Docteur Claude ATAMIAN
94 rue Beranger
92360 Chatillon
Le 24 avril 2009
Lettre
ouverte à Madame Valérie HANNIN,
Directrice de la rédaction du mensuel L’HISTOIRE
Madame,
A la fin du XIXème siècle, un
assassin condamné à la peine de mort, au pied de la guillotine, se retourna
soudain vers la foule venue assister au supplice et s’écria :
« n’avouez jamais ! ».
Il acquit ainsi une notoriété posthume qui perdura pendant plusieurs décennies,
jusqu’à ce que je prenne connaissance à mon tour de ses dernières paroles, dans
un mensuel d’Histoire des années soixante.
De façon comparable, l’Etat
turc, à travers ses régimes successifs et depuis bientôt un siècle, a maintenu
bec et ongles cette ligne de conduite, en ayant pour objectif la négation du
« Grand Crime » du gouvernement Jeunes-Turcs de 1915 : « N’avouons jamais »
avoir prémédité et organisé l’assassinat d’un peuple qui avait réussi à
se maintenir sur son sol ancestral, au prix de quelles difficultés et tragédies,
et cela pendant au moins 25 siècles.
Cette introduction étant faite,
venons-en à l’objet de cette lettre: votre mensuel L’Histoire de ce mois
d’avril, dont le sujet principal est : Le GENOCIDE DES ARMENIENS, annoncé
tel quel sur la page de couverture, analogue à la page d’accueil d’un site
Internet. Votre éditorial intitulé « La vérité en marche » pouvait nous laisser
espérer que ce thème allait être développé selon les règles de la recherche
historique.
Mais on peut d’emblée
constater en le lisant que le « ver est déjà dans le fruit » : vous évoquez
l’ouvrage « Un acte honteux ; le génocide des Arméniens » qui a fait grand bruit
dites-vous, et dont l’auteur Taner Akçam est devenu le grand spécialiste turc de
1915. Mais c’est pour l’écarter aussitôt, comme du reste les autres spécialistes
reconnus du génocide comme Yves Ternon et Raymond Kévorkian, et choisir Monsieur
Fuad Dundar, historien démographe, spécialiste de la période Jeunes-Turcs, mais
qui lui-même déclare ne pas s’être particulièrement investi dans la recherche
historiographique de ce génocide. Comme on va le voir, Monsieur Fuad Dundar est
en revanche particulièrement doué dans la manipulation des faits historiques,
en insistant constamment sur l’aspect « déportation » pour éviter de
parler d’extermination et par conséquent de remonter à la responsabilité
criminelle du gouvernement ottoman de 1915. A mon avis une pareille
accumulation de contre-vérités, subtilement ou grossièrement énoncées, de
mélange de vrai et de faux et d’invention d’événements « abracadabrantesques »,
dont le but est manifestement de troubler la lucidité du lecteur, en cela
conforme à la longue tradition de désinformation pro-turque concernant la
tragédie arménienne, n’a à mon avis jamais atteint un tel niveau de
falsification. C’est ce qu’on pourrait dénommer, au sens figuré, un
négationnisme de type subliminal, analogue à la publicité du même nom,
destinée à atteindre l’inconscient du consommateur et à influencer son choix
sans qu’il ne s’en aperçoive. Vous savez que la loi interdit ce genre de
procédé. Dans votre revue, vous avez laissé utiliser cette méthode trahissant la
vérité historique, tout en exprimant votre compassion envers les descendants des
rescapés du Génocide arménien.
Ce négationnisme
« subliminal » est d’ailleurs accompagné de « petites et grosses ficelles » que
je détaillerai plus loin dans l’analyse de l’interview de Fuad Dundar par
Monsieur Georgeon. Et à force de manipuler, on finit par « s’emmêler les
pinceaux », et tout cela s’achève dans le ridicule (qui paraît-il ne tue pas),
en particulier dans l’estimation « détaillée » du nombre des Arméniens de la
diaspora, ainsi que nous allons le montrer tout à l’heure, comme aurait dit Jean
de La Fontaine.
D’ailleurs, nous pouvons
constater que l’histoire du magazine L’Histoire concernant
l’extermination des Arméniens se répète en « aggravant son cas » : en avril
1995, votre mensuel avait déjà développé ce thème. La page de couverture était
différemment intitulée : « Dossier : Enquête sur la tragédie d’avril 1915, LE
MASSACRE DES ARMENIENS ». En effet la loi française de reconnaissance du
Génocide n’existait pas à l’époque. Elle n’a été définitivement votée qu’en
janvier 2001. Dans ce numéro, le sujet était objectivement traité par les
historiens Yves Ternon et Jean-Jacques Becker, ainsi que par l’un des directeurs
de l’Express, Christian Makarian, dans son article : « Heureux comme un Arménien
en France ». Daniel Bermond exposait les données de l’affaire Lewis, cet
historien spécialiste de l’Empire Ottoman, qui s’était fait l’avocat des thèses
turques négationnistes dans l’interview accordée au Monde du 16 novembre 1993.
L’affaire fut conclue au civil par sa condamnation .
Les encadrés d’une demi-page
ou plus rédigés par Yves Ternon, enrichissaient le dossier : « les crimes de l’ITTIHAD »,
« Témoignages : Récits de Massacres », « L’odyssée des survivants », etc.
Seule fausse note : un article
intitulé « Trois questions pour un massacre » signé par un certain Gilles
Veinstein, à l’époque directeur d’études à l’EHESS et historien de l’Empire
Ottoman, lequel, comme Fuad Dundar, déclarait lui aussi ne pas être spécialiste
du Génocide arménien. Qu’importe, comme de très nombreux turcologues, et M. Fuad
Dundar en fait partie, et sans préjudice de la période dans laquelle ils se sont
spécialisés, ils se montrent toujours, directement ou indirectement, les
défenseurs de la politique négationniste de l’Etat turc, ou bien tentent de
minimiser l’étendue et l’importance du crime commis. L’objectif poursuivi est
bien évidemment d’exempter cet Etat de la responsabilité d’un crime
imprescriptible. A l’opposé, et comme pour répondre par avance à Fuad Dundar, un
autre chercheur d’origine kurde, Monsieur Hamid Bozarslan, a publié dans le
hors- série de novembre-décembre 2008 du Nouvel Observateur, un article d’un
tout autre ton : « Négationnisme : les assassins de la mémoire arménienne »
(on se souvient de l’ouvrage de Pierre Vidal-Naquet : « Les assassins de la
mémoire »), et dont on peut lire un extrait significatif ci-dessous concernant
la version officielle de l’histoire turque contemporaine en opposition avec la
vérité : « Quant au « triptyque victimaire » de la narration historique, il ne
pouvait qu’appeler à l’adhésion de tous : Innocence (générosité ottomane à
l’égard des peuples sujets), souffrance (trahison des chrétiens poignardant la
patrie dans le dos) et délivrance (rétablissement de la justice et constitution,
au prix de lourds sacrifices, de l’Etat turc). Reconnaître le génocide
signifiait lui substituer un autre triptyque : violence-mensonge-déshonneur ».
Cet article de Gilles
Veinstein au titre cinématographique « Trois questions pour un massacre »
suffit à l’époque pour mettre le feu aux poudres. (Curieusement, vous-même
utilisez, dans le présent numéro, et dès le sommaire, la même analogie : « Génocide
arménien : le scénario », titre répété en exergue de l’interview de Fuad
Dundar. Si je vous comprend bien, un génocide, c’est du cinéma ?). De nombreux
articles parurent dans toute la presse nationale et l’affaire faillit coûter à
Gilles Veinstein sa nomination au Collège de France .
Un élément essentiel de la
désinformation au sujet du thème « Génocide arménien » concerne la traduction
volontairement biaisée et en fait totalement erronée du vocable désignant en
langue arménienne la tragédie de 1915 : « Medz Yeghern » c’est-à-dire
le « Grand Crime» et non pas la « Grande Catastrophe », terme
systématiquement utilisé par tous les pétitionnaires turcs exprimant en ce
moment leur « sincère compassion » envers leurs amis arméniens. Fuad Dundar
lui-même, à la fin de son interview, cite «... les massacres de Medz Yeghern (« la
Grande Catastrophe » selon la terminologie arménienne)». Or, une
catastrophe, c’est un événement qui ne relève pas forcément d’une décision
humaine. Le Petit Robert la définit comme suit : accident, sinistre causant la
mort de nombreuses personnes. S’agissant d’une grande catastrophe, on peut
penser au tsunami ou à un tremblement de terre etc. D’ailleurs, le terme qui
désigne la zone sinistrée du tremblement de terre de 1988 dans la République
d’Arménie est « aghèti goti », mot à mot « la zone de la catastrophe ». On pense
au destin, à Dieu, mais pas à la responsabilité de gouvernements criminels comme
le furent indubitablement ceux des Jeunes-Turcs ou des Nazis. Cette dénomination
de Grande Catastrophe permet tout compte fait de ne pas désigner l’Etat
assassin, contrairement à la traduction correcte de « Medz Yeghern ». Il n’est
pas étonnant que la « campagne de pardon » de quelques intellectuels turcs,
(d’ailleurs tournée en dérision par Fuad Dundar lui-même à la toute fin de son
interview, sous prétexte qu’elle n’a été signée que par 30.000 personnes),
insiste lourdement sur cette dénomination de « Grande Catastrophe », adoptée par
la plupart des Turcs, négationnistes ou pas, dans le but de masquer l’étendue du
crime perpétré par leur gouvernement en 1915.
Ainsi, le « Pourquoi nous
demandons pardon… » d’Ahmet Insel, dont l’entretien occupe toute la page 19 de
votre dossier, répète plusieurs fois ce terme de « Grande Catastrophe ». De
plus, il rajoute « l’odieux à l’agréable » en déclarant : « et pardon, non
pas exactement pour ce qui s’est passé, mais parce que cette douleur est
niée, parce que ces faits sont minimisés » etc. Cet enseignant à l’Université,
que j’ai déjà vu à la télévision dans les années 2004-2005 manier le vrai et le
faux durant les débats, dans le but d’apporter sa contribution au « forcing » de
l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, est-il conscient de ce qu’il
énonce ? ou bien, à force de manier la « casuistique orientale », ne nous
montre-t-il pas simplement un brillant exemple de demande de pardon insincère.
En conclusion de votre
éditorial, déjà si riche en bonnes intentions et en contre-vérités, vous
écrivez : « cette histoire du génocide arménien est encore en chantier. Des
archives restent à ouvrir ou à découvrir. Mais les recherches s’intensifient, le
scénario se précise, les points de vue se rapprochent,
« la vérité est en marche ».
Non Madame, la tragique
vérité, elle a été dénoncée dès le début de l’exécution du crime, un mois
seulement après le 24 avril 1915, par une déclaration solennelle adressée à la
Turquie par les Puissances Alliées (France, Grande Bretagne, Russie), en
utilisant pour la première fois le terme de « crime contre l’humanité », et en
avertissant que « les membres du gouvernement ottoman impliqués dans ces
massacres » seront personnellement jugés pour leur responsabilité dans le crime.
La vérité, elle a été affirmée en 1919 à la Conférence de la Paix, et elle a
été scientifiquement établie ces dernières décennies par les historiens tels que
Yves Ternon et Raymond Kévorkian en France, Vahakn Dadrian aux USA, Israël
Charny à Jérusalem, ainsi que Taner Akçam qui a eu accès à certaines sources
turques et en particulier à une quantité de télégrammes de Talaat Pacha.
Prétendre le contraire, c’est
se faire le porte-parole du négationnisme de l’Etat turc qui perdure depuis près
d’un siècle, et avec quelle constance dans le déni !
Ainsi,
par votre interprétation des faits pour le moins discutable et par le choix de
vos intervenants, vous avez offert une tribune à ce négationnisme qui ne dit pas
son mot. Et comme je vais le démontrer dans la suite de cette lettre, vous avez
gravement porté atteinte à l’objectivité requise dans une revue d’habitude tant
appréciée par les passionnés d’Histoire et dont je fais partie.
Venons-en à l’interview qui
constitue l’essentiel de votre dossier :
Monsieur François Georgeon,
historien de l’Empire Ottoman et de la Turquie et directeur de recherche au
CNRS, qui questionne Monsieur Fuad Dundar, est curieusement lui-même l’auteur
d’une biographie récente du Sultan Abdulhamid II, tristement célèbre chez les
Arméniens pour avoir ordonné entre 1894 et 1896 des massacres dans presque
toutes les villes de l’Asie mineure où ils étaient en nombre, depuis
Constantinople jusqu’à la ville de Van. On estime le nombre des victimes à
environ 300.000 personnes, sans compter les blessés et les mutilés, et sans
oublier la ruine économique qui en résulta. Il suffit de lire les mémoires du
vice-consul français Gustave Meyrier à Diarbekir pour se rendre compte qu’une
Saint-Barthélémy généralisée a été pratiquée, destinée à saigner à blanc et à
terroriser les Arméniens , dont les dirigeants avaient osé réclamé
d’élémentaires droits concernant leur vie et leur sécurité, et dont
l’application était d’ailleurs prévue par l’article 61 du Congrès de Berlin de
1878, signé par les principales puissances de l’Europe et l’Empire ottoman.
Face à ces atrocités, M.
Georgeon, en donnant une interview sur le site de « l’Observatoire de la vie
politique turque » au sujet de son ouvrage, déclare en particulier : « mon
propos n’est donc pas de réhabiliter Abdulhamid mais, avec le recul, d’en donner
une version plus objective, sortant de l’image caricaturale véhiculée
antérieurement par les Européens qui, au travers de leur presse ( en particulier
des journaux satiriques comme « l’Assiette au beurre »), n’eurent de cesse de le
dépeindre sous les traits d’une véritable bête sauvage ». (ndlr : et comment
caractériser autrement un tel despote sanguinaire, surnommé à juste titre « le
Grand Saigneur» avec un a , ordonnant froidement, et cela pendant au
moins trois ans,
le meurtre de plusieurs
centaines de milliers de ses sujets ? )
Et plus loin, un autre extrait
de son interview : « Très significatif est, sous son règne, notamment, le
développement des horloges publiques comme celle d’Izmir. Une étude a révélé que
près des 3/4 de celles qui ont été recensées en Anatolie, remontent à son règne ».
(sic)
Cela me fait penser à ceux qui
osent dire : « Il ne faut pas oublier qu’Hitler a fait construire les premières
autoroutes d’Europe et qu’il a donné du travail aux ouvriers ». Après de telles
révélations du Professeur Georgeon, on peut deviner dans quelle optique va
s’orienter l’interview de Fuad Dundar...
Abordons à présent chacune des
pages de cet interview avec quelques unes de ses « révélations », tout en
précisant que j’en passe beaucoup sous silence, si riche est l’imagination de
notre démographe –historien !
Page
8 : On apprend tout
d’abord que M. Fuad Dundar va publier prochainement aux Etats-Unis un ouvrage
intitulé : « Le Crime des chiffres. Le rôle de la statistique dans la
question arménienne, 1878-1918 ». Etant donné la teneur de cette interview,
ça promet !
Page
9 : (concernant les
Arméniens) « Jusqu’à cette date, les Jeunes-Turcs n’avaient pas développé
d’hostilité à leur encontre ». N’importe quoi ! Et les massacres d’Adana
d’avril 1909, directement organisés par les Jeunes-Turcs de Cilicie , et dont
nous allons commémorer ces jours-ci le 100ème anniversaire ? (il est
vrai qu’ils n’ont été la cause que de 30.000 victimes...)
.Page
10 : « Parmi les
Jeunes-Turcs, un petit groupe est décidé (je reprends leur vocabulaire) à
« régler » la question arménienne et à « débusquer » un par un tous les
Arméniens ». Une question de ma part : tout cela correspond à une « simple »
déportation , ou bel et bien à un projet d’extermination ?
Page
11 : Concernant les
télégrammes codés de Talaat Pacha organisant le génocide, Fuad Dundar déclare,
comme ses collègues « historiens » turcs : « Je pense avec beaucoup d’autres
que certains de ces documents sont des faux ». Et revoilà « la vieille
antienne » du négationnisme turc qui réapparaît par la bouche de votre
démographe interviewé ! Sans doute ne savez-vous pas que toute cette polémique
fabriquée concernant la soit disant non-authenticité des télégrammes de Talaat a
été balayée par Yves Ternon dans son ouvrage paru en 1989 :« Enquête sur la
négation d’un génocide » ainsi que par Vahakn Dadrian. En transposant le sens
du proverbe « l’arbre qui cache la forêt », Monsieur Dundar, comme tous les
négationnistes, croit qu’en abattant l’arbre, on ne verra plus la
forêt. Dans la Shoah, « l’arbre », c’est les chambres à gaz qu’un Faurisson
s’est en vain évertué à en nier l’existence, et dans le cas du génocide
arménien, ce sont les télégrammes de Talaat, objets de toutes les manipulations
de la part de ces falsificateurs. Même si l’on pouvait démontrer que tout cela
n’est qu’invention, ça ne ferait pas disparaître « la forêt » c’est à dire la
réalité des deux génocides. Mais en pratique et de toute façon, les
falsificateurs n’arrivent jamais à abattre « l’arbre », car les télégrammes et
les chambres à gaz sont constitutifs du système génocidaire. Par conséquent, en
affirmant cette conviction, et comme tout négationniste qui se respecte, M. Fuad
Dundar sait qu’il ment.
Page
12 : Question
« tordue » du Professeur Georgeon : « Comment est-on passé du projet de
déportation au massacre ? » (re-sic)
C’est comme si, pour le cas de
la Shoah, on se posait la question suivante: « comment se fait-il que le
transport en train des Juifs vers la Pologne pendant les années 41-44, a eu pour
conséquence une forte mortalité des voyageurs ? ».
Page
13 : Fuad Dundar
écrit : « Comme le disait Enver Pacha au consul américain : « on ne peut pas se
permettre une attaque dans le dos ». (ndlr : soit disant de la part des
Arméniens)
Mais de quel consul
américain s’agit-il ? Il y en avait environ une dizaine dans l’Empire ottoman.
Est-ce Leslie Davis, consul à Kharpout, qui a découvert les charniers de
milliers de tués peu après leur sortie de la ville et les a photographié.
A son retour aux Etats-Unis,
il relata son témoignage dans son livre au titre saisissant : « La province
abattoir ». Du reste, dans plusieurs régions, et surtout dans l’Arménie turque
des six vilayets cités dans le Traité de Berlin de 1878, et dont il fallait en
priorité « liquider » la population d’origine, l’extermination a été perpétrée
carrément dans les villes et les villages, comme dans le vilayet de Bitlis, en
particulier dans la ville de Mouch, où l’anéantissement des Arméniens s’est
pratiquée à coups de canon sur leurs habitations.
En fait, je pense que le
« consul » auquel s’adresse Enver, c’est en réalité Henry Morgenthau,
l’ambassadeur des Etats-Unis à Constantinople, et dont les mémoires seront
entièrement consacrées à l’extermination des Arméniens, et à ses vaines
tentatives auprès de Talaat et d’Enver pour arrêter le bras des assassins, ou du
moins atténuer le sort des victimes et pour obtenir l’autorisation de leur
porter secours. En particulier, Morgenthau rapporte l’aveu suivant, fièrement
énoncé par Talaat : « j’ai plus fait en trois mois pour résoudre la Question
arménienne qu’Abdul-Hamid en 30 ans ! »
Page 14 :
« La résistance de Van se transforme en rébellion ».
Quelle déformation de la
réalité, par rapport à un acte d’autodéfense décidé afin de sauver du massacre,
déjà entamé, toute la population arménienne de la province, planifié par le vali
Djevdet bey, beau-frère d’Enver, surnommé « le maréchal-ferrant », pour le
plaisir qu’il prenait à faire clouer un fer à cheval sur la plante du pied de
l’Arménien de son choix !
Plus loin : « C’est alors
que la déportation et le massacre se sont croisés » .
Le qualificatif de
« scénario » évoqué plus haut est ici parfaitement adapté, mais le scénariste du
film, c’est Fuad Dundar en personne, qui doit avoir en mémoire le « Mécano de la
Générale » de Buster Keaton...
Page 16 :
« la question n’est donc pas celle de l’intentionnalité, mais celle de la
conscience qu’avait Talat Pacha du caractère meurtrier de la déportation ».
(à nouveau, sic)
Quel dommage que Monsieur
Dundar ne soit pas chrétien, il aurait fait un parfait jésuite ! (en turc on dit
un « dalaveradji », c’est à dire un raconteur de balivernes...)
Page
17 : « On sait
que Talaat a ordonné aux gouverneurs de Diyarbakir (le 12 juillet), d’Ankara (27
juillet) et enfin de toutes les provinces (29 août) d’arrêter les massacres ».
Odieuse manipulation de la
vérité : Talaat, ayant entendu dire qu’on tuait aussi les autres chrétiens,
comme les Assyriens, donne l’ordre d’arrêter leur mise à mort. Et par conséquent
de poursuivre celle des Arméniens ! Taner Akçam s’est d’ailleurs appuyé sur ces
télégrammes pour répondre à un quotidien turc, qui tergiversait au sujet de la
réalité de l’extermination :« et ça, c’est pas une preuve de génocide ? ».
Autre déduction
« scientifique » de Monsieur Dundar, je cite : « Je pense que l’on peut
estimer le nombre des victimes à environ 650.000 ». L’éminent démographe
« post-ottoman » qu’est M. Dundar a l’art de manier les chiffres à sa façon et
avec une précision fabriquée. A partir des 1.500.000 Arméniens qui vivaient en
1914 dans l’Empire Ottoman, d’après l’estimation de Talaat (chiffre
certainement sous-évalué, mais de toute façon forcément approximatif), Fuad
Dundar invente l’imaginaire fuite de 850.000 Arméniens vers la Russie (ndlr : à
travers la ligne de front de deux pays en guerre, ou à la nage par la mer
Noire ?), et par conséquent : 1.500.000 - 850.000 = 650.000.
ça c’est de la démographie historiographique! Et pour faire
vrai, à 50.000 personnes près, soit une précision à 6 ou 7% !
Page
18 : « Ont été
épargnés… les Arméniens protestants ou catholiques ».
Grossier mensonge. Le Pape Jean
Paul II a d’ailleurs proclamé « bienheureux » Mgr Maloyan, l’évêque catholique
arménien de la ville de Mardin, qui fut martyrisé pour avoir refusé de renier sa
foi. Quant au sort réservé aux Arméniens protestants, une preuve indirecte en
est fournie par l’acte perpétré par Soghomon (Salomon) Tehlirian qui abattit à
Berlin en 1921 Talaat Pacha, car toute sa famille appartenant à cette communauté
religieuse fut anéantie. Ce « justicier du génocide arménien » fut jugé par le
Tribunal allemand et acquitté ! Et suite au pacte turco-nazi de 1941, Hitler fit
« rapatrier » les restes de Talaat à Istanbul, où le Himmler turc peut depuis se
reposer dans un mausolée, sur la « colline de la Liberté »... Un boulevard
important d’Ankara porte d’ailleurs son nom. Un organisateur de génocide, ça
mérite bien d’être honoré dans son propre pays !
Plus loin, au sujet des camps
de concentration dans le désert de Mésopotamie, évaluant à 500.000 personnes le
nombre des déportés arrivés « à destination », Fuad Dundar écrit : « J’ai estimé
à environ 300.000 les survivants à la fin de 1918 ». Soit un taux de 60 % de
rescapés ! Après trois ans d’existence dans une région on ne plus
inhospitalière, et surtout après la 2ème phase de l’extermination
durant l’année 1916 spécialement organisée à l’encontre de ces déportés ! Dans
sa magistrale tentative de manipulation de la vérité, Monsieur Fuad Dundar a
atteint là un sommet d’ignominie...
Page 20 :
La querelle des chiffres (en encadré) : l’Etat turc minimise
habituellement le nombre des victimes arméniennes à 300.000, au lieu du chiffre
probable d’environ 1.500.000 disparus (en ajoutant constamment que plus d’un
million de Turcs furent tués par les Arméniens, on se demande comment...). Ici
on arrive à 200.000 morts, et on en profite pour ironiser à propos des Arméniens
qui « ont parfois revendiqué dix fois plus de victimes ». Evidemment, en
réduisant à ce point le nombre des morts, il est facile après coup de faire
croire que ces Arméniens gonflent exagérément les chiffres en les multipliant
par 10 ! Et même ainsi, on atteindrait le nombre de deux millions de disparus,
soit le même ordre de grandeur que l’estimation la plus admise de 1.500.000
morts. D’ailleurs, et d’une manière générale, sous le masque d’une fausse
compassion, c’est cette ironie plus ou moins perceptible à l’encontre des
descendants des survivants, qui transparaît dans tout le dossier et qui trahit
l’intention véritablement poursuivie.
Dans le prochain numéro de
votre revue consacré au même thème, on approchera probablement du « zéro
mort »...D’ailleurs, Yusuf Halacoglu, l’ancien directeur de l’Institut
d’Histoire turque à Ankara, a récemment parlé en tout et pour tout de 50.000
Arméniens tués. Vous voyez bien que petit à petit, on y arrive au zéro absolu !
(à mon tour, si vous permettez, de pratiquer l’ironie, mais cette fois à visage
découvert...)
A droite de la même page , Fuad
Dundar poursuit son travail de sape : « J’ai quelques divergences avec Taner
Akçam », et plus loin : « je pense, je vous l’ai dit, que le massacre a
été le produit des circonstances...».
Il suffit de lire la table
des matières du livre de Taner Akçam, et surtout le titre du deuxième chapitre
et le texte des deux sous-chapitres, pour comprendre aisément pourquoi Monsieur
Dundar est réticent , car cela ne fait pas du tout son affaire !
Voici cet intitulé, souligné
par nous, au sujet duquel il n’y a rien à ajouter :
« II.
LA DECISION DU GENOCIDE ET SES CONSEQUENCES
4. Les motifs de cette décision
5. La décision et ses répercussions »
Puis
il s’enferre dans l’interprétation « abracadabrantesque » de la suite des
évènements : « S’il n’y avait pas eu de déportation en février 1915 à Zeytoun,
il n’y aurait pas eu non plus de réaction des Arméniens à Van et à Istanbul. »
etc. Quel rapport peut-il y avoir entre Van et Zeytoun distants de plus de 5OO
km, en sachant que les Arméniens n’arrivaient même pas à savoir ce qui se
passait dans la province voisine ? Et voici le pompon : «C’est pourquoi je
défends que la politique de turquification du CUP (ndlr : le Comité
Union et Progrès) était – avant tout – une opération statistique et
mathématique. ». Réduire un génocide à de la science exacte, il fallait le
faire, et Monsieur Fuad Dundar, en tant que brillant démographe prêchant pour sa
paroisse, l’a fait !
Enfin, en
page 17 : l’encadré « Qui sont les Arméniens ? »
J’ai annoncé plus haut qu’on
allait atteindre le ridicule. Nous y voilà. On nous annonce à deux reprises que
la Diaspora arménienne comporte 2,7 millions individus (alors qu’aucun arménien
n’a jamais prétendu estimer l’ensemble des communautés dans le monde entier à
100.000 personnes près), et lorsqu’on fait le détail des chiffres fantaisistes
avancés pour chaque pays ou continent, on arrive au total à 5,9 millions de
personnes, dont 900.000 en Afrique et 900.000 pour la Syrie et le Liban ! Mais
n’aviez-vous donc pas dans vos bureaux une simple calculette, qui vous aurait au
moins permis de faire « correctement » le total de vos inventions chiffrées ?
Voilà un brillant exemple qui démontre, s’il en était encore besoin, le sérieux
de votre travail !
_________
Au début de ce mois
d’avril, décidément si funeste à l’humanité, (car c’est durant ce même mois que
débutèrent les génocides arménien et rwandais , et c’est en avril 1943 que fut
menée la révolte du ghetto de Varsovie) France Culture a commémoré durant toute
une semaine le 15ème anniversaire du génocide des Tutsis, au cours de
l’émission quotidienne « la fabrique de l’Histoire ». Le 9 avril, je ne sais
plus quel intervenant a rappelé la phrase célèbre d’Albert Camus « Mal nommer
les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». C’est précisément le
fonctionnement mental de ceux qui « œuvrent » à nier le Génocide arménien, en
bénéficiant de l’appui permanent de l’Etat turc et de ses subsides, avec l’appui
inconditionnel de ses « turcologues-turcophiles » de tout acabit, dans la
tradition d’un Pierre Loti qui proféra ses mensonges à l’encontre des Arméniens,
avec des arguments du même genre que ceux des antisémites, à travers les trois
régimes turcs successifs des XIX et XXe siècles.
Et ainsi, votre présent
dossier, en brouillant constamment les pistes, a si mal nommé les choses,
que la plupart de mes amis d’origine arménienne, qui pourtant connaissent peu ou
prou l’histoire de leurs origines, n’y ont vu que du feu. (en revanche, Ara
Toranian, directeur des Nouvelles d’Arménie Magazine, a publié dès le 8 avril un
article en ligne intitulé « L’Histoire en panne », dans lequel l’essentiel était
dit. --voir son texte en annexe--) Et de la sorte, en servant de courroie de
transmission à la machine du négationnisme turc, vous avez tenu là, Madame, vous
même et votre rédaction, un bien mauvais rôle.
Conclusion :
A la fin de la guerre 14-18, un
député italien d’origine juive, dénommé Luzzatti, après avoir pris connaissance
du sort tragique réservé aux Arméniens de l’Empire Ottoman, déclarait que « les
Arméniens et les Juifs sont les proto-martyrs de la civilisation ».
Quelle émouvante et juste formulation ! Et quand on pense que l’horreur du
nazisme était à venir... Un certain Adolf Hitler a tiré lui la « leçon » du
génocide arménien demeuré impuni, malgré toutes les promesses solennelles des
Alliés, comme celles découlant de la déclaration du 24 mai 1915 citée plus haut.
Le 22 août 1939, dans son nid d’aigle de l’Obersalzberg à Berstesgaden, en
annonçant à son état-major sa décision d’attaquer la Pologne, il avertit ses
généraux que cette guerre serait sans pitié pour toute la population polonaise
(il ne visait pas encore spécifiquement les Juifs). Et comme pour se justifier,
il ajouta : « Après tout, qui parle encore aujourd’hui de l’extermination des
Arméniens ? » (cette déclaration a été plus tard citée au Tribunal de
Nuremberg). L’historienne Annette Becker, dans son article extrait de la Revue
d’Histoire de la Shoah,
conclut en ces termes : « L’oubli prolongé des exactions contre les civils,
comme de l’extermination des Arméniens, a offert par la suite l’impunité à ceux
qui voulurent la réitérer ».
Madame, comme vous pouvez le
constater, je vous adresse cette lettre un 24 avril, c’est-à-dire le jour
anniversaire de la commémoration du génocide arménien. Croyez-le ou pas, c’est
une pure coïncidence. Suite à la lecture de votre revue, j’avais d’ailleurs
téléphoné à votre secrétaire le 6 avril, pour attirer son attention (et
indirectement la vôtre) sur ce que je découvrais, de plus en plus effaré par la
teneur du dossier, en la prévenant que vous alliez recevoir ma lettre dans les
jours suivants. Je ne pouvais m’imaginer qu’à chaque relecture de l’interview de
Fuad Dundar, je découvrirais de nouvelles aberrations et en conséquence
l’obligation de les démasquer, ce qui a nécessité plus d’une quinzaine de jours,
pour en arriver à poster cette lettre le jour même de cette date, ô combien
symbolique.
Dans votre éditorial, vous avez
d’ailleurs vous-même évoqué la date du 24 avril prochain. Je considère tout
compte fait cette coïncidence comme un signe de la Providence, même s’il s’agit
du jour commémorant le Deuil National Arménien. Cela me concerne d’autant plus
que cette journée là, le samedi de Pâques 1915, mon grand-oncle maternel, le
poète Siamanto, (aussi célèbre chez les Arméniens qu’un Victor Hugo, pour avoir
génialement évoqué dans ses poèmes l’horreur des massacres hamidiens, puis ceux
déjà perpétrés en 1909 par les Jeunes-Turcs en Cilicie, mais aussi pour avoir
magnifié l’héroïsme des résistants combattant l’oppression turque) était arrêté
par la police, avec toute l’élite intellectuelle et politique arméniennes de la
capitale ottomane, enfermé dans la prison d’Ayache près d’Ankara, puis assassiné
en août, avec presque tous ses compagnons
d’infortune.
Voici un extrait de mon
article : « à propos de Siamanto et du génocide des Arméniens » rédigé pour la
brochure du CD des œuvres choisies du poète, que j’ai produit en Arménie en l’an
2000, où sont conservées ses archives :
«Moi je suis de ce peuple qui
dort sans sépulture » a écrit Charles Aznavour dans le beau texte de sa
chanson « ils sont tombés », composée en 1975 à l’occasion du 60ème
anniversaire du génocide. Car c’est bien cette Apocalypse qui allait engloutir à
37 ans la vie du poète, avec tout son peuple, et son propre destin finira par
incarner son univers poétique, pour y figurer comme un sanglant point d’orgue.
Siamanto fait dire à l’orphelin arménien révolté : « MOI, JE VEUX MOURIR EN
CHANTANT ! », et dans « la Vengeance des Siècles » il proclame : « MON NOM S’APPELLE
COMBAT ET MON TREPAS VICTOIRE ! ». Mais le gouvernement des Jeunes-Turcs,
nationaliste et fanatique, en avait décidé autrement de lui et de tous les
Arméniens du pays, sujets ottomans sans défense. « Le droit de vivre pour les
Arméniens de Turquie est aboli » énonce froidement le Ministre de l’Intérieur
Talaat Pacha, dans l’un des télégrammes codés adressés à ses gouverneurs de
province ». Et je déplore : « Son cadavre martyrisé sera jeté en pâture aux
chiens errants de l’Anatolie… ». Et plus loin: « Dans le roman historique « les
Quarante Jours du Musa Dagh » qui relate la résistance des habitants de la
région d’Antioche ayant refusé l’ordre de déportation (mais que leur serait-il
advenu, sans le passage salvateur sur la côte, de navires de guerre
français ?…), Frantz Werfel conclut sa réflexion en écrivant : « Les Arméniens
ne pouvaient rien faire, car ils avaient contre eux leur propre Etat ».
Et j’énonce : « Aux
quatre Cavaliers de l’Apocalypse que sont la Conquête, la Guerre, la Pestilence
et la Mort, le XXème siècle leur a ajouté un cinquième compagnon encore plus
implacable : le Génocide ».
Mon long discours concernant
la véritable teneur de votre long dossier concernant le génocide arménien est le
résultat, comme je crois l’avoir amplement démontré, de la manière spécieuse
avec laquelle vous avez traité ce sujet hautement sensible, en déformant la
réalité historique, en particulier par l’intermédiaire de votre « interview »
d’un turc négationniste par un turcophile, tout en proclamant que la Vérité
était en marche ! C’est ainsi Madame, que vous avez, comme je l’ai évoqué plus
haut, apporté votre caution à la politique négationniste anti-arménienne de l’Etat
turc, et ce faisant, vous avez porté atteinte au respect dû aux descendants des
survivants de ce crime contre l’humanité qui, vous le savez, est
imprescriptible.
C’est ici qu’on peut constater
combien il est absolument nécessaire de faire confirmer par le Sénat le projet
de loi punissant la négation du génocide arménien, déjà approuvé par l’Assemblée
Nationale en octobre 2006. Car si cette loi était déjà en vigueur, ou bien vous
n’auriez jamais osé publier votre dossier de cette façon, ou bien vous auriez
encouru les foudres de la Justice, de la même façon qu’un ouvrage ou un article
négationniste vis-à-vis de la Shoah est sanctionné.
Madame, en qualité de
Directrice de la rédaction de votre revue, c’est à vous à présent qu’il
appartient de faire le point au sujet de votre responsabilité morale dans ce
dossier, ainsi que de l’offense faite à la mémoire des victimes du premier
génocide du XXème siècle, et vis-à-vis des Français d’origine arménienne que
nous sommes.
Veuillez recevoir, Madame, mes
salutations attristées.
Docteur ATAMIAN
P.S. : Je joins à
cette lettre les huit documents suivants :
n
Une photocopie commentée
du premier numéro de la revue PRO ARMENIA datée du 25 novembre 1900 , ayant pour
objectif de dénoncer les crimes du Sultan Abdul-Hamid II, et dont les premiers
membres du comité de rédaction sont, excusez du peu, GEORGES CLEMENCEAU ,
ANATOLE FRANCE et JEAN JAURES !
n
Le texte d’ALBERT LONDRES, adressé
depuis Beyrouth en janvier 1920 à son journal « l’Excelsior ». On ne peut mieux,
par ce seul article, faire ressentir l’horreur du génocide, la cruauté des
assassins, la résistance des Arméniens d’Ourfa jusqu’à la dernière cartouche, et
l’exigence de justice réclamée par les survivants dès cette époque.
n
L’article paru dans le
dernier numéro de la revue trimestrielle des Arméniens grenoblois, « AZAD
MAGAZINE », et intitulé « Lang a fourché : chronique d’une trahison insensée ».
Cet article est illustré par une caricature d’un numéro de votre revue de 1987,
concernant « les dangers du négationnisme ». Quelle coïncidence avec notre sujet
du jour ! De plus, on y relate les propos tenus lors de la réunion du comité
« Liberté pour l’Histoire » que j’ai évoqué plus haut, et devant lequel Jack
Lang a « retourné sa veste » concernant sa position de toujours sur le génocide
arménien.
n
L’article de Hamit
Bozarslan : « Les assassins de la mémoire arménienne ».
n
L’éditorial d’Ara
Toranian : « L’Histoire en panne », concernant votre présent dossier, rédigé le
8 avril de ce mois.
n
Photocopie de la page de
couverture de la revue d’Histoire de la Shoah, dont le présent numéro traite
principalement du génocide des Arméniens.
n
Un extrait de l’ouvrage
en langue turque, récemment édité, et qui concerne le pacte turco-nazi de 1941 ,
ainsi que l’analyse de la célèbre déclaration d’Hitler du 22 août 1939 :« Qui
donc parle encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ? ». On peut voir
sur la couverture de la brochure officielle imprimée à Istanbul à cette
occasion, côte à côte Adolf Hitler et Ismet Inonu, le successeur de Kemal
Ataturk. A ce sujet, le dernier chapitre de l’ouvrage récent d’Antoine Vitkine : « Mein
Kampf : Histoire d’un livre », et intitulé « un best-seller turc », décrit le
formidable succès de la réédition de Mein Kampf en Turquie en 2005, ainsi que le
renom d’Hitler, « auteur d’un grand génocide »...
n
Le tract bilingue
concernant la commémoration du 100ème anniversaire des Massacres
d’Adana, dont on m’a confié l’organisation, et qui se tiendra demain samedi 25
avril, dans la salle de réunion de l’Eglise-cathédrale arménienne de Paris.
(tous les mots
en caractères gras de cette lettre ouverte sont dus à l’auteur)
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