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Correspondance avec KARS
http://azg.am/?lang=AR&num=2007112101
Rouzane Boghossian – Kars-Erevan
Traduction Louise Kiffer
"L'église Arakélots est la plus grande merveille et le bijou le plus endommagé, elle est l'étonnement de cette ville antique – et à part elle, il n'y a aucun autre sujet d'enchantement pour ses habitants. Ce qu' est l'âme par rapport au corps, ce qu' est le cerveau, l'œil ou le cœur dans la constitution de l'homme, telle est l'église Arakélots naïrienne de cette ville. Ce qu'est Notre-Dame pour les Parisiens, telle est l'église Arakélots aux yeux des habitants de cette ville."
(Yéghiché Tcharents: Le Pays de Naïri, 1921)
En face de l'église "Sourp Arakélots" se tenait un petit garçon à la peau blanche, aux yeux en amande, portant son chien. Il restait là, longuement et ne partait pas. Ayant photographié l'église, j'ai voulu aussi le prendre en photo, mais il a refusé, en détournant la tête. Je me suis approché pour lui parler, mais…en quelle langue, les habitants de Kars d'aujourd'hui ne parlent que le turc et le kurde, ceux qui comprennent l'anglais sont rares.
Devant l'église, étaient posés des sacs de ciment, des pierres. Près de l'entrée, il y avait des tas de mortier, j'ai essayé d'entrer d'une façon ou d'une autre, mais dans la minute qui suivit je me suis élancé en avant, en faisant attention d'éviter une des pierres qui se détachaient du porche. A l'intérieur, de haut en bas, se dressaient des échafaudages en bois; l'assemblage des pièces du narthex était presque terminé. Pour y donner un "souffle" national, les Turcs avaient dessiné autour du vestibule une frise musulmane ornementale. La présidence du centre du patrimoine culturel de Turquie est en train de réaliser des travaux de construction pour le tourisme.
La première fois qu'un Arménien met les pieds dans Arakélots, il a l'impression d'être un pur natif de Kars, il voudrait l'embrasser, il est ému, il éprouve un sentiment de gratitude et d'inexplicable sublimité, et évoque les paroles de Tcharents : "douleur du cerveau, maladie du cœur".
Dans la ville natale de Tcharents vivent aujourd'hui des Kurdes, des Yézidis, des Azéris, et un petit nombre d'autochtones. On s'informe tout seul de la vie actuelle de Kars. Au sujet des travaux de rénovation d'Arakélots, écoutons maintenant les paroles du Maire de Kars, Naïf Alibeyoglu. Je l'ai rencontré à l'occasion du festival du film européen "Abricot d'Or" qui a eu lieu du 9 au 16 novembre. J'ai pu m'entretenir avec lui grâce à l'interprète Aline Tachdjian, journaliste au "Milliyet", qui était venue à l'inauguration du festival.
Les travaux sont réalisés par le centre de protection du patrimoine culturel d'Ankara, qui a une section à Kars. Notre travail consiste seulement à effectuer les travaux. Nous faisons venir des pierres blanches d'Erzeroum pour la construction, nous faisons tout pour que le travail s'accomplisse parfaitement. L'église était très ancienne, et menaçait de s'écrouler, c'est moi qui ai prié de la rénover sans faute. Le gouvernement turc fait attention à ce que tous les monuments arméniens soient protégés. Après Aghtamar, les autres églises vont être aussi rénovées. Les travaux d'Arakélots vont se terminer l'an prochain, l'église va devenir un musée et ne sera plus une mosquée.
Oui, cette maison était habitée par la direction spirituelle de l'église. Grâce à mes efforts elle a été rénovée, et va devenir maintenant, avec l'église, un centre culturel.
Non, pour le rénovation d'Arakélots, personne n'a été invité, personne n'a été informé.
Moi j'ai plein d'idées, mais je ne peux pas les réaliser à cause de l'absence de relations diplomatiques entre l'Arménie et la Turquie. Je souhaitais vivement ériger un monument commémoratif pour l'amitié entre les peuples turc et arménien, mais le travail n'a pas été mis en route. J'aurais voulu qu'on trouve rapidement moyen d'établir des relations diplomatiques, afin que je puisse organiser plus de festivals, et que davantage d'habitants d'Arménie rendent visite à Kars.
Jusqu'à ce jour je ne savais pas qu'un grand poète arménien était né à Kars. Si je l'avais su, j'aurais fait quelque chose. Je veux absolument recueillir des informations à son sujet, et essayer de trouver une possibilité de faire quelque chose.
Oui, ils sont en train d'effectuer des fouilles là-bas en ce moment, ils font des études. Il y aura donc beaucoup de travail à faire. Il faut seulement que nos deux pays coopèrent au niveau gouvernemental.
Source: http://azg.am/?lang=AR&num=2007112101
2003