DIASPORAMA

Je connais deux peuples dont le destin tragique s’est croisé sur le chemin de l’Histoire.
Aucun des deux n’aurait aimé dire à l’autre :

                        « Je vais te raconter ce qui m’est arrivé. »

Et l’autre de répondre :

                       « Ne dis rien. Je sais. »

Alors depuis des décennies, le premier touché essaye d’obtenir réparation, ne serait-ce que morale, du préjudice subit.

Mais l’histoire claudique. Elle ne reprendra sa marche en avant que le jour où un Grand turc saura, au nom de son peuple, dénoncer les souffrances faites à une minorité linguistique et pourtant sujette à part entière de l’empire du moment.

Voilà pourquoi je dis à mes frères arméniens : « Ne baissez pas les bras, l’Heure est peut-être plus proche que vous ne le pensez. »
 
J’espère voir ce jour de mon vivant afin de sentir mes narines se dilater sous l’effet d’une grande inspiration mêlant l’émotion, la joie et la tristesse mais que me fera être en communion avec tous les descendants de la tragédie.

Alors, vous, qui de par le monde œuvrez pour la reconnaissance de la réalité du génocide perpétré à l’encontre de vos aïeux, frappez à toutes les portes de ceux, dont l’influente position peut vous épauler dans ce redressement de la roue de l’Histoire afin de la replacer dans son sillon.

Pas de place à l’oubli.

Lipchitz
Homme du Monde
avril 2000