Eric
Grigorian a gagné le prix international du meilleur photoreporter de l’année
2002 : le World Press Photo. Rencontre lors de sa remise de prix, le 27 avril
dernier.
Vous êtes né à Téhéran. Quel souvenir en
gardez-vous ?
Assez vague. J’ai quitté l’Iran à neuf ans
pour aller vivre avec ma famille à Los Angeles. Je n’y suis retourné qu’en 1998
et rien ne m’a semblé familier.
Comment êtes-vous devenu photographe ? Vos
parents le sont-ils ?
Non, mes parents sont architectes. Mon père
pratiquait la photo étant jeune comme amateur. J’ai moi-même acquis mon premier
polaroid à sept ans mais je n’ai réellement commencé la photo qu’après vingt
ans. Je me suis inscrit en cachette à un cours et j’ai emprunté l’un des
appareils de mon père…depuis je passe mon temps derrière l’objectif.
Quel cursus avez-vous suivi ?
Au départ je suis allé à tous les cours de
photographie artistique. Puis en 1994, j’ai suivi le programme de
photojournalisme de l’Université de San José en Californie et j’ai fait un
semestre à Londres à l’Université de Syracuse où j’ai gagné le prix de la
Fondation Alexia http://newhouse.syr.edu/alexia
Etes vous couleur ou noir et blanc ?
Je fais les deux mais je préfère la photo noir
et blanc. La couleur est cependant beaucoup plus appréciée par les magazines
alors parfois je suis obligé de me résigner afin de pouvoir vendre mes clichés.
Quel est votre matériel ?
J’utilise un Canon 35mm et un Leicas.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai d’abord travaillé pour le Daily News à
L.A, puis je suis passé freelance pour différents magazines américains et
européens. J’alterne entre mes propres projets et des commandes précises mais je
n’aime pas la partie « business » de ce métier, voilà pourquoi je viens de
rejoindre la jeune agence photographique Polaris. A présent elle se charge des
comptes et moi je photographie.
Vous avez gagné le World Press Photo avec un
cliché pris pendant le séisme iranien de juillet 2002. Dans quelles conditions
avez-vous pris cette photo ?
Je me trouvais à Téhéran avec ma famille quand
le séisme a frappé. Le village de Changooreh se trouvant à 200 miles de la
capitale, j’ai mis quatre heures pour m’y rendre et j’ai fait une série de
clichés.
Pourquoi est-ce cette photo qui a gagné le
prix ?
C’est la plus bouleversante de ma série.
L’émotion tient une très grande place dans la qualité d’une photo.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune
photoreporter?
Si vous avez du talent en tant que photographe
n’abandonnez pas car c’est très difficile de percer dans le photojournalisme. La
compétition est rude et nécessite beaucoup de passion.
Le photojournalisme est-il l’un moyen idéal
pour découvrir le monde ?
Tout à fait. Personnellement, je ne suis pas
un « touriste ». J’aime aller dans des lieux et sentir moi-même dans quel
environnement je me trouve. Je fais ça tout le temps.
Etes-vous allé en Arménie ?
Une fois, en 2001. J’aimerais y retourner pour un
projet spécifique. Je me suis aussi rendu au Karabagh et j’ai été choqué par les
villages qui n’ont toujours par reçu les fonds qui leur étaient destinés.
Quels sont vos projets ?
Je pense publier un livre sur mes voyages en Iran.
Florence Gopikian-Yérémian