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Willam Butler Yeats
Traduction Louise Kiffer
Je les ai rencontrés à la tombée du jour
Venant avec des visages vifs
De comptoirs ou de bureaux parmi de grises
Maisons du dix-huitième siècle.
Je suis passé avec un hochement de tête
Ou des mots polis absurdes
Ou je me suis attardé un moment et dit
Des mots polis absurdes,
Et pensé avant d `avoir fait
Un récit moqueur ou une plaisanterie
Pour faire plaisir à un copain
Au coin du feu du club,
Etant certain qu'eux et moi
Vivions sauf là ou l'hétéroclite est usé :
Tout a changé, complètement changé :
Une beauté terrible est née.
Les jours de cette femme-là étaient passés
En ignorante bonne volonté,
Ses nuits en discussion
Jusqu'à ce que sa voix devienne stridente.
Quelle voix plus douce que la sienne
Quand, jeune et belle,
Elle chevauchait vers les agresseurs ?
Cet homme avait dirigé une école
Et chevauchait notre cheval blessé ;
Cet autre, son aide et ami,
Arrivait avec vigueur ;
Il aurait pu triompher à la fin
Sa nature paraissait si sensible,
Sa pensée si audacieuse et douce.
Cet autre homme que j'avais cru
Un ivrogne, était un voyou orgueilleux.
Il avait fait les torts les plus amers
A ceux qui sont proches de mon cœur,
Néanmoins je l'inclus dans le chant ;
Lui aussi a renoncé à son rôle
Dans la comédie fortuite ;
Lui aussi a été changé à son tour,
Complètement transformé :
Une beauté terrible est née.
Les cœurs avec un unique objectif
Semblent à travers l'été et l'hiver
Eté changés en pierre
Pour troubler le cours de la vie.
Le cheval qui vient de la route.
Le cavalier, les oiseaux en rangs
D'un nuage à un autre en chute,
Changeant de minute en minute ;
Un sabot de cheval glisse sur le bord,
Et un cheval trébuche par-dessus ;
Les poules d'eau aux longues pattes plongent,
Et elles appellent les coqs d'eau ;
Elles vivent de minute en minute.
Les pierres sont au sein de tout.
Un sacrifice trop long
Peut faire d'un cœur une pierre.
Oh ! quand cela pourra-t-il suffire ?
C'est le rôle du Ciel, notre rôle
De murmurer nom après nom
Comme une mère nomme son enfant
Quand le sommeil est venu enfin,
Sur des membres qui ont couru violemment.
Qu'est-ce d'autre que la tombée de la nuit ?
Non, non, pas la nuit mais la mort ;
Etait-ce une mort inutile après tout ?
Car l'Angleterre peut garder la foi
En tout ce qui est fait et dit.
Nous connaissons leur rêve ; suffisamment
Pour savoir qu'ils ont rêvé et sont morts ;
Et si un excès d'amour
Les avait déroutés jusqu'à ce qu'ils meurent ?
Je le note en vers -
McDonagh et MacBride
Et Connolly et Pearse
Maintenant et dans les jours à venir,
Partout où le vert est défraîchi.
Ils ont changé, changé complètement ;
Une beauté terrible est née.
Literature Network « William Butler Yeats » Easter 1916.