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Par Isabelle Kaprielian-Churchill
Traduction Louise Kiffer
Cette recension du livre Murad of Sepastia fut présentée par Pr Kaprielian-Churchill lors de son lancement à l' « Armenian Cultural Foundation » à Arlington, MA, fin 2006.
Référence : Mikayel Varandian, Murad : Life and Work of a Warrior from Sepastia, Boston : Hairenik Press (1931) [en arménien].
Traduction en anglais de Ara Ghazarians, Murad of Sepastia. Arlington, MA : Armenian Cultural Foundation (2006)
J'étais jeune quand j'ai entendu parler pour la première fois de Mourad de Sébastia. Mon père avait à la maison des photos de lui, d'Antranig et d'autres héros nationaux, et il était ravi de nous raconter les histoires de leurs exploits, leur audace et leur bravoure. Lui et ma mère nous apprenaient des chants patriotiques, comme "Dalvorig", "Guervétsék deghék" et la préférée de mon père "Loussin tchigar". Je me rappelle encore en train de chanter le chant d'Antranig, "Iprév Ardziv", à la chorale de notre école arménienne, et de marcher avec mes amies, de l'école arménienne à la maison en braillant "Pamp Vorodan". Nous avions appelé nos filiales d'après nos héros : Nikol Douman, Mourad, Sebouh. Et nous avions donné à nos enfants les noms de Dro et Roupen. Lors de mon premier voyage à Paris, j'ai fait un pèlerinage au cimetière du Père La Chaise pour rendre hommage à la tombe d'Antranig et prendre des photos pour mon père et un oncle qui avaient combattu aux côtés du célèbre général.
En grandissant, j'ai appris la tragédie du génocide, mais cela ne dominait pas notre culture. Je n'avais pas entendu grand chose des marches vers la mort, de la confiscation des propriétés, de la famine, des maladies, du viol des femmes, des enlèvements d'enfants, des tortures et des meurtres. Ma vision de mon patrimoine n'était pas une boucherie, ni de la brutalité ; c'était plutôt une vision de soldats de guérilla combattant pour la liberté dans les montagnes, remplissant d'effroi et de respect craintif les cœurs de leurs adversaires. C'était une vision de valeur et de victoire.
Nous étions imbus d'un sentiment de force, de triomphe. Nous avions nos héros nationaux. Nous étions fiers de nos combattants, hommes et femmes – nos Vartan, et Sossé Mayrig. Nous nous réjouissions des réussites de nos gamavors (volontaires) et des fédayis. Encore aujourd'hui, mon frère a, dans son salon, une photo encadrée du Général Antranig et une d'Agnouni.
Quand je regarde en arrière, je vois que tout cela était une culture de réfugiés – survivants du génocide, oui – mais survivants qui refusaient de rentrer sous terre, qui possédaient l'énergie et la volonté de reconstruire une nation. C'était une culture fascinante, enracinée dans la tradition des montagnes, ayant l'aura du courage et la poigne d'acier de la détermination. Une culture que les survivants ont transmise à leurs enfants par des histoires, par l'art et la musique.
Puis un silence incompréhensible s'est insinué au sein de la société arménienne. L'histoire arménienne a changé de centre d'intérêt. Nous avons lu et entendu de plus en plus de récits de souffrance et de tragédie, d'humiliation et d'indignité, au sujet de la déshumanisation, au sujet de notre Golgotha. Notre culture a viré de celle de victoire à celle de brimades écrasantes.
En lisant le "Murad" de Varandian, je me suis rendue compte qu'à l'exception de livres comme celui-ci, nous semblons, en Amérique du Nord en particulier, avoir permis à notre mémoire collective de sommeiller. Nos perspectives ont changé, au point que nous dansons maintenant sur "Vérkérov li" qui est, comme nous le savons, une chanson lugubre, une lamentation.
Je ne sais pas pourquoi nous, Arméniens, avons changé notre manière de penser et de parler de notre histoire. Sommes-nous réticents à admettre que nous avons pris les armes contre l'injustice et l'anarchie, que nous avons brûlé des villages pour venger le meurtre de nos familles, que nous avons tué pour résister à la tyrannie et l'assujettissement ? Nous sentons-nous menacés par les coups tordus des négationnistes du génocide à propos de nos représailles pour leurs manipulations incessantes visant à expurger les marches à la mort et les massacres organisés par le gouvernement turc contre sa propre population civile ? Avons-nous oublié les innombrables jeunes Arméniens des fermes et des villes échappés de la mainmise des autorités turques, enfuis vers les montagnes et les forêts et engagés chez les volontaires arméniens, pour défendre et sauver les restes de la nation arménienne ? Quand les Belges de la Première Guerre Mondiale ont résisté contre la brutalité allemande, ils ont été glorifiés comme des héros, mais quand les Arméniens ont combattu l'homme pour leur survie, ils ont été condamnés comme traîtres, révolutionnaires et instigateurs de guerre civile. En un sens, Varandian lui-même répond à cette double norme : « Comme si les Européens pensaient que les Arméniens étaient une race supérieure et n'auraient pas dû tacher leurs mains du sang des femmes et des enfants innocents ». (Murad, p. 183).
Il me semble que pour une véritable compréhension équilibrée du Génocide, il est essentiel de connaître les activités, les décisions et expériences d'hommes comme Mourad et Antranig. Pourtant, où se trouve l'analyse qui les dessine dans le cadre plus vaste du génocide ? Où est le discours qui enracine les libérateurs arméniens dans une plus grande période de l'histoire arménienne ?
Il y a quelques années, j'ai programmé, à l'Université d'Etat de Fresno, un cours intitulé: « Le Génocide arménien dans un contexte comparatif ». Mon objectif principal était de montrer que le Génocide, l'Holocauste, le Cambodge et le Rwanda n'étaient pas des événements uniques dans l'histoire humaine. Beaucoup de similitudes, à vous donner le frisson, existent; mais il y a eu aussi d'importantes différences. En comparaison avec d'autres génocides du 20ème siècle, la résistance arménienne au génocide a été mieux organisée, plus étendue, et a tenu plus longtemps, jusqu'au point culminant des victoires arméniennes de Kara Kilise, Bash Aparan et Sardarabad. Non pas que nous devrions rivaliser pour savoir quelles victimes de génocide ont plus souffert, ou lesquelles ont riposté avec plus d'efficacité, mais la résistance des victimes devrait constituer une composante sérieuse du vaste panorama des études sur le génocide.
Mikayel Varandian, théoricien et intellectuel de la FRA, a publié cette biographie de Mourad en arménien en 1931. Varandian appartenait à l'aile socialiste de la Fédération Révolutionnaire Arménienne, il a représenté la FRA au Congrès de la 2ème Internationale en 1910, et de nouveau en 1919. Ecrivain prolifique, son ouvrage le plus significatif est l'histoire en deux volumes de la FRA (en arménien).
La biographie de Mourad par Varandian est fondée sur des interviews, des mémoires, et sur les propres souvenirs personnels de l'auteur, héros de Sébastia. Outre une information biographique, Varandian nous donne un aperçu considérable des conflits internes de l'hostilité dans la FRA, entre les socialistes convaincus et les nationalistes inflexibles. Il décrit également les querelles entre les dirigeants politiques et les commandants militaires notamment entre la FRA et le Général Antranig, mais aussi entre la FRA et Mourad.
Comme il fallait s'y attendre, Varandian se concentre sur les griefs des mouvements sociaux de la base, et des rébellions de la base Les troubles de Sassoun en 1894 et en 1904 étaient en effet la révolte des paysans contre les forces suffocantes combinées pour accabler la paysannerie arménienne appauvrie: exploitation par les chefs de clans kurdes, déprédations par des bandits kurdes et oppression par l'Etat turc. Ce qui différencie des mouvements précédents, les insurrections paysannes dans différentes localités et les grèves prolétariennes, les protestations et les manifestations dans la Capitale à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, c'est la présence, l'idéologie, l'implication et l'organisation d'un nouveau phénomène de plus en plus laïque, les partis politiques. Il est vrai, naturellement, qu'à la fois les programmes des partis Hentchag et Tashnag, étaient, à leur stade initial de formulation, plutôt amorphes, et avaient bien besoin d'être clarifiés. Mais on voit bien une période de transition où la paysannerie et le prolétariat sont juxtaposés à une classe moyenne urbaine éduquée, et pour autant que les partis sont concernés, un remarquable contingent d'intellectuels arméno-russes. Serop Aghpur a combattu en 1894 dans la rébellion de Sassoun, c'est certain, mais une bonne partie de l'organisation et des ressources provenaient de la direction politique :
Mihran Damadian, et Hamazasp Boyadjian. Ce livre met en évidence la relation et, en fait, les tensions entre les partis politiques et les simples gradés.
Varandian commence son livre en parlant des héros. Les héros sont typiquement un composant du discours nationaliste: Notre langue, notre religion, notre histoire, nos traditions, nos héros, notre nation. En ce qui concerne Mourad, Varandian emploie un mot inhabituel. Il l'appelle le Haydouk de Sébastia. Haydouk n'a aucun rapport avec Hay, ni avec l'aristocratie. En arménien, Haydouk signifie combattant. Les Haydouks ont été un phénomène très important dans les révoltes paysannes. C'étaient des Robin des Bois plus sérieux et mieux organisés. Les Haydouks étaient les William Wallace d'Ecosse, les Garibaldi d'Italie, les Pancho Villa et Emiliano Zapata de Mexico, et pour l'époque contemporaine, les Lech Walesa de Pologne
Mourad était né dans le village de Kovtun de Sébastia en 1874. Il était illettré, un simple vacher, aussi modeste qu'un berger ou un chevrier. Devenu jeune homme, il s'enfuit à Constantinople où, comme beaucoup d'autres, il prit un travail subalterne de porteur. A une école du dimanche, il apprit à lire l'arménien. Déjà adolescent, Mourad se révoltait contre les mauvais traitements, un pauvre qui refusait d'accepter la servilité de la pauvreté. Il établissait sa liberté au moyen des seules ressources ouvertes aux indigents de cette époque et de ce lieu: sa présence d'esprit, sa force, sa bravoure, sa détermination, et son dévouement envers son peuple. Il s'engagea dans le parti Hentchag – du moins au début – et participa aux protestations et manifestations du début de 1890 à Constantinople. En compagnie d'une bande d'hommes armés – d'autres paysans comme lui : Kevork Tchavouch, Hrayr Dzhoghlk – il valida son identité de combattant de la résistance arménienne. De cette façon, lui et ses compagnons représentaient une réponse agressive aux doléances agraires arméniennes. Comme tels, ils formaient la base arménienne de la guerilla militia. L'idéologie n'était pas leur mobile; c'était plutôt un désir ardent de "libérer" le peuple arménien de la coercition et de l'esclavage des autorités turques, ainsi que des ravages des brigands kurdes et des chefs de tribus. Ainsi, on voit un amalgame, une fusion des problèmes de classe avec le nationalisme: le paysan arménien debout contre le seigneur de guerre étranger.
Après son expulsion de Constantinople, Mourad partit pour le Caucase, et finalement à Sassoun au cours du soulèvement de 1904. De retour au Caucase, il fut amené à prendre part à la lutte contre la répression tsariste lors de la confiscation des terres de l'Eglise arménienne et la fermeture des écoles arméniennes, et ensuite il s'engagea dans les conflits arméno-tatars.
Au cours de ces années-là, lui et ses hommes vivaient avec les paysans. Il était fier de dire: "Nous sommes les hommes du peuple et des paysans illettrés" (p. 46). Lui et ses compagnons rendaient service aux paysans arméniens, et en retour, les paysans les aimaient, les aidaient, et les soutenaient. Ils leur procuraient des logements et partageaient avec eux leurs maigres ressources alimentaires. Pour les paysans, les fédayis n' étaient pas seulement des champions de la justice et des défenseurs contre le pillage, mais des combattants pour leur libération. Sans cette sympathie mutuelle et ce soutien de la population locale et des combattants de guérilla, les haydouks comme Mourad n'auraient jamais pu lutter avec succès.
L'archevêque Nércès Tangian écrit au sujet de Mourad:
"En ce qui concerne Mourad de Sébastia, c'était un personnage vibrant et dynamique, un héros au sens propre du mot. Il vivait dans les villages d'une façon simple et modeste. Lui et ses disciples vivaient comme des paysans. Ils mangeaient du yaourt, des œufs, du fromage et même du pain sec. Ils ne demandaient rien et agissaient honnêtement avec le peuple. Ils rassemblaient les jeunes en groupes organisés. Ils leur apprenaient des chansons, et avec des histoires héroïques, ils leur inculquaient la plus haute moralité. Ils vécurent longtemps au Zanguézour, mais ne se permirent jamais des actes immoraux. Les villageois juraient en leur nom et s'émerveillaient de leur moralité...
Leurs combats étaient toujours d'autodéfense. Ils n'avaient recours à des mesures préventives que lorsque le danger était grand. Mourad n'a jamais permis à ses combattants de tuer des femmes turques et des enfants. Il était magnanime envers ces femmes et enfants innocents de l'ennemi". (p. 65).
Il semble que Mourad et les autres fédayis vivaient conformément aux principes essentiels de la lutte de guérilla: payer tout ce qui était fourni par la population locale; ne pas violer les femmes locales; donner des terres, apporter la justice et fonder des écoles partout où ils allaient; et ne jamais vivre mieux et différemment que les habitants locaux (1).
Quoiqu'ils fussent des villageois incultes, ils étudiaient les collines et les montagnes, leur hauteur et leur situation, les gorges et les vallées, les grottes, les rivières et les ponts. Ils savaient où se trouvaient les villages, les routes, le télégraphe et les lignes de chemin de fer. Ils étudiaient les étoiles et apprenaient à survivre grâce aux plantes des montagnes et des forêts. Selon Varandian, bien qu'ils fussent incultes, ils avaient appris "l'art de la guerre avec les stratégies et les tactiques aussi modernes que celles enseignées dans les académies militaires des nations les plus avancées" (p. 30). Peut-être pas dans le style de Clausewitz, mais ils devinrent des experts en tant que guérilleros, des hommes durs et mobiles, qui combattaient selon leurs propres conditions, des montagnards pour qui la montagne était une complice et non pas un adversaire.
"Les montagnes", déclarait Mourad, "sont devenues mon école et mes compagnons d'armes. Le Tashnagtsoutioun, mes enseignants" (p.80). Les guérilleros arméniens comme Mourad étaient, sinon les premiers, du moins l'un des premiers du 20ème siècle à utiliser la guérilla, et à l'utiliser avec efficacité. Les mêmes tactiques, avec des variations locales, furent employées plus tard dans le siècle par Mao, Che Guevara, Le Viêt-cong, et récemment par les insurgés en Irak.
La plupart des fédayis ne se marièrent probablement pas pendant qu'ils étaient au combat. Cette chasteté apparaît à travers des ballades comme "Verkérov li" :
Vérkérov li djan Fedaye ém
Taparagan doun tchouném
Yaris pokhan zénk's ém kerguél
Mité hankist koun tchounémCouvert de blessures, je suis un bon fedaye,
Errant, je n'ai pas de maison.
A la place de ma fiancée, je porte mon arme.
Je n'ai pas un sommeil tranquille, n'est-ce pas ?
C'est seulement après le coup d'état de 1908-09 que le haydouk vagabond est retourné dans son village natal, s'est marié et s'est installé. Sans perdre de temps, Mourad a commencé à faire des changements très importants : il a organisé les activités de la FRA, un réseau d'écoles, des sociétés caritatives et féminines. Il a introduit la co-éducation, l'éducation physique et les arts dramatiques dans les programmes scolaires, il a monté des troupes de théâtre et encouragé l'éducation des adultes. D'une main ferme, il a essayé d'éradiquer la corruption et le népotisme, de réformer l'administration des villages et d'améliorer les conditions socio-économiques de Kovtun et de la campagne environnante. Il a entraîné avec succès les jeunes gens à la self-défense. La sécurité et le bien-être des villageois étaient la première préoccupation de son esprit, et il y a continuellement fait attention: "Les choses les plus impératives pour la survie de notre peuple sont les armes, l'éducation, et le labour". Bref, cet homme à demi cultivé a essayé d'apporter une certaine mesure de modernité et de stabilité à sa région, et d'aider les paysans à rénover leurs outils pour s'émanciper. Cette section, il me semble, met en relief un aspect de Mourad qu'il a lui-même toujours dédaigné. Alors qu'il affirmait qu'il ne savait pas grand chose de la théorie politique, il est évident que Mourad était politique, très politique. Peut-être n'avait-il pas la formation théorique d'un Varandian, mais la politique était inévitable, que ce soit dans les relations entre riches et pauvres, Chrétiens et Musulmans, Arméniens et Turcs. Même au sein de la sphère politique arménienne, la question du socialisme et du nationalisme était sujette à controverses et avait causé à Mourad une anxiété considérable.
Les cinq chapitres suivants traitent de la Première Guerre Mondiale et des différents rôles que Mourad a joués en ces temps précaires. Permettez-moi d'en mentionner deux:
Le livre a été soigneusement traduit en anglais par Ara Ghazarians, conservateur de la Fondation culturelle arménienne, qui a également fourni des notes de bas de page explicatives, abondantes et très utiles. Dans ce résumé, je n'ai fait qu'écrémer la surface de ce qui attend le lecteur. Varandian sépare la réalité de la légende romantique et nous aide à comprendre le caractère de Mourad de Sébastia – un humble vacher qui a grimpé pour devenir un combattant et un héros national. Un éducateur, un juge et un administrateur. Nous avons un aperçu des valeurs qu'il a épousées, des dangers qu'il a affrontés, des risques qu'il a courus et de la vie qu'il a choisi de mener.
Mourad de Sébastia est un symbole de tous les combattants pour la liberté de l'Arménie, et les chevaliers du mouvement arménien de libération.
Je verrai toujours Mourad de Sébastia vigoureux et dynamique.
"Vêtu de noir
Des yeux vifs perçants
Des cheveux noirs
Une moustache noire
Sa bandoulière à travers la poitrine
Son fusil prêt à son côté
Et son Pégase bien-aimé
Son étalon fougueux
Le transportant sur des pics élevés
Galopant au sommet
Des montagnes
Victorieux et noble" (2)
Isabel Kaprielian-Churchill est professeur d'histoire arménienne et d'immigration au département d'Histoire à California State University Fresno. Spécialisée dans le domaine de l'histoire de la Diaspora arménienne, elle est l'auteur de: Like Our Mountains: A History of Armenians in Canada [Comme nos montagnes, une histoire des Arméniens au Canada], Montreal & Kingston : McGill Queens University Press (2005), xlviii + 625 pp