|
|
Jean
Jansem est né à Seuleuze
en 1920 (Asie Mineure).
Il
passe son enfance en Grèce à
Salonique et arrive en France à
l'âge de 11 ans où il commence
à peindre. Il suit des cours
du soir à Montparnasse.Obtient
son diplôme des Arts Décoratifs
en 1938.
Il fréquente
l'atelier de la Grande Chaumière
et présente sa première
toile au Salon des Indépendants
en 1939.
Au cours
de nombreux voyages en Grèce,
en Espagne, en Italie, il prépare
des grands thèmes de ses expositions
dont les pêcheurs et les enfants
de Grèce, les enfants et les
maisons d'Espagne, la tauromachie et,
en Italie, les paysages, les processions,
les marchés italiens ainsi que
Venise la lagune, les mascarades et
les carnavals.
Depuis
1951 : Jansem expose en France (Paris,
Amiens, nantes, Avignon, Marseille,
Nancy, Toulouse, Cannes, Mulhouse, Bayonville,
Clermont-Ferrand...) et à l'étranger
(Rome, Palerme, Lausanne, New-York,
Chicago, Palm Beach, Londres, Bruxelles,
Montréal, Tokyo, Osaka, Nagoya,
Beyrouth, Sao Paolo, Johannesburg, Allemagne,
Art Expo New York et Los Angeles...).
|
La
critique le qualifia de "Chantre
des déshérités".
Cependant les personnages du peintre,
exprimant même des états
d'âme d'extrême désespoir,
n'imposent pas aux spectateurs leurs
peines. Ils sont fiers et pleins de
dignité. Le peintre nous ouvre
un monde inhabituel, profondément
philosophique, tissé d'émotions
cordiales. Ces sentiments sont transmis
par un dessin solide qui, pareil à
un système sanguin, se répand
sur toute la toile et enrichit tous
les détails. La facture chromatique
du tableau accompagne le dessin comme
une mélodie. (Source : ACAM).
L'an
dernier, Jean Jansem a été
le héros d'une cérémonie
fort émouvante :
Elle s'est tenue dans les salons de
sa galerie parisienne avenue Matignon
dont les quatre niveaux avaient été
envahis par une foule dense et admirative.
Il s'agissait ni plus ni moins que d'assister
à la remise officielle à
Jean Jansem, un ancien émigré
arménien, de la plus haute décoration
française : La Légion
d'honneur...
" Chez Jean Jansem la douleur
est dans la forme, tandis que la symphonie
est dans les couleurs et rejoint la
composition. "(Christian Germak
- A.G.I.)
|
"JANSEM
Un renouveau ! " Par Christian
Germak
Arts Gazette International N° 379
et 384
Le
renouveau des souvenirs... L'adieu que
l'on grave sur les murs ! Lorsque
Jean Jansem veut sortir de ses personnages,
il se tourne vers un thème des
plus difficiles, des plus durs, peindre
des murs, juste les simples façades
de nos maisons, agrémentées
tout au plus d'une porte ou d'une fenêtre.
Et il réussit à réaliser
une oeuvre !... Pourquoi ? Parce que
très grand artiste, il ne laisse
rien au hasard. Il ne fait rien à
la légère, tout chez lui
est pensé, étudié,
mesuré et harmonisé. Ainsi
la large meurtrissure qui lézarde
le crépi d'un vieux fronton,
trouve une signification dans sa composition
générale.
|
|
|
De même
les couleurs usées, délavées,
se répondent tout en perpétuant
les souvenirs des excès des hommes
ou de la nature. Jansem a découvert
que le livre dans lequel s'inscrivent
les saisons, les cataclysmes, comme
les beaux jours, de la cité et
des hommes, sont là sous nos
yeux. Ce sont les murs de nos maisons,
et oh paradoxe ! Plus elles sont fragiles
et plus le texte inscrit y est long
et explicite. Alors l'artiste regarde,
se laisse émouvoir et après
avoir fait parler les visages, après
avoir interprété les personnages,
Jansem ouvre d'autres grimoires et nous
montre les hiéroglyphes qui sont
gravés dans la pierre. Puis reprenant
l'histoire à son profit, il crée
une autre catégorie de peinture,
avec des tableaux qui contiennent la
richesse des études issues de
l'abstraction, mais en poussant plus
loin la sincérité de son
expression à lui, et en l'affichant...
sur des murs... bien entendu !
|
|
|
Ici,
pour lui, pour Jansem, le Maître,
il fallait trouver un autre aboutissement,
puisque l'histoire dans laquelle il
nous fait entrer n'est pas spécialement
figurative malgré ses apparences.
Alors Jansem se retourne vers ce qui
compose tous ses tableaux, même
les plus dramatiques, la Beauté
! Celle des couleurs, bien sûr,
mais que veut dire, que serait la beauté
d'une couleur si elle est isolée.
Non, Jansem ne fait pas cela, il compose
une harmonie musicale issue des couleurs,
il en marie les tonalités, et
trouve des filiations dans les dégradés.
Jansem écrit et compose des poèmes
symphoniques dans lesquels les moderato,
les alto et les silences s'écrivent
et se traduisent en douces vibrations,
avec juste un sursaut de tonalité
dans un coin. Les rimes de sa mélodie
d'amour, comme de haine, s'inscrivent
en lettres au langage des couleurs dans
lesquelles les nuances les plus fines
jouent un rôle des plus délicats,
puisqu'elles sont les liens qui unissent
toutes les partitions entre elles.
Ce qui
apparaît comme étrange,
inhabituel, c'est lorsque le regard
fouille un de ces tableaux, il découvre
que la vieille porte de sapin peinte
en bleu, dont les veines sont autant
de témoins gravés par
le temps, est une source de tonalités
qui conduit du rouge au violet. Tout
l'arc en ciel y passe, mais de façon
peu perceptible.
|
Réel,
car le reflet du soleil couchant est
là, il s'est percuté et
s'est incrusté dans l'huis, il
est présent enfoui dans le plus
profond de la matière, mais,
parallèlement, il transmet au
bois les harmoniques de ses vibrations,
faisant résonner l'écho
de sa couleur initiale. Car il est certain
que tout ici bas se traduit par des
nuances. Le champignon qui s'installe
finit par incruster le noir pour y installer
les pompes de son propre deuil, l'algue
introduit un peu de vert dérobé
aux espoirs naissants du printemps,
tandis que le soir qui tombe installe
un voile d'argent sur la surface autrefois
lisse et devenue rugueuse du vieux muret.
Ainsi Jansem après avoir inscrit
les traces de l'Histoire sur les Hommes,
une Histoire qui grave en eux leurs
rides, nous propose aujourd'hui : les
traces des Hommes sur l'Histoire. Une
Histoire qui grave en elle les rides
de la Vie Universelle.
|
Jansem
dans ses " Murs " à voir
:
Galerie Matignon
18 Avenue Matignon
75008 Paris
Tel. : 01 42 66 60 32
Puis durant l'été, sur le
chemin de la Normandie, au Château
de Vascoeuil :
Centre d'Art et d'Histoire
8, rue Jules Michelet
27910 Vascoeuil
Tel. : 02 35 23 62 35
chateauvascoeil@aol.com |
|
(Photographies
de Florence Gopikian-Yérémian
avec son aimable autorisation.)
|
|
|
|
|
|
|