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Extrait de "L'ïle et un homme" de Kostan Zarian
La lune ouvre sur la mer sa voie nacrée et c'est le chemin que suit le barde en déclamant les paroles d'or de la légende. Il passe par les pays et les unit. La poésie épique, c'est l'union par excellence. C'est une volonté d'aventure qui s'élance dans les vents et les tempêtes. La poésie avance en conquérante, elle frappe du pied les pierres du chemin, elle a la voix aiguë et les yeux furieux. Qui n'a pas entendu parler des combats fantastiques entre Zeus et Typhon ?
Attends… Voilà, Zeus parle:
Que le rocher puissant l'écrase,
Le tienne captif des pierres et des flots,
Qu'il brûle dans les flammes,
Les mains crispées et l'écume aux lèvres
Face à l'ombre du gouffre,
Il demeure enchaîné et solitaire.
Et la voix furieuse de Typhon répond:
Jamais, jamais je ne mourrai.
Je demeurerai dans la fureur et la révolte,
Et les gueules ouvertes du volcan
Cracheront sur toi mes foudres vengeresses
Je persisterai éternellement,
M'agitant au fond du gouffre,
J'ébranlerai et détruirai tes rocs immenses.
Par le pouvoir de mes yeux
Je ravirai la puissance céleste
Tombée du firmament dans le volcan.
D'où vient cette légende de l'île ? Par quel chemin semé d'obstacles est-elle arrivée à l'existence et de quels souvenirs s'est-elle chargée ? Eh bien, elle vient directement de la région de Césarée de Cappadoce, autrement dit de Majak, où eut lieu le grand combat de Zeus – l'Aram des Arméniens – contre ses ennemis.
Aram a vaincu là les Titans, et en particulier Papayos Kaghia, le tueur qu'il a précipité "dans l'île d'une mer d'Asie"…
Il faut savoir que Papayos, Khimaïra-kena – c'est-à-dire "Papayos mère des chimères" devient en arménien Kaeï zarm, race de Kaé. D'après la mythologie grecque, les Titans se révoltent contre Cronos et son fils Zeus, mais Zeus, armé d'éclairs, les précipite dans le Tartare. Voyant cela leurs congénères les Géants veulent les venger et abattre Zeus. Mais celui-ci est plus fort, il en précipite quelques-uns dans le gouffre et enferme les autres sous les monts volcaniques. Le prince de ces Géants était Typhon, nom qui désigne le cracheur de fumée, de tourbillons de vent, de tempêtes, d'éclairs et de tonnerre. Il avait cent têtes et ses cent bouches jetaient des flammes. Zeus l'aurait enfermé, selon certains, sous l'Etna, selon d'autres, sous une île volcanique appelée Inarim ou Enaria. Maintenant, si l'on en croit le savant allemand Markwardt et d'autres spécialistes, le combat de l'Arménien Aram contre les Titans et contre le Titan Papayos Kaghia, de la contrée de Majak, en Cappadoce, n'est rien d'autre que la lutte de Zeus contre les Titans et Typhon…. Il faut dire aussi que le lieu habité par les Arims ou Arméniens, se trouvait là où l'on situe l'endroit habité par Typhon. Or, l'ancien nom de notre île, c'est in-Arim, ou En-Arim…
L'Histoire, tissu d'énigmes.
Récit traduit de l'arménien par Pierre Ter-Sarkissian. |