Le pouvoir du jeu théâtral :
une troupe pour handicapés en fait des acteurs,
informe l'assistance

Par Gayané Abrahamyan , reporter à ArmeniaNow

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"Je me suis débarrassée de mes complexes sur la scène, je me suis réévaluée, et j'ai réévalué mes capacités, et peu à peu trouvé ma liberté dans ma vie aussi", dit Armine Karakhanyan, 24 ans.

Armine est membre de l'unique troupe de théâtre d'enfants handicapés, et fait partie des 80 jeunes pour qui c'est devenu le début d'une vie nouvelle et la réalisation d'un but hardi.

L'ONG "Houyci Gamourtch", Le Pont de l'Espoir, (www.bridgeofhope.am) a été fondée en 1997, un an après que l'Organisation ait commencé à s'occuper des enfants handicapés.

"Depuis longtemps nous avions l'intention de créer quelque chose où ils pourraient révéler leurs capacités créatrices et pourraient intégrer la société sur une plus grande échelle. Le théâtre contient tout cela, aussi avons-nous réalisé notre idée" dit la fondatrice et directrice Hasmik Khacheryan.

La première performance de la troupe fut "Cendrillon". De même que la vie de l'héroïne a changé, ainsi la vie des jeunes comédiens et comédiennes a changé en racontant le célèbre conte.

"Nous avons compris quelque chose de très important qui est devenu notre devise: la vraie personne est celle qui est à l'intérieur; et l'apparence extérieure se conforme à la façon dont nous la formons à l'intérieur" dit Zarouhi Batoyan, l'une des comédiennes de la troupe. "Cela n'a pas d'importance que la personne soit belle, handicapée ou non. Ce qui est important c'est la vie intérieure, et la découverte de son propre potentiel intérieur et de sa liberté intérieure."

Zarouhi, 26 ans, est entrée au Pont de l'Espoir à l'âge de 16 ans, l'année de la fondation. Elle n'est allée à l'école que pendant un an, continuant ses études à la maison, à cause de ses difficultés pour marcher.

"Les professeurs ne m'enseignaient que les matières principales, à la maison. Avant de venir ici, je n'aurais même pas imaginé que je pourrais entrer à l'université", dit Zarouhi, que le directeur artistique de la troupe de théâtre qualifie de "la personne la plus forte du monde".

Zarouhi est étudiante en 4 ème année à la Faculté de journalisme de l'Université d'Etat d'Erévan, éditrice en chef du magazine mensuel "Arévadzaghig" (Tournesol) pour adolescents, et coordinatrice du programme
"Hanramadtchéli guertoutioun" ( Education populaire) du réseau international des Jeunes Handicapés.

 

En automne 1997, la troupe a été invitée à participer au Festival Pan-Arménien des Personnes Handicapées. Elle a reçu le grand prix. La même année, la troupe s'est produite au Festival International de Théâtre d'Enfants à Tbilissi. Lors de la compétition avec plus de 30 groupes de théâtres, parmi lesquels se trouvaient des acteurs non-handicapés, la troupe est revenue avec un Diplôme d'Honneur.

"La performance des enfants non seulement les aide, mais change les attitudes de la société envers eux. Au début, presque tout le monde pleurait pendant les représentations. Les gens étaient émus de voir des enfants handicapés sur scène, et ne regardaient même pas la pièce", dit Hasmik Khachéryan.

"Nous avons essayé de jouer de telle façon que l'assistance oublie qu'elle est en face de personnes à problèmes, et ne voie que ce qu'elles offrent, leur aptitude artistique, et n'éprouve pas de pitié".

Bientôt, l'assistance, munie de mouchoirs, s'est mise à évaluer la performance de la troupe d'une façon plus objective, et à apprécier les acteurs comme membres à part entière de la société, avec des droits égaux, et les mêmes capacités.

"J'avais plusieurs fois entendu parler de l'esprit et du courage de ces enfants, mais ce que j'ai vu a dépassé mes espérances, cette façon de prouver et de justifier leur place au soleil" dit Marine Tonoyan, la Principale du Collège n°44 d'Erévan, après avoir assisté aux représentations théâtrales.

Aujourd'hui, leur répertoire comprend 15 pièces et 5 spectacles TV dont "Pygmalion" de Bernard Shaw, "Le Dragon" de Schwartz, " Révizor" (L'Inspecteur général) de Gogol, "Les Honorables Mendiants" de Baronian, "Don Quichotte" de Cervantès, etc.

"Les pièces sont choisies avec une attention spéciale, nous essayons de mettre en scène des pièces qui soulignent la puissance intérieure et l'esprit de l'être humain" dit le directeur artistique de la troupe, Levon Ivanyan.

Selon Levon Ivanyan, dans ce cas, l'art est une méthode pour libérer les enfants handicapés de leurs complexes, les rendre plus vigoureux et plus ambitieux.

"Nous nous occupons de la personne intérieure; en évaluant et en renforçant leurs qualités intérieures, les enfants surmontent facilement leurs problèmes extérieurs", dit Levon Ivanyan.

En 2002, le groupe a participé au Congrès mondial des Médecins à Istanbul, auquel assistaient des médecins spécialisés dans les problèmes d'enfants handicapés de 300 pays. La troupe a joué à cette occasion le conte "Kikos's Death" (La Mort de Guigos) en anglais.

"Ni moi ni les enfants ne savions l'anglais. Nous avons aussi surmonté cet obstacle et notre performance fut couverte non seulement par la presse turque, mais aussi par la BBC et CNN", dit Hasmik Khacheryan.

Tous les ans, la troupe s'agrandit. Des enfants et des jeunes ayant divers problèmes se réunissent ici pour surmonter leurs difficultés par la force puissante de l'art.

Ayant assisté à l'une de leurs représentations, le Directeur de l'Union artistique Narégatsi, Narek Harutyunyan dit : "Ils ont ouvert beaucoup de portes devant moi : leur jeu, leur volonté puissante, m'ont donné des ailes, et j'ai commencé à traiter les personnes handicapées d'une façon différente".

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Traduction Louise Kiffer

Source : http://www.armenianow.com/?action=viewArticle&CID=1351&AID=1172&lng=arm

Source : http://www.armenianow.com/?action=viewArticle&AID=1172&CID=1351&IID=&lng=eng