"L'immeuble
n'est toujours pas fini. J'ai commencé
la construction il y a 12 ans, avec mes propres
deniers, mais maintenant je cherche des fonds
pour le terminer", dit Margaret Gurdjieff,
présidente de" Gurdjieff International",
et membre de l'Académie des Sciences
Naturelles de Russie.
"Mais cela
ne m'empêche pas de traiter des patients
ici. Ohanavan est riche d'un champ spécial
d'énergie, qui aide une personne à
retourner à ses racines. Ici, à
n'importe quel endroit, la pensée humaine
s'arrête un moment, et l'âme se
met à parler."
Elle est la petite-fille
du célèbre psychologue et penseur
George Gurdjieff, fondateur de l'Institut
du Développement Harmonique de l'Etre
Humain. Elle dit qu'à Ohanavan, on
est guidé par les mêmes principes
sur lesquels s'est basé Gurdjieff à
l'Institut qu'il a fondé à Avon
en France (S et M - près de Fontainebleau)
et qui fonctionne encore aujourd'hui.
"Les disciples
de Gurdjieff étudiaient et vivaient
avec lui. C'étaient aussi des gens
avec une personnalité exacerbée
et négative, spécialement engagés
par Gurdjieff de façon à ce
que la vie en commun, sous le même toit,
crée une atmosphère tendue",
se rappelle Margaret Gurdjieff.
"Naturellement,
il y avait des conflits. C'est alors que le
grand psychologue dit à ses étudiants:
Faites attention quand vous vous disputez,
n'arrêtez pas, continuez à observer
ce que vous faites, et combien vous agissez
machinalement. Il faut être fort et
maîtriser consciemment ses émotions".
On travaille à
Ohanavan de la même manière.
Nombreux sont ceux qui se réunissent
là et apprennent à maîtriser
leurs émotions afin de pouvoir vivre
leur vie plus facilement.
Margaret Gurdjieff
reçoit aussi des patients de la clinique
"Sourp Mariam Asdvadzadzin" (Sainte
Marie Mère de Dieu) de Erévan.
Il y a un an, elle a fondé l'ONG "Gurdjieff",
qui compte plus de 50 membres, et son but,
généralement est de restituer
Gurdjieff et son enseignement à l'Arménie.
"L'Arménie
devrait toujours pouvoir apprécier
ses enfants. Il n'y a actuellement aucune
école, aucun institut ni centre portant
le nom de Gurdjieff aujourd'hui à Erévan.
Il avait un talent que le monde admirait.
Beaucoup de gens ne savaient même pas
qu'il était arménien",
dit Ruzanna Arzumanian, membre de l'ONG Gurdjieff.
"Ses livres
ont été publiés à
l'étranger, les gens le reconnaissaient,
lisaient ses livres et ont commencé
à appliquer ses méthodes. Les
centres Gurdjieff fonctionnaient aux Etats
Unis, en Europe, en Inde, au Tibet, en Turquie
et en Scandinavie".
Margaret Gurdjieff
est née et a été élevée
à Samarkand. Sa famille fut l'une des
nombreuses victimes des persécutions
de Staline. Son père fut exilé
uniquement parce qu'il portait le nom de Gurdjieff.
Margaret dit que Gurdjieff avait été
le conseiller de Staline, mais lorsqu'il y
a eu des divergences entre eux, il partit
pour l'étranger, et le régime
commença à exiler toute la famille
de Gurdjieff.
"Je me rappelle
comment ma grand'mère mon montrait
quelquefois en secret des manuscrits, sans
me dire qui en était l'auteur. La théorie
de Gurdjieff enseigne à une personne
d'être indépendante et libre,
naturellement cela n'était pas admissible
en Union Soviétique. J'ai appris tout
cela seulement en 1997, quand je me suis familiarisée
avec la théorie de Gurdjieff et que
j'ai commencé à l'étudier.
Tout cela me semblait si proche et si familier".
Les idées
de Gurdjieff, exprimées dans ses ouvrages
philosophiques, musicaux et littéraires,
sont appréciées par des personnes
qui disent avoir gagné en fin de compte
leur confiance en soi. Il est considéré
comme le fondateur de ce qu'on appelle la
Quatrième Voie.
Margaret explique
qu'il y a trois directions dans le développement
humain : le mental (monk), le physique (Khakira)
et Yogina, dans lequel sont unis le physique
et le spirituel. Ces trois directions se développent
hors de la société. La quatrième,
prédit Gurdjieff, se développera
à l'intérieur de la société,
harmonisant la sagesse de l'Orient et l'énergie
de l'Occident.
Cependant, Margaret
a développé sa propre théorie,
l'ajoutant à l'enseignement de Gurdjieff,
et l'appliquant dans son travail. Elle explique:
"Il y a trois centres dans l'homme -
intellectuel, physique, émotionnel.
L'homme est complet quand ces trois centres
sont en harmonie."
"Les conditions
à Ohanavan permettent aux patients
d'utiliser ces trois centres en même
temps. Ils travaillent ensemble, étudient
un langage, mais quand ils commencent à
se quereller, je dis qu'ils sont devenus des
marionnettes mécaniques, et la méthode
de Gurdjieff leur enseigne à veiller
à ne pas être des machines".
La Quatrième
Voie enseigne à une personne de gérer
consciemment ces trois centres. Il faut s'éveiller
et regarder l'environnement avec le regard
de sa propre âme. On doit développer
et enrichir son âme.
"Dans
mon travail, j'emploie plusieurs techniques.
D'abord je dirige quatre séances individuelles
qui mènent une personne jusqu'à
un certain état conscient. Après
la quatrième, elle fait un rêve",
dit Margaret, psychologue.
Quand
elle me décrit son rêve, j'en
tire l'information mentale qui révèle
la cause du stress. Une personne voit ses
problèmes personnels dans son rêve.
Toute l'information sur une personne est contenue
dans son subconscient, et après la
quatrième séance, le subconscient
délivre son information".
Elle
compare cela à une enquête. Gurdjieff
lui-même avait l'habitude de dire que
notre conscience est notre subconscient. Révélant
la cause, on l'élimine, dirigeant simultanément
des séances psychologiques au cours
desquelles on enseigne à une personne
comment préserver sa propre énergie,
et la donner aux autres.
Margaret
Gurdjieff dit qu'elle aide les gens à
vivre plus sincèrement, en leur retournant
leur propre ego.
"La
Quatrième Voie de Gurdjieff est particulièrement
nécessaire dans des pays qui sont en
transition. La théorie enseigne à
l'homme à se préparer aux conditions
de vie sociale les plus extrêmes".
Elle
dirige les séances en les accompagnant
de musique composée par Gurdjieff pour
ce but. L'un de ses patients, qui ne voulait
pas être identifié, dit: "Cette
musique semble avoir nettoyé mon âme.
J'ai senti mon âme se séparer
de mon corps, s'élancer en toute liberté,
et revenir en moi enrichie et plus viable.
Après toutes ces séances, je
suis devenu plus équilibré,
plus en harmonie avec le cosmos et avec moi-même".
Margaret
dit qu'un homme doit s'accepter comme il est,
être franc avec lui-même et non
pas jouer la comédie. Chacun doit comprendre
qui il est. Quand il accepte même le
mal qui est en lui, il est déjà
bon.
Elle
dit toujours à ses patients: "avant
d'aller au lit, analysez votre journée
depuis le commencement, et repérez
quand vous avez été une machine,
et quand vous avez été vous-même".
Le
125ème anniversaire de la naissance
de Gurdjieff a été célébré
cette année, et Margaret a invité
tous ceux qui voulaient y participer à
se joindre à cette commémoration
en octobre. Une table ronde dédiée
à sa vie et à ses activités
fut récemment organisée à
l'Université américaine d'Arménie.
Au
mois d'août, Margaret s'est rendue à
L'Institut du Développement Humain
Harmonique d'Avon, et a établi des
relations. Ses collègues français
lui ont rendu visite à leur tour à
Ohanavan et démontré l'un des
enseignements de Gurdjieff par des danses
rythmiques.
Margaret
dit: "Tout ce qui arrive à une
personne, bon ou mauvais, doit être
accepté d'une manière consciente.
Le travail réel avec une personne commence
par la maîtrise de soi. On doit pouvoir
admettre ses erreurs et travailler contre
elles.
"Dans
ce cas-là, les événements
indésirables de la vie ne seront pas
acceptés si facilement, et ne nous
ôteront pas nos forces. Commencez avec
vous-même".
Gurdjieff
a dit: "Il y a deux choses illimitées
sur terre: la sottise humaine et la miséricorde
de Dieu".
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Traduction
Louise Kiffer
Source : http://www.armenianow.com/archive/2005/eng/?go=print&id=1073