Ça bouge, ça change, ça évolue! L'Arménie consolide
ses positions au sein de la communauté internationale, considérée
comme bonne élève en matière de droits de l’homme et
institutions démocratiques. Tandis que les relations et les échanges
avec la Diaspora s’accélèrent, se profilent les élections
présidentielles et législatives de 2003 et, désormais, la cause
arménienne apparaît de plus en plus sur les agendas nationaux et
internationaux. Succédant à Karen Nazarian, Son Excellence Zohrab
Mnatsakanian, cumule les deux mandats d'Ambassadeur d'Arménie auprès
de la Suisse et de Chef de la diplomatie arménienne auprès de l'ONU et
de ses institutions spécialisées. Quant à Armen Papikian (Economie et
finance) et Martha Ayvazian (Affaires consulaires), ils rejoignent le
Premier secrétaire, Tigran Samvelian, au sein de la Mission
permanente.
La délégation arménienne est présente aux
nombreuses conférences et réunions internationales. Après
Johannesbourg, l’Ambassadeur Mnatsakanian s'adresse à la Réunion
préparatoire du Sommet mondial des sociétés d'informations « secteur
clé pour l'avenir de l'Arménie », alors qu’à la 57e session
de l'Assemblée générale de l'ONU, sept. 2002, V. Oskanian, MAE, évoque
un fois de plus le conflit et le statut négocié du Nagorno Karabakh (NK)
ainsi que la reconnaissance mondiale du génocide.
Au cours des réunions de la Commission des droits
de l'homme, de la Sous-Commission de la promotion et protection des
droits de l'homme, de l'OMI (Org. mondiale pour les migrations), du
UNHCR (Réfugiés) de l'UNECE (Com. pour l'Europe) l’Arménie continue à
être accusée d’agression par l'Azerbaïdjan, «l’occupation ou
l'acquisition par la force » Un délégué azéri est même été
sommé par le président de séance de la Sous- Commission de
respecter le règlement en s’abstenant d’intervenir pendant l’exercice
de droit de réponse arménien plutôt musclé : « propagande azérie de
bas niveau … ». Encore un point gagné, dirions-nous, surtout lorsqu'il
s'agit d’un forum de droits de l'homme! Présentation du quatrième
rapport de l'Arménie au Comité pour l'élimination de la discrimination
raciale et, non moins importants, les récents rounds de négociations à
l'OMC (Organisation mondiale du commerce) exigeant avant tout, des
réformes législatives de fond dans les structures économiques du pays.
Le 10 décembre 2002, l’approbation de l’adhésion de l’Arménie par le
Conseil général de l’OM, suivie de la signature du traité par le
Premier Ministre Andranik Markarian, venu à Genève avec sa suite de
ministres célébrer ce moment historique. L’entrée de l’Arménie à l’OMC
stimulerait ses exportations aussi bien en attirant des investisseurs
étrangers qu’en ouvrant les portes d’une collaboration commerciale
multilatérale.
L’amendement de l’Azerbaïdjan au projet de
résolution sur la …coopération entre l’ONU et l’OSCE
(Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe)
portant, entre autres, sur le conflit du NK est examiné à la séance du
20 décembre 2002 du Deuxième Comité de l’Assemblée générale. Après un
texte révisé de « compromis et de bonne volonté »,
l’amendement est adopté malgré 100 abstentions. Le délégué azéri
dénonce l’atteinte à l’intégrité territoriale de son pays par
l’occupation illégale arménienne, cause de déstabilisation, de
dommages et de problèmes de réfugiés et de personnes déplacée, tandis
que le texte final de la résolution (A/RES/57/298) ne contient aucun
terme accusatoire à l’égard de l’Arménie, ni de l’Azerbaïdjan urgeant,
au contraire, les deux parties d’aboutir à une solution pacifique du
conflit par le dialogue et la négociation avec, bien entendu, le
concours de l’OSCE.
Autre date importante, le 28 novembre 2002
l’Arménie devient membre du Centre de politique de sécurité à Genève,
Fondation suisse et internationale, composée en majorité des pays
membres de l’OTAN ayant comme objectif principal de former diplomates,
militaires, hauts fonctionnaires de gouvernement, étudiants, etc. aux
stratégies de politique de sécurité dans le cadre du projet
Partenariat pour la paix. Le 26 novembre le Centre organise un face à
face live entre Tatul Markarian et Araz Azimov, respectivement
Ministres délégués des Ministères des affaires étrangères d’Arménie et
d’Azerbaïdjan, sur la question du NK classé, selon les experts de
l’OSCE, comme « conflit gelé ». Bien qu’aucune percée significative
n’ait conclue cette rencontre, la présence des co-présidents du groupe
de Minsk - N. Gribkov (Russie), R. Perina (USA), H. Jacolin (France) -
sur le podium contribua à une analyse approfondie des positions
respectives des protagonistes.
Quant à la Turquie, ayant présenté des rapports sur
l’amélioration des droits de l’homme dans le pays, des droits et
libertés accordés aux minorités - notamment aux Kurdes - ainsi que
l'abrogation de la peine de mort aux différents organes de l’ONU, sous
sa nouvelle présidence elle ne renonce pas pour autant à sa politique
négationniste. D’après le rapport de l'expert Per Gahrton (Suède),
plus tard appuyé par le parlementaire suédois, Artin Murad, son
adhésion à l'UE reste, entre autres, tributaire de la levée du blocus
et de sa reconnaissance du génocide en vue d’une normalisation de ses
relations avec l'Arménie. Par ailleurs, sa candidature très
controversée ne semble pas remplir actuellement les conditions de son
adhésion, ni obtient-elle l'aval de l’ensemble des membres de l'UE.
Suite aux quelques fausses notes de la présidence
danoise de l’UE, reconnaissant davantage l’intégrité territoriale de
l’Azerbaïdjan que l’indépendance et la légitimité d’un NK
autodéterminé, l’UE rapporte cette question à 2003, la confiant au
parlementaire britannique, Terry Davis, chargé d’établir un rapport
spécial. En revanche, la tenu des élections réglementaires au NK
reconduisant le mandat du président sortant, Arkady Ghoukassian,
contribue à consolider son indépendance en accélérant les réformes
dont dépend le développement social et économique du pays.
Mai-juin, la nouvelle CRAT (Commission de
réconciliation arméno-turque) est massivement rejetée par le CDCA et
d’autres organisations arméniennes de la Diaspora, voire l'opinion
publique générale. Mué en juillet dernier en Fédération
euro-arménienne pour la justice et la démocratie - la FEAJD - présidée
par Hilda Tchoboian avec siège principal à Bruxelles, l'ancien CDCA se
transforme en un puissant lobby politique arménien en Europe
regroupant diverses autres associations. Après avoir établi une
antenne auprès de l'UE, assuré sa participation aux débats et intégré
pleinement le forum de la Convention sur l'avenir de l'Union
européenne, elle poursuit la cause arménienne auprès des instances
bilatérales et multilatérales. De son côté, le Conseil de l'Europe
ayant examiné les rapports de ses rapporteurs spéciaux -pour l'Arménie
Mme Belahorska (Slovaquie) et Mme Jaskieran (Pologne) - estime que les
progrès faits par l'Arménie sont tout à fait satisfaisants en matière
de droits de l'homme et de démocratisation. Contrastant avec le
rapport sur l'Azerbaïdjan, l'Arménie passe devant en progressant
rapidement. «... d'un côté une démocratie pluraliste à laquelle on
peut reprocher un léger retard sur la question de la peine capitale
... et de l'autre un régime autoritaire, répressif et de type
dynastique pour lequel la démocratie n'est que le fard de
respectabilités vis-à-vis des instances internationales».
L ‘ANCA (Armenian National Committee of America),
autre lobby politique influent aux USA, continue à exercer une
pression non négligeable sur la classe politique américaine tant au
niveau fédéral que régional, interpellant députés, gouverneurs,
sénateurs et autres élus à propos de la reconnaissance et de la
confirmation du génocide ainsi que les relations Etats-Unis/
Azerbaïdjan sur la question du NK - sujet sensible proie à des
tentatives de récupération! ANCA compte sur l’appui d’une grande
majorité de citoyens américains d'origine arménienne. Dernière en
date, la résolution S. Res.307 qui, entre autres, cite le génocide
arménien dans le cadre de l'anniversaire de la signature de la
Convention sur le génocide de 1948 – à ce jour seul instrument
international.
En conclusion, si la cause arménienne gagne en
visibilité et en crédibilité et si la diplomatie pan-arménienne marque
des points, la Diaspora est encore loin de présenter un front uni
pouvant être réellement opérationnel.
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