollar). Il y en a une centaine dans
cette petite ville sans touriste, ou si peu. Et pour cause,
le seul transport en commun se résume en un bus (style
celui qui desservait Shushi l'an dernier ;-) (ce n'est plus
le cas à présent, ils ont mis des minibus de bonne
qualité) qui fait 5 allers-retours par jour, du marché
à l'Institut (8H30; 9H; 12H; 16H; 17H15; pas un de plus).
Vous comprendrez comment ils sont pleins à craquer en
prenant pour exemple le métro parisien en heure de pointe
ou pour d'autres le métro japonais ;-).
Les rues, en plus
d'être rectilignes ont une autre particularité:
leurs caniveaux (qui n'en sont pas en fait). ce sont de véritables
canaux (20 cm de large, au moins 15 cm de profondeur) qui conduisent
directement l'eau des nombreuses sources de la ville (certaines
jaillissent en pleine rue) au torrent (qui reçoit en
prime tous les détritus possibles et imaginables).
Goris est une
ville d'eau (on s'étonnera du paragraphe ci-dessous sur
l'eau dans les maisons), il pleut très souvent et en
3 mois de présence ici, il ne s'est pas écoulé
une seule semaine sans précipitation. Avertissement:
attention à ne pas laisser une cheville dans le caniveau
en traversant la rue.
La maison gorissienne
est carrée, en pierre non taillée (avec des façades
nivelées par les jointures en ciment blanc apparent)
Les fenêtres sont souvent en arcades, encadrées
de pierres taillées plus foncé que pour les murs.
La pierre à Goris est grise. Les maisons sont à
un étage, le rez-de-chaussée servant d'étable,
de garage et/ou d'atelier de travail, voire parfois de magasin.
Les maisons sont entourées de jardins (potagers, vergers)
d'où l'aspect forestier de la ville dont on a déjà
parlé.
Goris compte quelques
immeubles d'habitation et grands bâtiments (mairie, palais
de la culture) mais jamais plus de 4 étages, sauf 2:
l'internat de la Faculté tout en haut de la ville (7/8
étages) et l'ex-grand hôtel soviétique (6
étages). Ce dernier a perdu son prestige passé
(c'est le moins que l'on puisse dire, j'ai eu le privilège
(?) d'y séjourner ma première semaine!!) même
s'il est toujours debout et ouvert. Le chauffage est très
insuffisant et l'eau courante, voire l'eau tout court n'existe
pas!!! Ses 3 derniers étages abritent misérablement
environ 80 familles réfugiées de la guerre du
Karabakh (expulsées d'Azerbaidjan) qui attendent toujours
leur déménagement dans un logement décent.
Cela fait plus de 15 ans qu'elles attendent. On parle
de la construction d'un bâtiment d'ici quelques... années,
le terrain serait déjà réservé.
L'eau courante
n'existe pas à Goris (comme dans la plupart des quartiers
d'Erevan d'ailleurs), d'où l'équipement en réservoirs
de certaines maisons (dont les hôtels, s'il y en a). Personnellement,
je remplis une bassine le matin à 9H avant les cours
(eau de 9H à 9H30, cours à 9H15), et pour l'eau
chaude, je chauffe à la casserole. Ma plaque étant
très faible, il me faut compter 1H30 pour chauffer 2
casseroles pour me doucher (1/4 d'eau chaude, ¾ d'eau
froide). Je pourrais utiliser une théière électrique
mais j'attends d'être au Karabakh pour en acheter une;
cela ne me prendra alors plus que 10 minutes! A moins que je
fasse installer un chauffe eau. C'est un choix. A noter que
depuis deux semaines à présent, il est assuré
un tiers du temps un mince filet d'eau. Cela permet de remplir
la chasse d'eau et de pouvoir remplir une bouteille d'eau, ou
de se laver les mains mais ce n'est pas assez pour faire la
vaisselle, ou alors vraiment si l'on n'a rien d'autre à
faire.
Pour l'électricité
(spécificité à Goris, pas vu ni à
Erevan, ni à Stepanakert (sauf en cas de très
mauvais temps), les coupures sont quasiment quotidiennes (1/4
d' heure, ½ heure, 1 heure, 2 heures, parfois un peu
plus). "Remont en anoum" (ils font des réparations
sur le réseau. D'où l'équipement des salles
informatiques des écoles en générateurs
de secours. Les branchements électriques sont tout autant
aléatoires, c'est du "yola gnal" (de la débrouille).
Comme l'Arménie, qui ne travaille, "Yola gnoum a"
(elle fait de la débrouille). Par exemple, il n'est pas
rare que les branchements des chauffages se fassent fils sur
fils puisque nombre de prises électriques et de fiches
n'ont plus de fiches.
A Goris évitez
de raser de trop près les murs, car la peinture c'est
de la poudre qui s'accroche à vos vêtements comme
de la craie dès qu'on l'effleure. C'est ainsi que le
mur de mon lit a viré du blanc au gris, la couette ayant
frotté toute la poudre blanche.
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér (espoir, foi et amour).
r.armen@laposte.net
14. Présentation
de Goris : le 11 mai 2004
Le premier contact
avec la ville se fait depuis la route quand on arrive d'Erevan.
Goris est en contre-bas, dans une cuvette et la ville s'étend
autant que le lui permettent les pentes des montagnes qui l'enserrent.
De cette hauteur, cette ville de 30 000 habitants, noyée
dans les arbres, apparaît comme un gros village. Ensuite,
ce qui retient l'attention c'est sa grandeur, la ville s'étend
sur tout l'espace que la montagne lui laisse libre. Certains
la décrivent comme suit: toun, bostan, toun, bostan,
toun, bostan, bostan, toun, bostan, toun, toun, bostan... (toun=maison
en arménien et bostan=jardin en russe). La ville est
principalement constituée de maisons avec jardins potagers
et vergers.
Goris a bien des
similarités avec Stépanakert, la capitale du Karabakh
à 100 km. On a une population voisine (30 000-50 000)
elles sont toutes les deux un carrefour de leur région
et toutes les deux vivent éloignées d'Erevan.
C'est dans la manière de vivre cet éloignement
que Stepanakert marque sa différence avec un développement
économique plusieurs fois plus dynamique. Mais Goris
et Stépanakert, et même plus globalement, le Syunik
et le Karabakh ont en commun le dialecte. S'il diffère
d'une montagne à l'autre, il subsiste des constructions
et un vocabulaire communs, un accent similaire. Tant et si bien
que l'intercompréhension est possible, chacun parlant
dans son dialecte. Pas tous toutefois parviennent à se
donner la peine de cette intercompréhension, c'est-à-dire
sans en passer par le russe ou l'arménien oriental.
Cette proximité linguistique est un témoignage
au jour le jour d'un passé qui a toujours uni et désuni
ces deux régions, séparées un temps, regroupées
un autre, au gré des aléas politiques, des guerres,
des trahisons et des sécessions dont le Syunik a fait
sa spécialité. C'est un peu le Marseille que Louis
XIV a voulu définitivement ancrer à la France
en construisant deux forts à l'entrée du port,
non pas pour protéger la ville, mais pour la surveiller
!
Le Syunik est
cette région qui dit oui quand tout le monde dit non,
et vice versa. Quand au cours de l'histoire l'Arménie
parvenait à créer l'union, le Syunik faisait sécession
ou demandait un statut spécial. A l'inverse, quand l'Arménie
acceptait de se soumettre à un envahisseur, le Syunik
est toujours apparu comme le dernier bastion de résistance.
Ses montagnes l'ont toujours bien aidé pour cela.
Je retiendrai
deux périodes. Le XVIIeme et le XIXeme, dans le cadre
de l'empire perse (jusqu'à la conquête par les
Russes de tout le sud Caucase, traité de Gulistan de
1828), qui connurent l'affirmation des familles locales parvenues,
chacune sur leur fief bien sûr, à préserver
sur leur territoire un degré d'autonomie de gestion non
négligeable (gestion des affaires courantes, collecte
d'une partie des impôts, maintien de groupes armés
de défense...), surtout vis à vis du reste de
l'Arménie soit sous l'impérialisme russe , soit
intégré dans l Empire ottoman, une intégration
qui finira par être fatale à ce qui est appelé
aujourd'hui l'Arménie occidentale, par opposition à
l'Arménie sous administration russe (au début
du XXeme siècle, correspondant à quelques régions
près (Kars, Ardahan et Nakhitchevan) à l'Arménie
actuelle+Artsakh-Karabakh.
La deuxième
période récente où le Syunik a fait parler
de lui par sa singularité est février-avril 1921.
Fin novembre 1920, l'Arménie "accepte" l'administration
russe. La brutalité de l'établissement de l'autorité
russe (déportation de tous les dirigeants dès
décembre 1920) entraîne un soulèvement du
Syunik qui s'érige en République de la Montagne,
avec pour capitale Goris, alors la plus grande ville de la région.
Les Russes reprendront les choses en main après la reconquête
de la Géorgie en avril et réduiront le dernier
fief de résistance que fut ce Syunik.
Cette époque
(fin du XIXeme siècle, début du XXeme) fut la
grande période des mouvements de lutte armée pour
les Arméniens. S'ils ont fini tragiquement (c'est le
moins que l'on puisse dire) dans l'Empire ottoman, ils ont finalement
permis l'émergence d'une république autonome dans
le sud Caucase. D'une situation d'un territoire sans frontière
il est sorti un territoire défini largement imparfait
au vu de la situation de l'époque puisque nombre de régions
arméniennes c'est-à-dire peuplées par des
Arméniens depuis des siècles resteront en dehors
de frontières encore actives aujourd'hui. Mais ce qui
est à retenir, c' est que cette période a permis
la ré-émergence d' un territoire arménien
autonome, reconnu et dont la république actuelle est
l' héritière directe. De ce point de vue, la république
de 1918-1920 est une réussite, surtout si l' on garde
à l' esprit que le contexte de son émergence ne
fut nullement souhaité ni accueilli avec joie tant la
défense du territoire était un travail qui apparaissait
au début comme une tâche insurmontable.
C'est ainsi qu'
en 1921 Kars et Ardahan resteront en Turquie. La population
fuira très vite au sud-est de la Géorgie, dans
la région du Djavakh (dépeuplée de ses
populations arméniennes au cours des guerres de cette
période). C' est ainsi que le Djavakh est resté
arménien mais avec des populations non locales qui ont
pris le relais de celles "disparues"!! Ensuite on
a le Nakhitchevan et le Karabakh, tous deux attribués
par Staline à l' Azerbaidjan soviétique. Le Nakhitchevan
est une plaine, 70 ans ont suffi pour vider la région
des Arméniens qui y habitaient. L' Artsakh est un territoire
montagneux qui s'est finalement soulevé en 1988 et dont
l'autodétermination est devenue effective (d'une certaine
manière) avec la signature d'un cessez-le-feu avec l'Azerbaidjan
en 1994, cessez-le-feu toujours en vigueur et dont le souci
du respect fait quelquefois monter la pression. Avant-hier,
les 10 ans de sa signature ont été fêtés
en fanfare à Stépanakert qui a connu l'un de ses
plus grands rassemblements depuis longtemps: plusieurs dizaines
de milliers de personnes rassemblées devant le Parlement
le soir. Pas mal pour une ville de 50 000 habitants !
Ceci, c'était pour la partie historique pour redéfinir
le contexte.
A Goris ce passé
est omniprésent. Il n'est pas une école à
Goris qui n'ait affiché les photos des fédayins
de la grande époque. Un fédayin est un civil qui
prend les armes pour protéger sa maison, son village,
sa région. Il s'organise avec d'autres pour former des
groupes de volontaires. Les deux plus populaires ici sont le
Général Andranik (devenu Général
avec la République de 1918-1920) et Njdé dont
la statue trône à l'entrée de l'Institut
où j'étudie. Andranik a combattu sur toutes les
terres arméniennes, de Turquie, d'Arménie, de
Perse... A la chute de la République arménienne
de 1918-1920 il part à Paris puis aux Etats-Unis où
il décédera. Il sera enterré au cimetière
du Père Lachaise à Paris et sur sa tombe a été
construite un statue le présentant sur son cheval. En
février 2000, ses cendres ont été rapatriées
en Arménie, au cimetière de Yerrablour (près
de Erevan, cimetière pour les héros arméniens
et les personnes d importance nationale). Andranik a énormément
lutté pour la sauvegarde du Karabakh en 1919-1921. Une
lutte qui ne sera pas tout à fait un échec puisqu'elle
permettra de préserver l'existence du Karabakh, à
défaut de pouvoir l'arrimer définitivement à
l'Arménie.
Njdé a
lui aussi été un grand fédayin bien sûr,
mais est surtout connu pour son travail au Syunik où
il avait en charge les groupes armés et il prit naturellement
une part active dans ce qui reste comme le témoin d'une
ferme volonté de vivre indépendant de toute autorité
extérieure : la République de la Montagne.
Goris est fière d'avoir été capitale d'Arménie
2 mois. Mais malheureusement (!) d'une république qui
n'a pu s'affirmer, et les livres qui ont font état sont
bien rares.
Goris c'est un
peu cela, elle est présente mais on ne la remarque pas.
Et l'ambiance
dans Goris me direz-vous? C'est une ville des plus calmes. Si
vous croisez quelqu'un, il y a de fortes chances qu' il aille
au marché ou qu' il en revienne. On n'y trouve que 6
ou 7 bars, c'est la seule activité de Goris, avec son
carrousel qui ouvre l'été. Les gens vont au marché,
ils y flânent quelque temps puis rentrent chez eux. A
Goris, il y a quand même une activité des plus
sympathiques : aller en lisière de la ville et manger
dans la montagne. Les montagnes de Goris sont très particulières,
découpées en menhirs plus ou moins parfaitement.
La ville est entourée de "Demoiselles coiffées"
En particulier dans le bas de la ville. Vraiment, quand vous
allez au Karabakh, prenez 20 minutes pour descendre. Vous pourrez
en profiter pour manger quelque chose dans l'un des deux restaurants
de la ville (à côté du marché et
en face de l'église).
Enfin, Goris l'été,
c'est le doux plaisir de se promener dans les rues larges, rectilignes,
bordées de petits canaux (en guise de caniveaux) où
coule de l'eau directement sortie des sources qui émergent
au quatre coins de la ville. Goris est une ville d'eau, fraîche,
avec toujours une petite brise pour vous rappeler que Goris
est une ville nature avec une végétation omniprésente
des plus diversifiées.
Je vous propose
de venir vous y balader et me donner votre avis.
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér (espoir, foi et amour).
r.armen@laposte.net
13. Actualités
d'Arménie : le 06 mai 2004
Depuis le début
du mois d'avril, il a été constaté une
baisse de 3 à 4% des taux de change du dollar (et du
rouble) avec le dram (monnaie d Arménie). L'évolution
de l'euro est faussée en raison d'une remise à
niveau de son cours par rapport au dollar. On a donc une appréciation
du dram par rapport à la période précédente
ou plutôt par rapport aux attentes (si cela avait été
attendu, les mesures de régulation auraient été
prises plus tôt). La fin de l'année dernière
avait été marquée par une hausse similaire
mais avait été neutralisée par la Banque
centrale (BC) d'Arménie qui a tardé cette fois
à intervenir.
Une conférence
de presse hier de son président permet de mieux comprendre
les raisons (d'autant qu'en cette saison le dram a tendance
a fléchir vu que c'est la saison d'approvisionnement
du marché arménien (pour l'été)
avec une augmentation de la demande de dollars).
Voici les quatre
causes identifiées par la BC (sur l'activité du
premier trimestre):
1) Poursuite de la hausse du PIB
2) Augmentation inespérée des exportations de
40% au cours du premier trimestre
3) Augmentation des salaires
4) Hausse de 30% des transferts d'argent vers l'Arménie
(peut-être favorisée par le renforcement du dram)
Ceci est très
positif et d'autant plus que la balance commerciale d'Arménie
a été une nouvelle fois lourdement déficitaire
l'an dernier: 590 millions de dollars.
Le directeur de la BC a aussi annoncé deux programmes
en cours de préparation avec l'Europe. Le premier porte
sur l'octroi d'un crédit de 100 millions d'euros pour
la construction de plusieurs centrales hydroélectriques
(l'Union Européenne voulant amener l'Arménie à
fermer sa centrale nucléaire (qui ne présente
pas plus de risques qu'une autre, de l'avis des spécialistes
internationaux), et le deuxième permettrait l'octroi
de crédits à long terme à taux réduits
basés sur l'hypothèque des maisons. L'objectif
ici est d'aider l'Arménie à créer un cadre
législatif et les conditions favorables à l'octroi
de tels crédits. Actuellement, les crédits sont
au maximum de 4 ans avec un taux avoisinant les 15% d'intérêt
par an !
Pour le détail
sur la vente de l'or de la BC, cf. http://www.armenews.com
En ce qui concerne
le Karabakh, on reparle d'une possible résolution par
étapes, suite à une rencontre surprise entre Robert
Kotcharian et Ilyam Aliev à Varsovie la semaine dernière.
Mais cette fois, ce ne serait plus à l'Arménie
de faire le premier pas, mais à l'Azerbaidjan qui autoriserait
la réouverture de la voie ferrée Bakou-Meghri
(sud de l'Arménie)- Nakhitchevan (Azerbaidjan)- Erevan.
Le progrès qui permet à cette question de se reposer
c'est que l'Azerbaidjan juge désormais (déclaration
d'Elmad Mamediarov, ministre des Affaires Etrangères
d'Azerbaidjan) que "le retrait des forces arméniennes
(du sud du Karabakh) serait une aide à cette ouverture"
; autrement dit, ce ne serait plus une pré-condition
(ainsi que cela est rapporté dans Armenews.com). Cette
déclaration confirme une certaine faiblesse diplomatique
de l'Azerbaidjan, peu habitué à un langage de
compromis, qui ne peut s'opposer à toute proposition
de résolution. Et cette concession serait peut-être
la moins difficile à faire accepter à son opposition
(pour la reprise des hostilités) puisqu'une telle ouverture
offrira au Nakhitchevan un lien direct avec Bakou. Quant à
l'Arménie, ce serait la première liaison ferrée
extérieure stable, avec l'Iran. Une telle démarche
pourrait favoriser une "normalisation" des relations
économiques entre les deux pays. Mais cela évite
d'aborder le point de désaccord principal, la question
centrale: le statut du Karabakh. Affaire à suivre sans
se presser...
En Géorgie,
un million de dollars vont être alloués par la
Géorgie à la réparation des routes du Djavakh.
Le Djavakh est une région de la Géorgie frontalière
avec la Turquie et l'Arménie. Elle est peuplée
quasi exclusivement d'Arméniens et était jusque
là oubliée des programmes de développement
des autorités géorgiennes. Par exemple les livres
scolaires et l'électricité sont fournis par l'Arménie
gratuitement à la région.
Adjarie-Géorgie:
mis à part des rumeurs (cela dépend des personnes)
qui font état de la démission d'Aslan Abashidze
(président adjare) ce matin, voilà ce qu'on peut
dire. La série "je te mets en garde, toi non plus"
continue: la Géorgie a donné la semaine dernière
un (nouvel) ultimatum de 10 jours à l'Adjarie. Ceci après
avoir étudié le traité de Kars (cf. Actualités
d Arménie précédentes) et la capacité
juridique de la Russie d'intervenir pour veiller à la
préservation du statut spécial octroyé
à l'Adjarie par ce traité (de 1921).
Pendant ce temps
en Arménie, on a fait plancher les académiciens
sur "le facteur génocide dans les relations arméno-turques".
La Turquie est le 10eme partenaire commercial de l'Arménie
(via la Géorgie et donc via l'Adjarie). Quant à
Vartan Oskanian, ministre des Affaires Etrangères d'Arménie,
il a annoncé l'organisation prochaine d'une réunion,
elle aussi internationale, pour coordonner les actions pour
faire avancer la reconnaissance internationale du Génocide
arménien.
Ce week-end à
Shushi on va fêter les dix ans du cessez le feu. Les festivités
vont durer 2 jours, samedi 8 et dimanche 9 mai (jour de libération
de la ville par les forces arméniennes en 1992 et fête
nationale au Karabakh).
Par ailleurs Anoushavan
Danielian (premier ministre de la République du Haut
Karabakh) a annoncé l'organisation d'une réunion
internationale pour la reconstruction de la ville en 4-5 ans.
Le programme prévoit d'établir la ville comme
un centre historique et culturel (ce qu elle était jusqu
au début du XXeme siècle).
Un programme d
irrigation de toute la région d'Armavir vient d'être
lancé, cofinancé par la Banque mondiale. Il prévoit
la récupération des eaux du plateau de l'Aragats
dont les sommets culminent à 4100 m d'altitude. La vallée
est à un peu plus de 1000 m d'altitude.
Le printemps à
Goris, c'est pluie et brouillard tous les jours. D'où
une nature d'un vert flamboyant. Cela vous ferait presque regretter
les chaleurs caniculaires de l'été.
La mairie d'Erevan
a annoncé que d'ici 3 ans, elle allait acheter 450 autobus
(à la France et l'Italie en particulier), ceci afin de
limiter la multiplication des marshotnis (minibus de 10-15 places
qui servent de transport en commun). L'utilisation de ces autobus
(publics) reviendra à 50 drams pour les utilisateurs
(contre 100 pour un marshotnis, privés).
Sinon Goris va
avoir son club francophone. Il va être ouvert par l'Association
SPFA (Solidarite Protestante France-Arménie). Depuis
quelque temps déjà ils voulaient ouvrir un tel
centre à Goris ; désormais ce sera chose faite
en août prochain.
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér (espoir, foi et amour).
r.armen@laposte.net
12. Le 24 avril à
Erevan
Pour une minorité
d'entre vous, le 24 avril est le jour de commémoration
du Génocide arménien de 1915. Ce jour-là,
l'intellingentsia arménienne de Bolis (Istanbul aujourd'hui)
fut arrêtée pour être déportée
dans les déserts d'Anatolie. J'ai donc passé le
24 avril à Erevan et j'ai pu commémorer le Génocide
en me rendant à Dzidzernakapert.
Cela ne se déroule
pas du tout comme en France. Le 24 avril, c'est un flux continu
de personnes se rendant au Mémorial. Plusieurs centaines
de milliers de personnes traversent le parc tout au long de
la journée. C'est une colline qui surplombe Erévan
entre le pont Dérian (entrée) et le stade national
Hrazdan (nom de la rivière qui traverse Erévan
dans un profond ravin).
Cette année,
la marche a été politisée, à la
suite de l'ambiance délétère qui règne
à Erévan, due aux manifestations organisées
par l'opposition.
Au plus, ces manifestations ne rassemblent que 10 a 15 000 personnes.
(L'opposition a annoncé 25 000 personnes lors de sa dernière
manifestation du 27 avril, mais c'est la même falsification
des chiffres qu'en France). 10
a 15 000, c'est-à-dire tout juste 1% de la population
d'Erévan (1 200 000 habitants), soit moins de 0.3% de
la population d'Arménie. Car ces manifestations qui ont
un caractère "national" sont plutôt locales
;(au Syunik rien n'a jamais eu lieu). On a donc l'action d'un
groupe minoritaire sans aucun pouvoir de représentation
nationale.
Mon séjour
à Erévan m'a permis de mieux comprendre la nature
de la colère des manifestants qui participent à
ces rassemblements. Ce qui est impressionnant, c'est que certains
des manifestants ne remettent pas en cause les réussites
économiques et sociales de l'Etat d'Arménie sous
la présidence de Robert Kotcharian. Les mêmes reconnaissant
que l'opposition n'a pas la solution aux problèmes qu'elle
cible. Ce qu'ils espèrent d'un changement de pouvoir
(qui passerait par une démission de Robert Kotcharian,
ce qui est plus qu'improbable), c'est l'organisation d'élections
qui se dérouleraient normalement, de telle manière
qu'elles ne puissent porter à contestation. Ce ne fut
pas le cas des dernières élections présidentielles
et législatives, même si la victoire écrasante
de Robert Kotcharian ne permet aucun doute sur sa réélection,
mais seulement sur la marge de sa victoire.
Les élections
présidentielles avaient été l'occasion
de la première organisation (dans un pays de la CEI)
d'un débat télévisé entre les deux
candidats du 2eme tour.
De telles élections, il est attendu un éclatement
des membres de l'opposition qui s'affronteraient en un débat
libre, c'est-à-dire sans que l'Etat n'appuie l'un ou
l'autre des candidats. Ensuite, l'Arménie connaîtrait
3 à 4 ans d'incertitude voire de recul économique,
le temps qu'un nouvel équilibre se crée ! L'Arménie
a-t-elle ce luxe?
Vu de l'extérieur,
je pense que ces manifestations, si elles sont bien gérées
par le gouvernement (ce qui ne fut pas toujours le cas) sont
destinées à mourir d'elles-mêmes, car dans
les faits elles ne sont basées sur rien. L'arrivée
de l'été va permettre d'apaiser les tensions.
Les politiques partent en vacances, le travail augmente, il
y a les récoltes... A partir de septembre, on a la préparation
du budget de l'année 2005 et on peut s'attendre à
une orientation encore plus sociale et en direction de l'économie
rurale.
A noter que le
gouvernement vient de proposer de négocier. Il a reçu
une fin de non recevoir de la part de l'opposition. Seul contre
tous.Karabakh:
On ne parle plus de tension sur la ligne de cessez le feu. On
a donc eu droit une nouvelle fois à des menaces de reprise
de la guerre pour forcer l'Arménie à des concessions
inacceptables, car l'Azerbaidjan a toujours menacé de
la reprendre si les négociations ne lui sont pas favorables.
Là où cela devient intéressant, c'est que
tous (représentants du groupe de Minsk, Arménie
et Azerbaidjan) semblent être tombés d'accord:
les négociations sont dans l'impasse. L'Azerbaidjan,
spectateur de son échec, c'est l'Arménie qui gagne
des points avec l'idée, acceptée désormais
(par les négociateurs), que le Karabakh est arménien.
L'Azerbaidjan connaîtrait en ce moment un échec
politique, 10 ans après avoir compris que l'option militaire
menait à sa perte.
Voilà une
occasion de vous parler du voyage Goris-Erevan.
1) Le départ fut retardé, je ne sais pour
quelles raisons, de 3 heures.
2) L'état très abîmé de la
chaussée de Goris à Sissian, à 30/40 km
au nord.
3) Le grand nombre de camions iraniens sur la route,
souvent en groupes d'ailleurs. Les routes d'Arménie sont
dangereuses pour eux, et il n'est pas rare d'en trouver un couché
dans un virage d'un des nombreux cols. En général
sans gravité, cette fois-ci, le camion est tombé
quelques mètres en contre-bas. Cette forte circulation
confirme l'importance de l'Iran pour l'Arménie et donc
la place favorable de Goris qui n'en profite malheureusement
pas autant qu'elle le pourrait. Dommage pour son développement.
4) un minibus venant de (ou se rendant à) Stepanakert
se reconnaît de loin, sans avoir à attendre la
lecture des affichettes sur les pare-brise. Ils ont la particularité
d'avoir le bas de caisse au plus bas tant ils sont chargés
et le toit souvent encombré.
5)
Le printemps découvre enfin ses couleurs. Les pentes
des collines verdissent et les prairies se colorent de mille
fleurs. Les troupeaux retournent dans les champs. L'Arménie
resplendit en cette saison et ce sera encore plus vrai le mois
prochain.
6) Les adeptes d'escales sur le bord de la route pourront
remarquer que la région de Vayots Dzor (à mi-chemin
entre Erévan et Goris) connaît une fièvre
de constructions. Presque chaque village croisé propose
son coin repas, détente... A vous donner envie de passer
quelques heures de plus sur les routes d'Arménie, se
reposer sur les rives de l'Arpa (qui traverse la région).
Erevan-Goris, 4 heures, dont 1/2 à ¾ d'heure d'étape!
Pour Stépanakert, 6 heures avec une heure d'arrêt.
Certains ont mis la journée pour ce trajet ; cela dépend
des étapes, ou du comment prendre son pied à voyager
en Arménie.
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér (espoir, foi et amour).
r.armen@laposte.net
11. Les écoles
à Goris
A la demande de
plusieurs d'entre vous, voici quelques détails sur la
vie dans les écoles.
Les écoles
à Goris regroupent 300 à 700 élèves
en 1, 2 ou 3 bâtiments (en forme de U) d'un ou deux étages.
L'élève fréquente généralement
le même bâtiment de 6 à 17 ans (fin des études),
et souvent dans la même classe avec les mêmes camarades
pendant 10 ans, de la classe de première à celle
de dixième (on compte à l'inverse de la France).
Les cours durent 50 minutes. Il y en a 6 par jour, du lundi
au samedi, de 9H à 14H. Le repas est prêt à
la maison.
L'après midi est utilisé pour les cours particuliers
et les activités extra scolaires. Un cours particulier
coûte de 10 000 à 20 000 drams par mois (20 à
40 dollars), 2 à 3 fois par semaine, 2 à 3 heures
à chaque fois. C'est un complément de revenu non
négligeable pour plusieurs professeurs. On verra une
autre fois comment un grand nombre d élèves arrivent
à se les financer. Il n'y a pas de travail, mais il y
a de l'argent, pourrait-on dire.
Au niveau de la discipline, une chose est à noter, un
professeur ou un membre du personnel de l'établissement
peut gifler un élève. C'est ainsi qu'un jour,
j'arrive à un cours, élèves de 13/14 ans.
L'un d'eux a embêté un plus jeune. Une responsable
vient lui demander des comptes. Il reçoit une première
gifle, une deuxième, une troisième, une quatrième,
finalement il arrête de répondre et se calme, l'adulte
s'en va. Les élèves de la classe se mettent alors
à plaisanter sur la manière dont les gifles ont
été envoyées et reçues!!! Cela permet
d'avoir des écoles où, généralement,
le professeur est respecté et les élèves
sages. Il n'y a que deux écoles qui font exception, dont
une où j'ai décidé de ne plus me rendre.
Non que les élèves fussent dangereux, il n'y a
aucun problème de sécurité, mais il y a
un manque flagrant de discipline qui fait que les cours tournent
à la plaisanterie générale.
En fait, je dirais
qu il n'y a pas beaucoup de différence par rapport à
la France. Par contre, certains élèves sont peut-être
peu disciplinés, mais en général ils connaissent
leurs classiques. C'est ainsi qu un élève moyen
peut vous réciter des textes d'auteurs arméniens.
Ils ne les étudient pas plus qu'en France je pense, mais
la culture est partie prenante de la vie en Arménie.
L'élève apprend ses classiques à l'école,
mais les utilise ensuite dans la vie de tous les jours. L'Arménien
fait naturellement souvent référence à
ses auteurs, voire à d'autres. Et c'est aussi une particularité.
Il y a un certain nombres d'élèves qui connaissent
mieux nos auteurs français que nous-mêmes. Pour
la bonne raison qu'en dehors de l'école, le Français
ne porte pas un grand intérêt à son patrimoine
littéraire. Il en découle une capacité
d'apprendre et de retenir des textes entiers par coeur tout
à fait impressionnantes. Certes cela manque de réflexion,
mais cela a des avantages non négligeables. Les cours
de français se déroulent quasi systématiquement
suivant le même enchaînement : les élèves
lisent et traduisent à tour de rôle le texte du
livre qu'ils avaient à préparer à la maison.
Ensuite ils sont interrogés sur le vocabulaire et la
conjugaison. Pour répondre, l'élève se
lève. Quand il est interrogé, il va au tableau.
Les conjugaisons
sont systématiquement écrites, à la forme
active, interrogative, négative, au futur, au passé.
On peut être surpris de leur maîtrise de la grammaire
et des verbes irréguliers, cela vient de cette capacité
d'apprendre qu'ils ont acquise dès leur plus jeune âge.
C'est ainsi que ce qui manque, ce n'est généralement
pas le vocabulaire, ni la conjugaison, ni la connaissance de
la grammaire, mais la pratique. Ils peuvent réciter très
bien, mais ils ont généralement d'énormes
difficultés à construire des phrases complètes
nouvelles. Leur spécialité à l'oral, c'est
de prendre des morceaux de textes qu'ils ont appris et à
les coller l'un derrière l'autre. Certes, il n'y a que
peu d'erreurs, mais cela manque d'originalité et de fraîcheur.
Non seulement à l'écrit, mais aussi à l'oral.
J'ai pu remarquer
aussi qu ils comprenaient bien quand je leur parlais en français
(ils sont tous bilingues arménien russe, cela aide).
C'est pour cela que quand un Arménien vient en France,
il apprend très vite, car la technique il l'apprend par
coeur, pour l'oral il a des dispositions, et ensuite, il faut
pratiquer.
Bon
travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
10.
Actualités d'Arménie : 15 avril 2004
Je vous avais
parlé des inondations et des tempêtes, et des fonds
débloques par le gouvernement. Les travaux ont commencé
une semaine après seulement. Ils doivent aussi améliorer
l'existant pour éviter de nouveaux dégâts
(plusieurs maisons ne seront reconstruites qu'en dehors des
zones inondées et des primes seront attribuées
pour que d'autres déménagent...)
Je vous avais parlé de l'eau à Armavir, puis a
été présenté le projet en cours
de
réfection des écoles d'Arménie. A Erevan,
mi mars, 38 écoles étaient totalement
rénovées, 16 étaient en cours et 14 le
seront cette année. Il y a un peu plus de 1400 écoles
en Arménie, le chantier est immense, c'est pourquoi la
fondation Lincy (qui a permis la reconstruction de la zone sinistrée
par le séisme ces derniers mois) va consacrer des budgets
importants pour ce projet.
Pour la région d'Ararat il est prévu la réfection
de toutes les écoles et maisons de la culture dans un
délai de 3 ans. La région a actuellement 27 projets
de ce type en cours.
A Erevan, la réfection des rues va s'intensifier cette
année (+ 60%) avec l'utilisation de machines modernes,
et en particulier pour leur entretien. Les japonais ont versé
des aides pour améliorer la qualité du goudron.
La ville a droit aussi à un toilettage complet, la plupart
des rues, statues et monuments ont été passés
au carsher, et les parcs nettoyés par plusieurs milliers
d'élèves. Ensuite il y a un grand programme de
plantation de 20 000 arbres et arbustes dans les rues parcs
et jardins de la capitale.
Dans un registre différent, l'Etat a annoncé plusieurs
hausses successives des salaires de professeurs aujourd'hui
de 25 000 drams (50 dollars environ). En juin, le salaire devrait
être porté à 40 000 drams, au premier janvier
prochain a 50 000, ceci pour qu il atteigne 70/75 000 drams
en 2006, pour que le professorat soit le métier le mieux
rémunéré en Arménie. Les retraites
devraient elles aussi connaître des hausses significatives,
mais je n'ai pu noter les chiffres.
Pour votre information, une famille a besoin de 200 dollars
par mois pour vivre.( Personnellement, juste pour l'alimentaire,
mon budget est de 30, on en reparlera).
Début avril, Armenews.com a rapporté que 15 personnes
avaient été expulsées de la région
de Krasnodar (sud de la Russie où vivent des centaines
de milliers d Arméniens). Le hasard m'a fait rencontrer
un des enfants d'une famille renvoyée à Goris.
Ils n'avaient ni papier, ni travail sur place. Quand on sait
que ces dernières semaines il y a eu plusieurs profanations
de tombes arméniennes dans la région, on comprend
que les autorités veuillent faire montre de fermeté
afin d'apaiser la situation.
Sinon, il y a toujours le collège Melkonian de Chypre,
dont la fermeture en juin 2005 fait toujours couler beaucoup
d'encre dans les journaux. Chaque déclaration est retransmise
à la télé...
En international, on notera que le gouvernement arménien
vient de signer l'une de ses plus belles réussites. Il
y a 10 ans, lorsque l'Arménie n'avait aucune énergie
(fermeture de la frontière avec la Turquie, guerre contre
l'Azerbaidjan, situation de guerre civile en Géorgie,
et fermeture de la centrale nucléaire qui aurait été
d'un grand secours). Le Fonds Arménien avait d'ailleurs
été créé pour participer à
sa construction... Et finalement, c'est officiel, avant la fin
2004 démarera la construction du gazoduc Iran Arménie,
ce qui dotera l'Arménie de 2 sources d'approvisionnement
en gaz, au nord par la Russie et au sud par l'Iran. Voilà
une victoire à mettre à l'actif sans aucun doute
de l'administration de Robert Kotcharian, le président,
même si le contexte international a beaucoup joué.
Sinon l'Arménie a commencé début avril
à retirer de la circulation tous les billets inférieurs
à 500 drams. Ils sont remplacés par des pièces,
d'excellente présentation. Ceci pour réaliser
des économies car les pièces s'usent moins vite
que les billets.
En information moins positive on notera le décrochage
d'une cabine du téléphérique d Erevan début
avril. Sur 7 personnes, 2 ont survécu à la chute
de 17 mètres.
La météo aussi a fait encore parler d'elle. Début
mars, on notait des records de chaleur. Début avril une
vague de froid a décimé une bonne part des vergers
d'Arménie. A Sissian, ville au nord de Goris, on parle
de 90% de perte dans certains vergers d'abricotiers.
Commémoration du Traité de Kars du 16 mars 1921
signé entre la Turquie et la Russie, qui a entraîné
le transfert des régions de Kars et Ardahan de l'Arménie
à la Turquie, l'Abkhazie à la Géorgie,
le Nakhitchevan à l'Azerbaidjan. On se rappellera des
bombardements de l'Arménie par l'Azerbaidjan depuis le
Nakhitchevan pendant la guerre du Karabakh, de la menace de
l' Arménie d'intervenir dans la région pour les
faire cesser, de l'intervention de la Turquie qui avait menacé
d'utiliser une clause de ce traité pour lui permettre
d'attaquer l'Arménie si elle intervenait au Nakhitchevan.
Ensuite la Russie avait dit que si la Turquie intervenait c'était
la troisième guerre mondiale qui commençait. Finalement
cela s'était apaisé et les bombardements avaient
cessé. Le débat d'aujourd hui porte sur le statut
de l' Abkhazie qui, semblerait il, aurait aussi des clauses
qui permettraient à la Turquie d'intervenir en cas d'opération
de la Géorgie aujourd'hui. La question est de savoir
si le traité de Kars perdra de son pouvoir si la Géorgie
intervient en Abkhazie et que la Turquie n'intervient pas. Au
final, ce qui est en jeu, c est en cas de reprise des hostilités
entre l'Arménie et l'Azerbaidjan, quelles seraient les
capacités d'intervention de l Arménie au Nakhitchevan
si le besoin s'en faisait sentir.
Ceci nous amène au dossier Karabakh. Vartan Oskanian,
ministre des affaires étrangères d'Arménie,
vient de reprendre les paroles de son homologue du Karabakh,
les négociations sont à un point où désormais
rien ne peut être écarté tant la politique
azérie sur le sujet est de moins en moins claire. Depuis
3 semaines on a déclarations sur déclarations
dont le sens est difficile à comprendre. L' Azerbaidjan
a finalement fait annuler la rencontre entre les ministres des
Affaires Etrangères d'Arménie et d'Azerbaidjan
prévue le 28 mars. On en annonce une nouvelle demain.
L'Arménie attend de l'Azerbaidjan qu'il explique clairement
sa position. Ce retournement s'explique par les élections
présidentielles qui ont entraîné un changement
de présidence en Azerbaidjan, plaçant le fils
Aliev, Ilham, à la suite de son père, Aydar. L'Arménie
a pour voisin une démocratie héréditaire!
C'est nouveau, c'est azeri.
En attendant, la première ligne, celle qui met en contact
les forces arméniennes et azéries connaît
depuis quelques semaines une recrudescence des échanges
de tirs. Pour le moment ce ne sont que des échanges,
sans aucune victime déclarée de part et d'autre,
mais la vigilance et les démonstrations de force et de
fermeté sont de mise. Visite de journalistes sur les
lignes et les fortifications, déploiement et exercices
militaires sont assez courants ces temps-ci. Est-ce tous les
ans, je ne sais pas. Et le ministre de la Défense du
Karabakh de déclarer, "nos soldats sont motivés,
bien entraînés, vous pouvez rester tranquilles
et vaquer à vos occupations, nos villes et nos routes
sont sous bonne garde.
Cette situation tendue dépend pour beaucoup de la position
de la communauté
internationale et de sa fermeté à vouloir imposer
à l'Azerbaidjan une résolution pacifique de la
question. L'Arménie n'espère qu'une chose: la
paix pour commercer et prospérer. Affaire à suivre.
Cette situation peut aussi évoluer en fonction de l'actualité
internationale, dans le sens où elle peut donner prétexte
et confiance à l'Azerbaidjan pour se croire tout permis.
C'est à ce titre que les actualités qui suivent
ont aussi leur importance.
La situation intérieure en Arménie : tendue.
Tout a commencé par le coup d'Etat "pacifique"
qui a porté Saakashvili à la présidence
de la Géorgie en novembre dernier. Depuis, un groupe
d'illuminés en Arménie espèrent pouvoir
adapter le même scénario en Arménie et pousser
à la démission Robert Kotcharian. Ils organisent
des manifestations au cours desquelles ils vocifèrent
contre l'administration Kotcharian. (Je ne les ai jamais entendus
parler normalement). Au début c'était une tempête
dans un verre d'eau, mais certains médias ont trouve
bon de rajouter de l'eau (agence de presse Noyan Tapan par exemple
qui utilise le site Armenews.com pour traiter de cette actualité).
Et à présent on voit un peuple se scinder en deux,
les pro et les contre. Le rôle d'une opposition c'est
de contrôler l'action de l' Etat, d'en montrer les faiblesses,
mais aussi de faire des propositions constructives. Armenews.com
rapporte que 39 % de la population souhaite un changement de
pouvoir. J'en déduis que 61% sont soit neutres soit contre
un tel changement. Mais je n'ai jamais entendu qu'une seule
proposition: " Kotcharian, Sarkissian (ministre de la Défense)
dehors ! " Est ce constructif ? Ce qui est reproché
à Kotcharian c'est d'être Karabakhtsi et de s'être
entouré de Karabakhtsi pour travailler. Jacques Chirac,
ne s'est il pas lui aussi entouré de Corréziens?
On s'encadre de gens qu'on connaît.
On parle d'arrestations arbitraires. Le principe est comme en
France d'une certaine manière quand on entend que la
police a arrêté 60/100 manifestants. En Arménie,
des manifestants un peu trop agités sont arrêtés,
gardés au frais le temps de la garde à vue, puis
relâchés à la fin de la période autorisée.
C'est ainsi que si 250 sont arrêtés un jour, ils
sont relâchés dès le lendemain. L'Etat ne
fait que protéger le pays face à ces dangereux
énergumènes.
Sinon, pour preuve de leur action insensée, l'Azerbaidjan
n'a de cesse de les féliciter. On dit même que
si, aujourd hui, il y avait des élections en Azerbaidjan,
et que l'opposition arménienne s'y présente, elle
aurait toutes les chances de les remporter!!!!! Quant à
la violence, je remarque que lors d'un meeting à Gumri
les responsables n'ont rien fait pour éviter le lynchage
d'un opposant (c'est-à-dire contre l'opposition).
Je ne vous ferai pas l'honneur de vous citer leurs noms, ils
ne le méritent pas.
Pour vous rassurer, leur action est vouée à l'échec,
la situation est sous contrôle des autorités, ainsi
que l'a rappelé Vartan Oskanian hier. Le problème
c'est la manière dont l'Azerbaidjan peut exploiter la
confusion créée en Arménie pour expliquer
à sa population que l'Arménie est faible et qu
ils peuvent l'attaquer et gagner. C'est là le vrai danger
de l'action de l'opposition.
Mais l'Arménie est forte, et se renforce de jour en jour.
Et le Karabakh se repeuple, on en est à 18 500 personnes
réinstallées à Latchine par les autorités
de 1994 à 2001, 120 écoles dans 160 nouveaux villages
construits. Source: journal Azg.
Au niveau international, il y a aussi l'Abkhazie. On a cru à
une accalmie, mais le ministre de l'Intérieur de la région
a expliqué que tout était prêt pour défendre
le territoire en cas d'invasion, par terre, par mer ou par air.
On ne peut pas dire que ce soit très positif. On attend.
On a aussi l'Irak où la situation semble se compliquer.
Si j'étais contre l'intervention dont on ne comprend
toujours pas l'objectif de départ (peut-être parce
que l'objectif était un des voisins de l'Irak et non
l'Irak), je ne peux que soutenir désormais une normalisation
pro-américaine de la situation. S'ils étaient
forcés de reculer, ce ne serait que renforcer la motivation
des plus extrémistes.
Sinon, en Arménie on suit aussi au jour le jour l'actualité
d'Israël, on a aussi vu la démission de Raffarin
(reconduit), la fermeture du métro de Paris en pleine
journée pour cause d'alerte d'attentat...
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
9. Façons de
vivre des Arméniens d'Arménie : 13 avril 2004
L' Arménien
appartient à une famille, le peuple arménien,
sa Patrie, mais aussi à sa cellule familiale, les parents,
frères et soeurs, oncles, cousins, belle famille. Et
la famille est une unité sacrée, de la plus haute
importance, le dernier carré quand il ne reste rien.
Cette cohésion familiale se traduit des manières
les plus diverses, et on peut dire que c'est elle qui permet
de compléter ce qui est devenu une phrase culte en Arménie
"il n y a pas de travail" par "mais il y a de
l'argent" (cf prochains sujets). Et de ce fait, chacune
des étapes de la vie sont l'occasion de fêtes ,
et en premier lieu le mariage qui plus que d'être une
étape, est perçu comme un objectif. A un célibataire,
la question qui vient naturellement, c'est "pourquoi",
et d'autant plus si la fille a plus de 25 ans, ou si le jeune
homme approche la trentaine. Cela vous étonnera, mais,
à l'Institut où je suis mes cours, dans une classe,
sur 20 filles (environ 20-22 ans), 9 sont mariées, une
a déjà 2 enfants, une autre est enceinte, et une
dernière vient de revenir en cours cette semaine après
avoir accouché d'une petite fille. Dans une autre classe,
une fille devrait accoucher dans très peu de temps aussi.
Pour votre information, l'Institut laisse une autorisation d'absence
de 40 jours, et les examens sont re-échelonnés.
C'est-à-dire que l'Administration a mis en place une
gestion de ces situations. Ce qui est significatif. Et puis
sur le sujet, on peut dire que les Arméniens sont fiers
de leur femme. Ils sont fiers de tout, et particulièrement
de leurs femmes qui ont pour elles 2 jours fériés,
le 8 mars (à l'occasion de la Journée internationale
de la Femme) et le 7 avril, journée fériée
encore, propre à l'Arménie, journée créée
il y a 2 ans par Robert Kotcharian, le président ; le
7 avril est la journée de la maternité.
Et l'Arménien
est festif, vraiment festif. Tout est bon pour aller boire un
verre entre amis, organiser un repas, danser, chanter et réciter
des textes ou des poèmes (ils sont spécialistes
des récitations) pour les plus cultivés.
Manger est sacré en Arménie, mais il faut dire
qu'on en a pour son appétit. Au repas, tout est mis sur
la table, des entrées aux desserts, et tout se prend
sans ordre particulier. C'est comme vous voulez. Quand les viandes
sont prêtes (cuites au barbecue et appelées Kholovadz),
elles se rajoutent aux autres plats. La table est de ce fait
très riche, et en général, plus que de
raison. Et quelque soit le niveau de vie de la famille, et d'autant
plus que l'invité est de l'extérieur.
En accompagnement, on trouve le Oughi, alcool national appelé
Teti oughi au Karabakh, c'est-à-dire, préparé
à partir de mûres. (N.B. Il ne s'agit pas de mûres
rouges ou noires, fruits de Morus nigra, mais de mûres
blanches, fruits de Morus alba, qu'on appelle en arménien
: touth ) Certains Arméniens le boivent comme du petit
lait, et ce en dépit du pourcentage d'alcool. Il est
bon de préciser que l'Arménien ne boit pas seul,
mais toujours avec des amis, et en portant des toasts ("Kenats"
à traduire "à la vie", équivalent
du "santé" du français), à l'invité,
à sa famille, aux parents.., aux femmes, aux personnes
âgées,
et bien sûr au pays, à l'avenir, à la réussite
d'une des personnes présentes.
Chaque verre se boit cul sec, on peut aussi n'en boire que la
moitié, ou sauter une ou deux fois sa tournée,
avant de renoncer à suivre les spécialistes. Autre
précision, les femmes ne boivent pas généralement,
exactement comme elles ne fument pas non plus (en général),
alors que 80% des hommes sont fumeurs, c'est une culture nationale,
mais l'Etat commence à mener des campagnes de prévention
et d'affichage.
On a parle d'invités, et il faut, car l'Arménien
est d'une hospitalité sans pareil. Vous êtes l'ami
d'un ami d'un ami, alors vous pourrez rester loger chez la personne
et être bien accueilli. En général, c'est
ainsi, sauf quelques exceptions (certains se reconnaîtront
;-)). Et puis, quelle que soit l'heure à laquelle vous
vous présentiez, la table sera toujours garnie de fromages,
de pains, de fruits, de charcuterie et toujours deux choses:
des bonbons pour accompagner le café, ou le thé
(surtout dans le sud et au Karabakh).
Ils sont très grands consommateurs de bonbons, et il
n'y a pas d'âge.
Et puis donc il y a le café. Pour vous dire l'importance
que sa préparation et sa consommation peut avoir, il
y avait eu polémique l'an dernier sur la manière
dont la femme de Robert Kotcharian avait un jour préparé
le café à la télé au cours d'une
interview! Et puis dans les villages, les femmes pourront vous
lire le marc. Attention certaines sont inspirées avec
justesse.
Pour le thé, je pense que l'habitude est venue des Anglais
qui sont restés quelques temps en Azerbaidjan vers les
années 1920 et surtout en Iran aussi, pays avec lequel
l'Arménie a d'excellentes relations.
L'Arménien
aime la musique et chanter. Tout est prétexte à
chanter quelques paroles d'une chanson, un toast à un
repas, une interview à la télévision, un
mot particulier, ou simplement le plaisir de chanter. On monte
la musique et on chante, ou on improvise un Dehol (un tambourin
arménien) et on chante à capela. Et la musique
est partout, sous toutes les formes. Dans la rue, en voiture,
à la maison, l'Arménie est musicale. Et le jazz
et le classique ont une place de choix. Par exemple il y a un
programme hebdomadaire sur la musique classique en Arménie.
Il y a beaucoup d'autres choses à dire, mais nous y reviendrons
au fur et à mesure. Comme la place centrale des enfants,
l'importance de l'armée (dans son sens positif), les
références excessivement nombreuses a l'héritage
culturel du peuple arménien, à l'importance du
français, de la France et de la culture française.
Nous reviendrons en détail sur ce dernier point la semaine
prochaine. Cela mérite le détour, et en particulier
à Goris, une ville francophile voire francophone de premier
plan.
En résumé, l'Arménien est un bon vivant,
travailleur, cultivé, attaché à sa terre,
serviable, hospitalier, reconnaissant envers ses pères.
Bon travail,
D'Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
7 et 8. J'attends
tous ceux qui m'ont déjà dit qu'ils allaient venir...
- 7 et 8 avril 2004
Aujourd'hui,
mercredi 7 avril, est jour férié en Arménie,
et seulement en Arménie. C'est une fête créée
il y a deux ans par Robert Kotcharian, le président.
C'est le jour de la Beauté et de la Maternité.
De fait, il est dédié à nos femmes. Le
7 avril, soit un mois après la journée internationale
de la femme, journée elle aussi fériée
en Arménie.
Jeudi
8 avril : correction :
Le 7 avril n'est pas jour férié, mais un jour
de fête. ce jour-là tout fonctionne au ralenti,
c'est ainsi que mon professeur est absent (d'où la possibilité
de vous écrire le matin) et la maison des professeurs
ne va fonctionner qu'une ou deux heures ce matin, les femmes
peuvent prendre congé. On leur offre des fleurs, on leur
fait des compliments... Hier, il a été organisé
une fête à Goris en leur honneur. Pourquoi les
hommes disent que les femmes sont belles plutôt qu'intelligentes?
Parce qu'ils réfléchissent moins qu ils ne regardent
! (c'était le genre de discours entre deux morceaux de
musique.)
Bonne fête donc en ce jour où vous êtes nos
reines.
Du
français à Goris :
Goris
vient de recevoir une délégation de la ville de
Vienne (dans le cadre du jumelage entre les deux villes).
Faisons
un point sur le français à Goris.
Le français est enseigné dans tous les établissements
de la ville de Goris. Et ce depuis des générations.
Tout le monde dans la ville connaît plus ou moins bien
le français pour l'avoir appris à l'école,
du chauffeur de taxi au professeur de mathématiques,
au maire… Et cela n'est pas la conséquence du jumelage,
récent (depuis 1999). Le français est un élément
de la ville de Goris (25 a 30 000 habitants).
Il y a 6 écoles à Goris (élèves
de 6 à 16 ans) et un institut technique (post-école).
Dans les écoles, le français est enseigné
par 12 professeurs à partir de la classe de 4eme (élèves
de 10 ans) à raison de 2 à 3 heures par semaine.
A l'Institut, les élèves n'étudient qu'une
heure par semaine, 2 ans seulement; le niveau est très
faible. En ce qui concerne les effectifs, plus de 1 000 élèves
apprennent le français dans les écoles..
A
noter que la forte concurrence de l'anglais tend à inverser
la tendance dans cette ville, il y a encore peu (deux ou trois
ans), 100% "francophone" ; une diffusion de l'anglais
principalement due à l'action locale du gouvernement
américain qui investit beaucoup depuis quelques années,
alors que la France semble totalement inactive. Le gouvernement
américain envoie depuis 2 ans 6 permanents américains
qui travaillent sur place avec des moyens très importants.
Un travail dans le secteur de la santé, un pour la protection
de l'environnement, un pour le développement de l'économie,
3 pour enseigner l'anglais, et un pour coordonner le travail
pédagogique en direction des professeurs. Par exemple,
pour l'économie, ils interviennent au business guentron
(centre d'affaires) et conseillent les gens pour développer
un commerce, pour leur donner la possibilité d'écrire
des lettres sur ordinateur, d'envoyer des fax, d'utiliser Internet.
Il y est mis aussi des livres à leur disposition, mais
en faible quantité. Par contre, il y a la maison des
professeurs, d'où j'écris. C'est une maison qui
a été entièrement rénovée
sur des fonds d'organisations étrangères et américaines.
C'est le résultat du travail de son directeur, Ardashes
Torosyan.
La
maison des professeurs est désormais largement assistée
par les fonds américains, puisque c'est un centre de
travail de l'équipe américaine ici présente.
La maison dispose de matériels modernes, elle donne des
cours d informatique aux professeurs, aux élèves,
participe au programme national de "l'Ecole démocratique"
(on verra si on pourra y revenir, c'est un programme très
intéressant qui semble réussir à impliquer
les élèves dans la vie de leurs écoles).
Elle met aussi à disposition la meilleure connexion Internet
de tout Goris… Elle a un site Internet: htpp://www.syunikedu.am
Il y a plus d'une dizaine de salariés. Il font un travail
qu'on peut qualifier de très important en portant assistance
aux professeurs de la région du Syunik.
A Goris, les élèves qui souhaitent poursuivre
l'apprentissage du français partent étudier à
l'Institut Prussov d'Erevan (Institut des langues étrangères
d'Arménie). Aujourd'hui, il n'y a aucune structure pour
assurer la continuité, voire même la simple présence
de la culture française à Goris. Il n'y a aucune
bibliothèque, aucune possibilité d'offrir autre
chose que de vieux manuels mal adaptés (qui font l'unanimité
parmi les professeurs pour leur manque d'intérêt
pédagogique; je confirme). Le niveau des professeurs
pâtit d'ailleurs de l'absence de lien avec la France,
voire seulement de francophones. Pour travailler, les professeurs
ne disposent que de leurs apports personnels (un manuel de Russie
ou une cassette vidéo de France achetés par le
professeur lui-même, un vieux manuel ressorti des placards...).
Les
manuels dont ils disposent ont été donnés
par deux femmes qui sont venues un jour à Goris. Personne
n'a pu m'expliquer qui elles étaient, ni d'où
elles venaient…
Ce qui me fait réagir, c'est de voir que c'est une ville
où la francophonie est naturelle, depuis des dizaines
d'années (tous les habitants ont suivi des cours de français),
mais que c'est une ville complètement oubliée
dans les projets que la France a en Arménie. Certes l'Université
française est un grand projet, mais on pourrait peut-être
aussi préserver ce qui existe déjà, et
à bien moindre frais en plus.
L'Université
française est une réalisation en cours de très
grande ampleur, à l'image de l'Université américaine
ouverte déjà depuis plusieurs années. L'enseignement
est en français, et prépare les étudiants
à l'économie, au droit, à l'interprétariat.
A
bientôt,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
6. De l’identité
arménienne - 29 mars 2004
Si les Arméniens
ont lutté contre la soviétisation, elle a néanmoins
sauvé l'Arménie, et les régions de Kars
et Ardahan (aujourd'hui en Turquie) l'auraient aussi été
si elle avait eu lieu quelques semaines plus tôt.
Tout
d’abord, il faut préciser qu’on ne devient pas arménien, on
l’est ou on ne l’est pas. L’ important est dans le sang. Avoir
un nom arménien c’est mieux, mais ce n’est pas l’essentiel.
Ce qui importe, c’est “a-t-on du sang arménien?” Ainsi, aux
yeux d’un Arménien, une personne ayant des origines arméniennes
sera toujours vue comme un Arménien, comme Agassi ou Prost qui
n’ont jamais affiché une quelconque sensibilité quant à leur
origine arménienne.
De la même manière, on est ou on n’est pas arménien d’Arménie,
cette fois par la terre. D’où la question qui m’a souvent été
posée: “tes parents sont-ils d’Arménie?” En répondant négativement,
de fait, je me fais étiqueter d’étranger et de “français” ;
nul besoin de s’en offusquer, c’est ainsi, et non le trait d’une
moins bonne considération, bien au contraire. Mais on reste
de fait étranger, c’est-à-dire n’appartenant pas à la terre.
Par contre, une personne dont l’un des parents serait d’Arménie
serait d’office Arménien d’Arménie, c’est-à-dire comme revenant
sur ses terres.
Après l’appartenance à un même groupe, à une même terre, on
en arrive à la langue. Qui parle arménien a de l’arménité en
lui. Un auteur arménien n’a-t-il pas écrit “aynchap lezu gites,
aynchap mard es” (autant de langues tu connais autant d’hommes
tu es). D’ailleurs, à bien y regarder, la langue est le seul
vrai lien entre les Arméniens du monde entier. Et si la langue
est orale, elle est aussi écrite, et ce par un alphabet qui
lui est propre, un alphabet créé pour l’arménien par Mesrop
Mashtots en 405, et seulement utilisé pour écrire une autre
langue. Et chose remarquable aussi est de constater que comparativement
à d’autres langues, il n’a subi que très peu d’évolution, seules
deux lettres ont été rajoutées (au XIIIème siècle sous l’influence
des Français (le f et le o)) présents en Cilicie, à l’époque
du royaume arménien de même nom et utilisant cette région comme
base arrière des Croisades.
A l’origine, le projet était de traduire la Bible dans un alphabet,
accessible au peuple, qui permette d’éviter son hellénisation
progressive, puisque les textes à l’époque étaient lus en grec.
Donc on le voit, ce qui a motivé cette grande oeuvre fut un
impératif d’identité. La langue est un facteur fort d’identité,
perdre son usage c’est aussi perdre une part de son identité.
La langue est un instrument de la préservation et du rayonnement
des peuples. On le voit aujourd’hui avec l’anglais qui est une
véritable arme au service du rayonnement des Etats-Unis ou du
russe dans les Républiques ex-soviétiques, qui est pour la Russie
un enjeu de première importance pour assurer son rayonnement.
L’alphabet créé par Mashtots est une oeuvre sacrée, ou considérée
comme telle, car il ouvrit à l’Arménie les portes de la connaissance.
En effet, le Vème siècle est aussi appelé Siècle d’Or de la
littérature arménienne car il fut riche en traductions d’ouvrages
du monde entier. Aujourd hui, les manuscrits ainsi copiés, et
recopiés, sont gardés au Maténadaran (Bibliothèque des manuscrits
à Erévan, la capitale de l’Arménie), et ces manuscrits font
la fierté de tout le peuple arménien à travers le monde. Ils
sont un trésor national. Ils sont la preuve écrite des époques
les plus prospères que connut le peuple arménien, car quand
le peuple arménien prospère, c’est dans la culture qu’il exprime
le mieux sa richesse.
Comme dit plus haut, l’Arménien est chrétien, et ce depuis 301,
grâce à un moine, Grégoire Loussavoritch qui parvint à faire
élever la religion chrétienne au rang de religion d’Etat en
Arménie. C’est-à-dire que l’Arménie est le premier Etat chrétien
au monde. La fosse où il fut enfermé pendant 14 ans se situe
dans le monastère de Khor Virap, face au mont Ararat, et est
toujours visitable. Désolé, mais je vous passe les détails de
la christianisation. Ainsi l’Eglise est-elle une institution
en Arménie ; en parallèle avec l’autorité civile, on trouve
l’Eglise, une Eglise autocéphale, c’est-à-dire non affiliée
à d’autres Eglises, même si elle peut en être plus ou moins
proche. Souvent, dans l’Histoire, le Catholicos, le chef de
l’Eglise arménienne, est devenu le représentant du peuple auprès
des autorités qui ont régné sur l’Arménie.
Au niveau monuments, l’église est le monument arménien par excellence,
une marque d’occupation du territoire. Là où l’Arménien s’installe,
il construit une église. S’il construit une église sur un territoire,
c’est que ce territoire est arménien, c’est-à-dire peuplé d’Arméniens.
il n’y a pas d’église sans communauté arménienne. Et inversement
partout où nous trouvons des églises arméniennes, alors il a
habité ou habite toujours des Arméniens. Et impossible de confondre
car l’architecture d’une église arménienne est tout à fait particulière.
Ensuite, l’Arménie a un monument qui lui est propre: le Khatchkar,
(Khatch=croix et kar=pierre; ainsi pourrez vous faire votre
traduction). L’Arménie est le pays des pierres (Karastan en
arménien), pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Et les
Khatchkars en sont la preuve. Plus ou moins riches, plus ou
moins ornés, plus ou moins grands, faits avec du tuf (pierre
volcanique, le Mont Ararat est un volcan éteint, d’où sa forme).
Au Nakhitchevan, près de la ville de Djoulfa , en Azerbaidjan
aujourd’hui), il y avait encore 10 à 12 000 de ces Khatchkars
(le plus grand cimetière arménien) dont la plupart plusieurs
fois centenaires, un vrai patrimoine ! Depuis 1990, les autorités
locales azéries le détruisent au bulldozer, au vu et au sus
de tout le monde, les bulldozers ont été filmés en action par
les garde-frontière iraniens. Aujourd’hui, il n’en reste que
quelques centaines, peut-être 500. Aucune organisation internationale
n’a jamais réagi. et le massacre continue, car plus que des
pierres, c’est un peuple qu’on assassine à la racine, après
l’avoir forcé au départ. Le Nakhitchevan ne compte plus aucun
Arménien résident, il y en avait encore 50% de la population
en 1920. Le Karabakh allait subir le même sort, mais le Nakhitchevan
est une plaine difficile à défendre.
Comme dit au début, la terre a une importance énorme. Quand
l’Arménien la quitte, il ne déménage pas, il se déracine. L’Arménien,
comme tout peuple en fait, appartient à une terre, de l’Arménie
orientale ou occidentale (celle vidée par le Génocide de 1915).
Qui dit appartenance dit défense de la terre. Et la cavalerie
arménienne a toujours eu ses lettres de noblesse.
En 50 av JC, Tigran le Grand (souverain d’un royaume qui allait
de la Caspienne à la Palestine) ne fut vaincu par Rome qu’après
avoir mis en déroute une première armée, celle de Lucullus.
En 1045, le royaume d’Arménie tombe, suite aux attaques répétées
des Byzantins et des Turcs. Ani, la capitale ne sera prise qu’après
trahison. Ensuite, la République de 1918-1920 ne tomba que sous
le poids de l’armée soviétique alors qu’elle luttait déjà contre
les Turcs à l’ouest, et à l’est les futurs Azéris. Mais cela
ne suffit pas, et en février 1921, le Syunik (la région de Goris)
s’érige en République autonome de la Montagne. Elle tiendra
jusqu’à fin avril, le temps pour Moscou d’en finir avec les
Géorgiens. Ainsi comprendrez-vous mieux que dans chaque école
nous trouvions les portraits des fedayins (combattants de la
Liberté) qui ont participé à ces hauts faits.
Ensuite on a eu la deuxième guerre mondiale. Et l’une des marques
les plus fortes de la participation arménienne est que le Karabakh,
à lui seul a donné 20000 morts (soldats tombés sur les différents
fronts). et cela s’est confirmé contre l’Azerbaidjan (7 000
000 d’habitants) que le Karabakh avec 150 000 conscrits Arméniens
(y compris ceux de l’Arménie et de la Diaspora) a mis en déroute
envers et contre toute logique en 1994. L’Arménie était dans
la pire des situations (sans essence, sans électricité, avec
des centaines de milliers de réfugiés du séisme de 1988, et
les réfugiés d’Azerbaidjan). Ce fut un accès à l’indépendance
dans la douleur mais victorieux.
La suite au prochain épisode.
En attendant, sachez que le printemps a sorti le bout de son
nez, que les arbres fleurissent, que les champs sont remis en
culture. Que la vie reprend.
A bientôt,
Bon travail a tous,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
5. Actualités
du 20 mars 2004 en Arménie
Non l’Arménie n’est pas une aventure, non il ne faut pas de
courage pour y rester dans les conditions où j’y reste (c’est-à-dire
avec un peu plus souvent de neige et de brouillard que ce que
l’on peut avoir en France). Non ce n’est pas difficile, c’est
au contraire très agréable, j’y prends du plaisir tous les jours,
je m’y sens très bien depuis bientôt un mois et demi. C’est
juste différent, la vie se déroule juste à un autre rythme que
celui de France. Mais il semblerait que cela ne paraisse pas
dans mes écrits. je ne m’attendais pas à autre chose, peut-
être même que mon imaginaire me faisais attendre plus de surprise.
En Arménie, rien ne se passe comme en France, mais ce n’est
pas moins bien. Et même, sur bien des points, ce n’est pas plus
mal. En France, on a peut-être perdu le vrai sens des choses.
Pour moi, le fait d’avoir ou non de l’eau tout le temps, n’est
pas le plus important, c’est anecdotique. Il y a une chaleur
humaine incomparable. C est aussi cela l’Arménie. Mais comment
écrire la chaleur humaine? Pour vivre l’Arménie, rien ne vaut
de la visiter. Et déjà j’en attends quelques-uns qui m’ont dit
qu’ils viendraient…
Voici en résumé les sujets importants qui ont émaillé la vie
de l’Arménie ce dernier mois.
Chose étonnante peut-être, mais il est paru dans la presse plusieurs
articles sur la fermeture possible du collège arménien Melkonian
de Chypre, géré par l’UGAB. Finalement il a été décidé de le
vendre, cela a pris une page entière de journal, puis le jour
suivant, cela a fait la une du journal Azg. Hier, le même journal
consacrait plus de 2 pages pleines sur le sujet.
Les tempêtes:
Il y a eu une tempête et des inondations la semaine dernière
dans toute l’Arménie (y compris le Karabakh). A Goris aussi
il y a eu beaucoup de vent, 2 jours durant. Tout le pays a été
touché, des toits ont été arrachés, des dizaines d’habitations
et d’immeubles ont été dégradés. Le gouvernement a débloqué
plusieurs centaines de milliers d’euros pour permettre de réparer
les bâtiments publics et aux habitants de réaliser les premiers
travaux et d’être indemnisés.
Hausses:
Sinon, les Arméniens ont eu droit à diverses hausses, dont celle
assez spectaculaire de l’eau qui est passée d’environ 50 drams
(environ 10 centimes d’euros) le mètre cube à 90/100 drams environ
(en fonction des villes). Ceci afin de permettre aux sociétés
gestionnaires de rénover les installations. Certaines d’entre
elles demandaient des hausses jusqu’à 120 drams.
Statistiques :
Il y a eu aussi la publication des statistiques de l’année 2003.
On y apprend que par rapport à 2002, le nombre de mariages est
en hausse de 10%, que les naissances sont passées d’environ
31 000 en 2002 à 35 000 en 2003. Ce qui fait de l’année 2003,
la première année où le taux de natalité a augmenté. C’est une
bonne nouvelle pour l’avenir du pays, mais qui traduit aussi,
d’une certaine manière, une certaine confiance en l’avenir.
Dans ce contexte, le taux de migration est lui aussi légèrement
positif semble-t-il, ce serait ainsi la première
année depuis l’Indépendance. Le journal d’opposition Iravounk
(droit), lui,
met en avant le fait que 0.6% de la population n’a pas reçu
le strict minimum de l’éducation à l’école.
Karabakh:
Ces dernières semaines l’actualité sur le sujet est riche et
en particulier sur le plan des négociations de paix. Il est
impossible ici de faire le détail de toutes les rencontres qui
ont lieu. Mais citons par exemple, la venue fin février au Karabakh
du rapporteur pour l’Union Européenne Terry Davis, les rencontres
du ministre des Affaires étrangères Ashot Ghulian avec la presse
et des représentants du groupe de Minsk (le groupe chargé d’encadrer
les négociations entre l’ Arménie et l’Azerbaidjan), idem pour
le président du Karabakh Arkady Ghukassian et le ministre des
Affaires étrangères d’Arménie... Serait-ce une nouvelle relance
du processus de paix? Une rencontre Kotcharian (président d’Arménie)
Aliev fils (président d’Azerbaidjan) est prévue à Prague prochainement.
Mais comme le rappelle Arkady Ghukassian, les négociations ne
pourront aboutir qu’avec la participation du Karabakh. Et à
ce jour, l’Azerbaidjan reste fermé à tout changement de format.
En fait, il semble même faire marche arrière. Le journal Azg
a détaillé un peu plus les accords de Paris signés en 2001.
Le deuxième article stipule que le Karabakh devient territoire
d’Arménie et qu’il est relié par le détroit de Latchine. En
contre-partie, le Nakhitchevan (une région autonome d Azerbaidjan)
devait obtenir la gestion d’une bande est-ouest de 9 mètres
de large (la route) pour lui permettre d’être relié à l’Azerbaidjan.
Aliev s’apprêterait à refuser cet accord obtenu entre son père
(Aydar Aliev ex -president d’Azerbaidjan) et le président arménien.
Ensuite, en insolite, on peut citer le tournoi d’échecs qui
vient de se dérouler à Stepanakert. C’était le premier du genre
à Stepanakert puisque s’y sont retrouvés plusieurs Grand-Maîtres
internationaux dont un de Suisse et plusieurs de Russie, ce
qui en a fait un tournoi international (pas mal pour un pays
non reconnu). Comme tout le monde s’y attendait, l’Azerbaidjan
a protesté, mais cela n’a pas empêché les joueurs de poursuivre
le tournoi. D’ailleurs, au lendemain des protestations de l’Azerbaidjan,
le journal Azg titrait “un Tournoi dispute”.
Politique intérieure:
L Arménie vit au rythme des visites des hommes politiques de
tous bords dans les villes et villages du pays. Inspirée par
ce qui s’est passé en Géorgie, l’opposition veut renverser le
pouvoir en expliquant que le gouvernement n’est pas bon, mettant
en avant les conditions de vie difficiles. Les ministres en
tournée font les détails des subventions et aides accordées
et des améliorations en cours (comme l’eau courante 24H/24 dans
toute la capitale qui est en train de devenir réalité). La visite
de la région Ararat a été l’occasion d’expliquer (travaux sur
le terrain à l’appui) que le gouvernement finançait 27 projets
dans la région (à Erevan, la réfection des écoles se fait à
un rythme soutenu du sol au plafond) et que la ville d’Armavir
et 10 villes alentours allaient avoir l’eau potable tous les
jours dès le 15 mai prochain, 24H/24 pour les 27 000 habitants
de la ville d’Armavir dès septembre prochain et les villages
alentour dès le
début de l’année prochaine.
On se croirait en campagne. Lors du détail du travail de la
semaine du Parlement (à la télé), nous avons eu droit à la revue
de détail de chaque représentant des groupes parlementaires.
Pour vous donner un aperçu, Artashes Gueramian (de l’opposition)
demandait à Robert Kotcharian (le président de la République)
et Alexandre Haroutiunian (président de l’audiovisuel) de démissionner.
;-)
Politique extérieure:
Mikhael Sahakashvili, nouveau président de Géorgie, a visité
l’Azerbaidjan puis l’Arménie la semaine dernière. Avec l’Azerbaidjan,
il est certain de pouvoir “réaliser des miracles dans la coopération”
(discours en Azerbaidjan). Se recueillant sur la tombe du président
défunt Aydar Aliev (père de l’actuel, c’est-à-dire qu’on a en
Azerbaidjan une démocratie héréditaire), il a loué le travail
de coopération qu il avait réalisé, précisant que l’Azerbaidjan
ne s’était jamais aussi bien entendu avec ses voisins que sous
ses mandats!!! (on ne citera pas la guerre avec l’Arménie).
Il travaille énormément pour relever le Djavakh (région peuplée
d’Arméniens en Géorgie) et pour rouvrir la voie ferrée entre
l’Abkhazie et la Géorgie (il fait un “travail surhumain” y mettant
toute son énergie) (pour l’ Arménie, la fermeture de cette voie
ferrée gêne considérablement le commerce avec la Russie avec
qui elle n’a donc pas de liaisons terrestres directes (comment
voulez vous vendre des tomates en les livrant par avion? ou
faire parvenir des métaux lourds pour développer l’industrie).
Et enfin, Saakashvili veut favoriser l’intégration des pays
du Caucase. On peut dire que c’est son grand programme, promouvoir
les échanges entre chacun des pays tant économiquement qu’au
niveau des échanges diplomatiques. C’est ainsi qu’ il explique
qu’il attend de l’Arménie qu’ elle l’aide à établir de bonnes
relations avec la Russie, et qu’il présente la Géorgie comme
un intermédiaire privilégié pour réchauffer les relations arméno-turques...
Il compte aussi s’inspirer de l’Arménie pour mettre à niveau
son armée. Mais déjà, il a décidé de renforcer l’autorité de
l’Etat géorgien en mettant un terme à l’autonomie de certaines
régions. On a parlé un temps qu’il se lance à l’assaut de l’Adjarie.
La Russie avait officiellement fait savoir à la Géorgie qu’elle
ne devait pas intervenir en Adjarie. L’Arménie a de bonnes relations
avec l’Adjarie d’Aslan Abashidze (président de cette région
devenue autonome de la Georgie) et avait fait savoir à la Géorgie
que le blocus de l’Adjarie qu elle venait de mettre en place
pouvait nuire fortement à l’économie arménienne, puisque le
port de Batoum (principale ville d Adjarie) est le port du Caucase.
Finalement, on a eu droit à un feu de paille. Les choses sont
en train de revenir dans l’ordre.
Enfin, il est une actualité qui ne concerne pas l’Arménie, mais
qui tient une place importante dans les journaux télévisés:
les derniers événements en Europe, du métro de Paris dont tout
le monde m’a parlé à Goris, à l’attentat à Madrid. Début/mi-février,
les questions portaient sur le foulard. D’une manière générale
les Arméniens ne comprennent pas comment le problème peut se
poser vu que la France est un pays chrétien. Un peu comme l’Arménie,
qui est certes laïque dans les textes, mais profondément chrétienne,
où par exemple la
laïcité arménienne permet l’affichage (obligatoire) dans toutes
les écoles de
la photo du Catholicos des Arméniens, Karekine II. Aussi, une
France laïque oui, mais chrétienne. Et ils ont bien du mal à
concevoir la stricte neutralité de l’espace public et donc la
tolérance possible du foulard.
En tous les cas, ils restent profondément intéressés par l’actualité
internationale, et le sport, avec Zidane, Ronaldo, Bekam...
dont ils suivent les exploits. D’ailleurs les matchs de Zidane
sont retransmis en intégralité à la télévision.
Je terminerai par une pensée très forte pour le peuple serbe
que la communauté internationale s’est efforcée d’écraser durant
les 15 dernières années envers et contre leurs droits. Ce qui
se passe aujourd’hui n’est que le résultat d’une mauvaise gestion
au jour le jour, et non sur la durée, une gestion qui aurait
dû prendre en compte les évolutions dans le temps et non les
poussées temporaires. Un territoire serbe est en train de disparaître
de la carte. Le problème c’est qu’aucun de nos pays occidentaux
ne se sentira jamais responsable.
Cela va en étonner certains, mais je ne peux m’empêcher de faire
le parallèle entre les Arméniens qui ont pu préserver le Karabakh
en 1994, et les Serbes qui sont en train de connaître un nouveau
Nakhitchevan, après ceux des années 1990 (relisez bien les journaux
d’époque, on leur a refusé ce que l’on a accepté aux autres,
c’est cela l’origine des problèmes actuels). De part et d’autre
ce ne sont que les héritages d’une mauvaise gestion d’un Empire
Ottoman qui n’a jamais disparu totalement. au moins dans l’
idée.
Bon travail,
D’Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
4.
Goris et la communication - le 16 mars 2004
Désolé, il n’y a pas eu d’envois depuis quelques jours, mais
l’Internet est à l’image de la ville de Goris.
Le premier jour, j’avais mis plusieurs heures avant de trouver
ce qu’on appellera un cyber-café, c’est-à-dire ce qu ils appellent
le Business Center.
Il a un tel nom car c’est un des seuls endroits de Goris où
l’on trouve réuni en un même lieu, un téléphone (seulement pour
appeler Goris), un fax, une photocopieuse et 3 ordinateurs dont
un seul est connecté à Internet. Leur travail est d’offrir à
la population un ensemble de services pour les aider à créer
leur entreprise. On y trouve donc quelques livres sur le marketing,
environ une quarantaine, et des personnes libres (3 jeunes de
20 à 28 ans) pour les aider à rédiger des lettres et réaliser
toutes sortes d’opérations. Donc ceci fut mon premier cyber-café.
C’était le temps où vous receviez des mails d’Arménie (de ma
part). Ensuite leur connexion n’a plus fonctionné. Donc je me
suis mis en quête d’un deuxième endroit.
Et j’appris qu’il existait un cyber-café, en bonne et due forme,
mais que je n’avais jamais vu alors même qu’on me le situait
en face du marché (il n y en a qu’un à Goris, il ne compte que
quelques étalages, pour ceux qui connaissent, c’est tout l’inverse
de celui de Stépanakert au Karabakh).
Finalement, à l’étage d’un bâtiment, derrière une porte, que
trouve-t-on?
Un cyber-café pensez vous, oui, à la Gorissoise! C’est-à-dire
que vous avez une pièce avec des chaises où plusieurs personnes
attendent que le seul ordinateur se libère. En fait, le problème,
c’est que le lien est excessivement lent. Par exemple pour seulement
ouvrir la première page et voir si l’on a reçu ou pas des mails
il faut attendre plusieurs minutes. En gros, on se retrouve
à l’âge de pierre de l’Internet. En fait, cette lenteur est
due aux ordinateurs utilisés qui sont des premières générations.
Souvent ils n’ont même pas de lecteur CD. Finalement on arrive
à envoyer des mails après de longues et dures batailles. Le
problème c’est qu ils arrivent vides. Donc ils sont à renvoyer.
De telles difficultés amènent à chercher de nouveaux endroits.
On parle beaucoup de l’Internet de l’ Institut technique. Le
problème c’est qu’il est à l’autre bout de la ville, mais
bon, pourquoi pas?
En fait Goris c’est une ville très grande ( on en reparlera),
avec de très grandes et larges rues, et que des maisons avec
jardins. Pour vous résumer, Goris (toun=maison et bostan=jardin
en russe pour utiliser les termes locaux) c’est Toun Bostan
toun bostan toun bostan toun bostan bostan toun bostan toun
bostan toun toun bostan toun bostan, et très peu de bâtiments.
En gros, c’est un gros village où chaque maison a son propre
potager, ses propres poules lapins et autres animaux d’élevages
plus ou moins gros. Et bien sûr, dans ces conditions tout se
retrouve éloigné. Le marché est à un endroit, l’Institut à un
autre, l’Internet à l’autre bout, l’hôpital tout en haut, l’église
tout en bas !
Donc direction l’Institut, rencontre avec le responsable Internet
(en Arménie, il faut toujours rencontrer le responsable), et
chose fantastique l’ Internet fonctionne quasiment en
vitesse normale (pour nous) à son bureau. Car dans la
salle où ils sont en réseau c’est bien le contraire et
45 minutes seront nécessaires pour envoyer un mail très court
(qui arrivera).
Donc on abandonne toute idée d’utiliser l’Institut, surtout
que l’accès est limité à une fois par semaine, une heure. C’est-à-dire
à 1 mail 1 tiers.
Comment on fait pour le tiers?
Le mercredi, j’ai essayé de mettre en place des cours de français
pour les professeurs de français de Goris. Finalement on n’est
pas arrivé à tous se réunir ensemble, mais ce n’est pas
cela l’important pour notre récit. On a essayé de se réunir
dans ce qu’on appelle l’oussitsitchi doun (la maison des professeurs).
C’est une maison de deux étages qui sert de centre de formation
pour les professeurs de Goris et du Syunik en général. Elle
a été créée par son directeur actuel Artashes Torozyan. Il
s’y trouve une salle Internet. et c’est de là désormais que
je vous écris. C’est un petit paradis à Goris. Pour vous dire,
il y a des toilettes normales (c’est-à-dire comme vous avez
chez vous et pas à la turque) avec une chasse d’eau qui fonctionne.
Cela peut vous étonner, mais même l’hôtel où sont accueillis
les étrangers n’a pas tout ce confort. Il n’a pas d’eau chaude,
le chauffage, quand il y en a, est vraiment très faible !
Donc ce petit paradis a tout, et des ordinateurs neufs, des
salles de cours très bien chauffées. Mais tout ceci a ses raisons,
on en parle la prochaine fois. Il se trouve que le Américains
sont excessivement actifs à Goris et terriblement efficaces.
Tout ceci est offert et mis a disposition gratuitement tout
comme d’autres choses. On en reparlera.
Depuis lundi dernier, il neige chaque jour plusieurs heures.
Vendredi, il a neigé à gros flocons toute la journée. Mais pas
un seul millimètre de neige n’a tenu, pas même sur les arbres.
Le sol est chaud. Et puis dans la nuit, la neige a tenu. Goris
s’est réveillée samedi matin avec plus de 20 cm de neige. La
ville était magnifique. Très vite, cela a commencé à fondre,
mais aujourd’hui, il s’est remis à neiger. C’est formidable
de voir à chaque récréation dans les écoles d’immenses batailles
de boules de neige, avec de la neige à ne plus savoir où en
prendre.
A bientôt,
D’Arménie
Armen
Huys Havatk yev Ser
r.armen@laposte.net
3 -
Visite de Tatev
Dans tout Goris, il n’y a qu’un seul ordinateur
accessible connecté à Internet. Et il n’a pas de lecteur de
CD rom, donc désolé, mais il faudra vous passer des photos qu’il
est impossible de télécharger.
Après Zvartnots et Goris, nous voici à Tatev.
Pour ceux qui ne connaissent pas, c est un
village connu pour le monastère de même nom qui a notamment
abrité la famille Orbélian qui a régné sur la région du Syunik.
Ce monastère est une sorte de nid d’aigle à 25 km de Goris perché
au-dessus des gorges du Vorotan.
Ceux qui ont eu l’occasion de s’y rendre ne
regrettent pas le déplacement. C’est vraiment une réalisation
architecturale avec une importance historique de premier plan,
mais aussi il s’intègre dans un paysage des plus grandioses.
A voir.
Donc revenons à nos histoires. Après la chute
de neige dont il a été question la dernière fois, la neige a
très vite fondu, mais c’était pour installer un froid encore
plus vif. La température est descendue au delà de –5 degrés
et en journée le thermomètre n’a dépassé que difficilement les
zéros. Tant et si bien que deux jours après il n’a neigé qu’un
seul centimètre mais qu’il est resté en place plus de 2 jours.
Depuis hier cela s’est bien réchauffé. Mais
si la neige tient et que les routes et les rues deviennent de
véritables patinoires, c’est en raison de l’absence totale d’entretien
des routes.
En France le problème ne se pose pas car les
services de voirie sont efficaces. En Arménie, ce n’est pas
la neige qui pose problème c’est l’intérêt que l’on ne porte
pas (que l Etat ne peut pas porter) à nettoyer les routes. Le
principe est de n’intervenir que lorsque cela ne passe plus.
C’est-à-dire qu’en cas de force majeure.
Budgets obligent.
Ceci permet d’aborder les questions de chauffage
et les différentes situations observées jusqu’à présent. Je
tiens à préciser que la situation décrite ci-dessous ne correspond
pas à celle de l’Arménie ou d’Artsakh. Cela est valable pour
le Syunik, les autres villes étant généralement mieux loties.
Actuellement à l’hôtel, il est possible de
dire qu’il n’y a rien de prévu pour accueillir un quelconque
étranger. L’hôtel n’est pas chauffé, et les petits chauffages
(les plaques de cuisson qu’ils utilisent pour préparer le thé
et le café) qu ils appellent Brint sont largement insuffisants.
Ainsi à l’hôtel, la température ne dépasse que difficilement
les 10 degrés . Seules les chambres du personnel sont très bien
chauffées, mais avec des poêles à bois. Il paraît que la
ville de Vienne avec laquelle est jumelée Goris
va financer la
réhabilitation de quelques chambres.
A l’université de Goris, il y a du chauffage,
mais vraiment de manière insuffisante. Tant et si bien qu’un
matin où il a fait particulièrement froid, les cours ont été
réduits à une heure au lieu d’une heure et demi. Personne ne
quitte son manteau, et les explications des professeurs sont
l’occasion de réchauffer les mains. Il y a certes des poêles
à bois dans chaque salle de cours, mais ils ne sont pas suffisamment
approvisionnés pour permettre de chauffer de si grands volumes.
Seul le bureau du directeur et la salle des professeurs sont
correctement chauffés.
Dans les écoles, la situation est tout autre.
Les classes sont souvent assez bien chauffées, sauf quelques-unes
qui le sont moins bien. Souvent les enfants quittent leur manteau
pendant les cours, ceux ci se trouvant suspendus sur un mur
de la classe.
Les appartements de Goris sont assez bien chauffés
dans l’ensemble ou au moins pour les pièces principales. En
effet, le Zanguezour est une région très boisée et peu peuplée
ce qui permet aux habitants d’aller couper dans les forêts alentours
le bois dont ils ont besoin pour leur poêle.
En tous les cas, dehors, les Djetgagochig
sont de rigueur; ce sont des chaussures normales, c’est-à-dire
en cuir noir, de formes plus ou moins pointues, au détail près
que leur intérieur est une fourrure plus ou moins épaisse.
Bon
travail a tous,
D’Arménie,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
2. Arrivée à Goris samedi -
14 février 2004
Mardi à Erevan, le
temps était nuageux mais sans pluie. Il faisait assez chaud,
environ 2 degrés le matin et plus de 10° l’après midi.
Mercredi, même temps
jusqu’ à trois heures. Il commença alors à pleuvoir, et en l’espace
de quelques minutes le temps s’est rafraîchi, et il s’est mis
à neiger. 10 centimètres de neige sont ainsi tombés en 3 heures
de temps. Les routes sont devenues très difficilement praticables,
et d’autant que ce n ‘est qu’à 19H que le premier chasse-neige
est entré en action.
Dès le lendemain,
la neige a commencé à fondre très rapidement. Le soir il ne
restait plus rien sur les routes et dans les rues d’ Erevan,
seuls les jardins et quelques trottoirs peu fréquentés restaient
enneigés, chacun s’activant dès le soir même de la chute de
neige à déneiger sa partie en poussant la neige sur la chaussée,
neige que les allées et venues des voitures ont vite fait de
faire fondre.
Vendredi les cols
étaient réouverts, et en particulier celui du Vorotan qui permet
d’accéder au Syunik, région qui même l’été peut être très difficilement
praticable en raison d’épais brouillards. Jusqu’à Vaik, la route
fut excellente, et d’autant plus que les déviations en cours
de construction l’an dernier étaient mises en circulation.
Ensuite, il y a la
montée du col et seuls les 2-3 derniers kilomètres avaient encore
la trace de la dernière chute de neige, mais cela a passé sans
trop de difficulté, et seuls les derniers 100 mètres étaient
totalement recouverts de neige. Sur le plateau descendant, de
l’autre côté du col, la situation était tout autre. Le temps
était couvert et le vent soufflait fort. La moitié droite de
la route était difficilement praticable, encombrée de congères
alors que le côté gauche était juste enneigé. Bizarrement, plus
le mashotni (mini bus) descendait la pente, plus la route
était mauvaise. Au passage on voit une voiture dans le bas-côté.
Et puis à un endroit un camion iranien qui montait s’est mis
en travers, fermant le seul côté facilement praticable de la
route. Le vent soufflait fort mettant plus de neige encore sur
une route coupée et que le passage des voitures ne servait plus
à déneiger, la température était largement négative, et la queue
des automobiles bloquées s’allongeait. Seuls les 4X4 passaient
en force dans de la poudreuse qui arrivait jusqu’à hauteur de
leur pare-choc.
Le chauffeur du Mashotni
part reconnaître les lieux, il revient et décide à son tour
de passer en force. Ce qu’il réussit de justesse. Et la route
continua, la chaussée évoluant entre totalement sèche, inondée
de neige mouillée en train de fondre à vue d’oeil, avec des
sections au contraire totalement recouvertes de neige. Ce fut
ainsi jusqu’au début de la descente de Goris, une ville située
en fonds de vallée. Un vrai trou.
On
en reparlera.
A bientôt,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net
1. Voici un petit
récit de mon arrivée en Arménie - 11 février 2004
L’ avion était rempli au tiers environ (un
peu moins). Nous avons été débarqués sur le tarmak et avons
marché jusqu’à l’entrée (100m environ).
Jusqu au hall d ‘accueil, je n’ ai vu aucun
changement.
Le hall était beaucoup plus animé que d’ordinaire.
Ils ont mis des jeunes avec des vestes fluo pour informer. Il
y avait beaucoup plus de personnel de service que d‘habitude.
Pour le visa (comparé à l’an dernier), les prix sont affichés
clairement 30 dollars pour le touriste, et 20 pour le transit.
L’an dernier, il n’ y avait qu’ un homme pour les faire, cette
année ils étaient deux. A noter deux choses aussi: les formulaires
à remplir étaient accessibles dans l’ avion, ce qui permet de
le remplir en avance, et les feuilles étaient de belles photocopies
et non des photocopies de photocopies quasi illisibles comme
l’ an dernier.
Dans le hall, il y avait un Duty free
(mais toujours pas de distributeur automatique de billets, il
y a un point de change) et ils ont installé un écran (télévision)
pour afficher les avions qui arrivent. Pour les visas, l ‘opération
est informatisée, et les visas sont désormais imprimés, ils
ne sont plus écrits à la main. Ensuite, la douane était en deux
postes avec deux files de traitements à chacun. Le contrôle
(avec des Russes) prend du temps, ils ont l’ air de bien vérifier
l’ authenticité des passeports avec des lampes et ils flashent
les passeports, peut-être pour les photographier (?). Le contrôle
en France passe pour une formalité dans ces conditions.
Une fois passée la douane (le visa et la douane
m ‘ont pris 15 minutes environ), il y avait des chariots en
surnombre par rapport à la demande (même si l ‘avion était peu
rempli, l’ an dernier, c ‘était la lutte pour obtenir un chariot
de libre) et il y avait beaucoup de personnel pour aider. Mais
ce qu ‘on peut dire, c ‘est qu ils ont commencé à décharger
très rapidement les bagages, les passagers n‘ont pas eu le temps
d ‘attendre.
Ensuite pour sortir, ce ne fut pas la cohue
habituelle, la voie était laissée libre jusque dehors. Et il
y avait le contrôle habituel des bagages pour veiller à ce que
chacun reparte avec son bagage ( par rapport au numéro sur le
billet).
Voilà,
A bientôt,
Armen
Huys Havatk yév Sér
r.armen@laposte.net