L’école Saint-Mesrop
d'Alfortville
Achkhar
poursuit son enquète sur les écoles arméniennes de France.
Aujourd’hui, entretien avec Simon Alici, président du Conseil
d’administration de l’école bilingue Saint -Mesrop d’Alfortville.

« Je
formule le vœu que l’exemple de ce centre culturel se diffuse
dans toute la France et que de tous cotés s’ouvrent et
s’épanouissent des écoles arméniennes. J’adresse ces mots à
toute la communauté arménienne de France pour qu’elle se
rassemble et s’investisse dans la construction d’écoles en
laissant de coté toutes les autres activités secondaires,
convaincu que la sauvegarde d’un peuple se trouve dans sa foi
et dans sa langue ».
C’est par ces mots de Sa Sainteté Vasken 1er
qu’eut lieu, le 2 juin 1979, l’inauguration de l’école
Saint-Mesrop qui accueillait, à cette occasion, ses premiers
élèves au nombre de 14.
Achkhar : Quatorze enfants en 1979. Ou en est-on depuis ?
Si lors de son ouverture, l’école ne
comptait que 14 élèves regroupés au sein d’une seule maternelle,
aujourd’hui ce chiffre a été multiplié par quinze, l’effectif
global s’élevant à 225. Chaque année, nous avons les plus grandes
difficultés à satisfaire aux demandes et certains parents sont
contraints de s’orienter vers l’école publique.
Il y
a une forte communauté à Alfortville. D’ou sont originaires les
parents des élèves ?
Alfortville seul, environ 7 500 originaires
arméniens mais la communauté du département, en incluant
Maisons-Alfort, Charenton, Choisy, Ivry et Vitry, représente 10
000 personnes et voilà pourquoi nous devons veiller à garder des
structures adaptées à leurs besoins. Quant aux familles,elles
sont originaires : pour 26% de France (dont 10% issus de mariages
mixtes), 36% de Turquie, 17% du Moyen-Orient, 16% d’Arménie, 5%
d’Iran.
Parlez-nous de l’infrastructure de l’établissement, du corps
enseignant et du personnel affecté aux diverses taches.
L’école maternelle comprend quatre sections : dans la 1 et la 2,
on y parle que l’arménien. Dans la 3 et la 4, l’arménien et le
français. Au total, 86 enfants.
L’école primaire comprend six classes : CP, CP1, CE1, CE2, CM1,
CM2. Au total, 139 enfants. Pour l’instant, l’enseignement se
limite au cycle primaire. Parvenus à cette échéance, les élèves
doivent quitter Saint-Mesrop afin de poursuivre leurs études
ailleurs.
La directrice, Madame Kossoyan, dirige le corps enseignant : cinq
enseignants
sous
contrat,
six enseignants hors contrat, quatre aides maternelles hors
contrat, trois préposés à la cantine et deux aides ménagères.
Peut-on
savoir quels sont les membres du Conseil de l’Association pour
l’administration et la gestion de l’école bilingue Saint-Mesrop ?
Lors de notre dernière assemblée, le bureau exécutif a été
reconduit et m’en a confié la présidence. Les autres
collaborateurs sont : M.Agop Kouyoumdjian,vice-président ; Mmes
Takouhie Moussaian, secrétaire, et Katya Seranusyan , secrétaire
adjointe ; MM Nisan Kayan, trésorier, et Ara Pohanyan,trésorier-adjoint ;
Monsieur Tisseyre, maire adjoint d’Alfortville, représentant la
municipalité.
Quelle
place occupe l’enseignement de l’arménien ?
Globalement, cinq heures par semaine pour la langue, l’histoire
et la géographie arméniennes. De plus, quinze minutes par semaine
sont consacrées au catéchisme, dispensé par l’archimandrite , le
R.P. Paboudjian. Compte tenu de la qualité de l’enseignement
reçu, à savoir au-delà des cours d’arménien et de l’intégralité
du programme de l’Education nationale, aucun échec n’a été
enregistré lors des contrôles de connaissances effectués en amont
de ces transferts.
Comment
se déroule la vie à l’intérieur de l’établissement ?
En maternelle, les enfants sont encadrés par des institutrices et
des assistantes maternelles bilingues . Ils bénéficient des
activités adaptées à leur age, leur donnant ainsi les éléments
nécessaires afin d’ aborder en préparatoire les deux langues et
les deux écritures.
Pour l’école élémentaire, les enseignants étant formés,
titularisés et pris en charge par l’Education nationale, on entre
dans le strict respect des programmes et instructions officielles
avec, en plus, l’enseignement de l’arménien. En complément à
l’instruction sont organisées des sorties (cinéma, théâtre,
musée,bibliothèque, piscine…) grâce aux cars mis à disposition
par la municipalité. De plus, avec elle, on organise des classes
de découverte à Valmorel et, dans le cadre du jumelage, avec
Ochagan, en Arménie. Enfin ,en partenariat avec les parents,
organisation des classes de découverte à Venise…
Les repas sont fournis par la Communauté d’Agglomération de la
Plaine du Val de Marne. La municipalité a étendu la mise en œuvre
des quotients familiaux aux familles alfortvillaises dont les
enfants déjeunent à l’école Saint-Mesrop. Enfin,un service de
garderie est mis à disposition des parents qui travaillent
au-delà des heures scolaires.
Quelle
perspective d’avenir se présente pour Saint-Mesrop ? Avez-vous des
souhaits ?
Aujourd’hui l’école est limitée, pour l’enseignement, au cycle
primaire. Nous envisageons dans un premier temps l’ouverture du 1er
cycle de l’enseignement secondaire (collège) et par la suite,
jusqu’au baccalauréat. Ce serait pour nous une extraordinaire
avancée.
Quant aux souhaits : continuer d’enseigner les deux langues ,
française et arménienne, dans un esprit d’ouverture, contribuant
ainsi à l’enrichissement de nos deux cultures ;offrir à chaque
enfant une scolarisation complète, du début de la maternelle à la
fin du cycle élémentaire. Enfin, pouvoir accueillir tous les
enfants désireux d’entrer à l’école Saint-Mesrop.
juin 2006