24 avril1915, le génocide des arméniens est perpétré
par les "Jeunes Turcs" de l'Empire Ottoman.

Par sa situation géographique, l'Arménie séculaire a de tout temps fait l'objet des convoitises de ses voisins et des conquérants d'Asie centrale.

Blessée, meurtrie, écartelée, reconstituée, puis de nouveau démembrée, la population arménienne s'est toujours relevée par ses propres moyens devant l'injure faite à son intégrité morale, physique, spirituelle et nationale.

MAIS REMONTONS A L¹AN 301 APRÈS JESUS CHRIST:

En effet, cette année-là, c'est le roi Tiridate III qui siège sur le trône d'Arménie. le royaume est sous l'emprise du mazdéïsme et du paganisme.

C'est alors que le patriarche Grégoire, père de l'Eglise arménienne, Saint Grégoire l'Illuminateur, dont la statue monumentale à été inaugurée le 19 janvier 2005 en la basilique Saint-Pierre de Rome, successeur de l'apôtre Barthélémy dans l'évangélisation arménienne, va convertir le roi Tiridate à la foi chrétienne. Une conversion dont la portée et les conséquences, vont retentir jusqu'au début du 20ème siècle.

Si l'Arménie devient la première nation chrétienne du monde,1614 ans plus tard, ces épousailles seront l'une des causes du premier génocide du 20ème siècle; car en effet, cet îlot de la chrétienté, seul obstacle à ce qu'on appellera, le pantouranisme, constituait une entrave majeure aux rêves d'expansion de l'Empire Ottoman sur son flanc Est, autrement dit, un empêchement à l'union de tous les pays de langue et de tradition turques.

MAIS, POUR LES ARMÉNIENS, TOUT COMMENÇA LE JOUR DU PLUS GRAND DÉLUGE DE TOUS LES TEMPS.

Selon la légende, ils descendraient de Haïk, qui n'est autre que le petit-fils de Noë, dont l'arche se serait immobilisée sur le mont Ararat, actuellement en territoire turc. Depuis ces temps immémoriaux, bien des années passèrent, jusqu'au jour où, Jason le Thessalien. découvre la Toison d'or. et parmi les Argonautes, il y a le fidèle compagnon de Jason. un général dénommé Arménios. Fidèle d'entre les fidèles, Arménios attendra le dernier souffle de son illustre modèle, pour fonder le pays d'Arménie.

Mais, c'est en 521 avant Jésus-Christ que l'existence de l'Arménie est avérée par une trace écrite laissée par l'Empereur des Perses, Darius. A l'issue de l'une de ses iniques batailles, il dira : j'ai vaincu les Arméniens ! et ce qui fut dit, fut écrit. En fait, l'Arménie est née de la chute de l'éphémère royaume d'Ourartou, au début du 5ème siècle avant notre ère, et dont l'épicentre se trouvait près du lac de Van, haut lieu de l'Arménie historique.

Après avoir réussi à traverser les siècles malgré les multiples invasions où rien ne lui sera épargné, la grande Arménie, qui s'étendait de la mer Caspienne à la Méditerranée, en passant par la Mer Noire, soit plus de 300 000 km2 alors qu'aujourd'hui, elle représente une superficie de 29800 km2, perdait ainsi inexorablement ses terres ancestrales.

Au 11ème siècle, Byzance avait annexé plus de la moitié du royaume ; quand, venus des confins de l'Asie Centrale, les Turcs Seldjoukides contraignirent la population arménienne à se scinder en plusieurs groupes migratoires. Les uns émigrèrent vers l'Ukraine et la Hongrie, les autres vers le sud, dans la région de l'actuelle Adana, au bord de la Méditerranée.

La Grande Arménie venant de passer sous domination mongole, le prince Ruben, fonde alors en Cilicie le royaume de la Petite Arménie.

Durant près de deux siècles, cette structure de type féodal, à la croisée des routes commerciales maritimes, vivra dans une opulente prospérité jusqu' en 1375, date à laquelle les Mamelouks et les Turcomans en prirent possession, contraignant à l'exil le roi Léon V de Lusignan.

LES RESTES DE CE SOUVERAIN D'ORIGINE POITEVINE REPOSENT AUJOURD'HUI EN LA BASILIQUE SAINT-DENIS AUX CÔTÉS DES ROIS DE FRANCE.

Puis, ce fut au tour de Byzance de subir le joug ottoman. Le 29 mai 1453, à l'âge de 21 ans, Mehmet II le Conquérant, à la tête de ses janissaires, s'empare de Constantinople. C'en est fini de l'Empire Byzantin. L'Arménie, quant à elle, se trouve être partagée entre les Turcs, les Perses et les Russes.

Désormais, l¹Europe entre en scène et peut faire son marché. En 1828, la Russie s¹empare de la partie orientale arménienne, dont fait partie Erevan. tandis que la Turquie, aidée par le Royaume Uni, récupère à l'ouest, un périmètre allant de Erzeroum à Kars..

Ces multiples bouleversements géo-politiques subis par le peuple arménien, opérés au gré de l'appétit des occupants, vont bientôt forger son identité nationale.

En attendant ce réveil, les Arméniens font contre mauvaise fortune bon coeur. Ils s'investissent dans le commerce et l'économie, tout en participant avec succès à l'administration du pays. Mais les réformes annoncées se font attendre, tandis que l'Empire Ottoman va commencer à perdre de ses possessions balkaniques. Premier de la liste, la Bulgarie.

Pour la Turquie, c'en est trop; d'autant que parallèlement, les autonomistes arméniens s'organisent dans le dessein de reconstituer l'Arménie historique.

Espoir très vite déçu. En mars 1878, le traité de San-Stefano prévoit l'autonomie; trois mois plus tard, le Congrès de Berlin infirme ces dispositions pour l'application de simples réformes administratives: Chypre passe à la Grande Bretagne, qui promet aux Turcs son soutien contre la Russie. La trahison est consommée; pour le contrôle britannique de la Méditerranée. Ce sera le premier marché de dupes subi par les Arméniens.

MAIS DU CÔTÉ DE CONSTANTINOPLE, ON N'EST PAS DÉCIDÉ À CÉDER À CE COURANT INDÉPENDANTISTE PERSISTANT. IL S¹AGIT DE METTRE AU PAS UNE POPULATION QUALIFIÉE DE TRAITRE À LA NATION, ACCUSÉE DE CONSPIRATION AVEC LA RUSSIE.

C'est ainsi qu'en 1894, alors qu'aucune réforme n'a été appliquée, sous les protestations de plus en plus appuyées des Arméniens, près de 300 000 d'entre eux seront systématiquement exterminés. Il est évident que ces crimes ne pouvaient rester en l'état, sans une réaction arménienne. C'est ce que fit le parti révolutionnaire Dashnaksoutioun en attaquant la Banque Ottomane de Constantinople le 26 août 1896, afin d'attirer l'attention de l'Europe. La riposte du sultan Abdul Hamid fut immédiate : 5 à 7000 Arméniens furent massacrés sur place.

A cette époque, le grand humaniste Jean Jaurès déclarait à la Chambre des Députés : " C'est parce qu'on n'a pas réclamé avec assez d'énergie des réformes pour les Arméniens, que les massacres ont eu lieu ! ". Il ajoute: " Ce que je dis là ne sont pas de vaines prophéties. Il semblait que le Sultan, averti enfin par l'indignation tardive de l'Europe, allait suspendre les massacres arméniens, et M. le ministre des Affaires étrangères lui avait écrit au lendemain des interpellations qui s'étaient débattues ici : "Il ne faut plus qu'il soit versé une goutte de sang". Mais il a repris confiance, il ne vous redoute plus; il voit tout à coup que vous restez encore ses meilleurs soutiens et ses meilleurs amis. Et voici qu'à l'heure même où nous parlons, les massacres d'Arménie recommencent, les populations arméniennes sont massacrées de nouveau, et le Sultan ne nous permet pas d'oublier une minute à quelle collaboration vous vous résignez, en acceptant l'action des troupes ottomanes pour la pacification de la Crète. "

UN LUGUBRE PRÉLUDE QUI ANNONÇAIT LE GÉNOCIDE DE 1915 ET DE L¹ATTITUDE EUROPÉENNE, PENDANT, ET APRÈS . MAIS LES MASSACRES NE SUFFISAIENT PAS AU SANGUINAIRE ABDUL HAMID. UNE ISLAMISATION FORCÉE PROMETTAIT LA VIE SAUVE AUX CONVERTIS. LES AUTRES SERONT ÉCARTELÉS, DÉCAPITÉS, ÉGORGÉS, ÉVENTRÉS, PENDUS. SANS COMPTER LE VIOL DES JEUNES FEMMES, ET LES ENFANTS ASPHYXIÉS , JETÉS À LA VERMINE.

La persécution chrétienne à des fins politiques était bel et bien en marche.

Et pourtant, en renversant en 1909 le Sultan Rouge, le parti révolutionnaire multi-ethnique Union et Progrès des Jeunes Turcs, annonçait une nouvelle ère dans les relations arméno-turques. Il y eut même des alliances, des accords, 14 députés arméniens au parlement, l'espoir d'une société fraternelle et égalitaire. Mais rien n'y fit. Les massacres redoublèrent à ADANA en Cilicie.

Dans un sursaut de conscience, l'Europe intervint un bref moment pour rétablir les Arméniens dans leurs droits. mais le ver avait déjà fait son oeuvre. Le coeur de la pomme n'y résisterait plus très longtemps.

Alors, tandis que la Turquie se bat sur plusieurs fronts et perd de son influence dans les Balkans, le sort des Arméniens et des autres minorités chrétiennes est laissé en l'état jusqu'au déclenchement de la Première Guerre Mondiale.

Pour les Indépendantistes, cette nouvelle donne est l'occasion de revendiquer à nouveau l'établissement d'une Arménie libre. et c'est là qu'entre en scène le triumvirat responsable de l'élimination de près d'un million et demi d'Arméniens vivant sur le territoire turc.

Ils ont pour noms : Djemal pacha, ministre de la Marine, Enver pacha, ministre de la Guerre, et Talaat pacha, ministre de l'Intérieur. Pour Talaat, le plan est simple. il s'en explique dans un télégramme envoyé à la direction du parti à Alep : " Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte, ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici. "

ENFIN, LE SECOND TÉLEGRAMME MET DÉFINITIVEMENT EN LUMIÈRE LES INTENTIONS CRIMINELLES, PLANIFIÉES, DU GOUVERNEMENT JEUNE TURC À L¹ADRESSE DES ARMÉMIENS : "Il a été précédemment communiqué que le gouvernement a décidé d'exterminer entièrement les Arméniens habitant en Turquie. Ceux qui s'opposeront à cet ordre ne pourront plus faire partie de l'Administration. Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, quelque tragiques que puissent être les moyens d'extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence. "

L'émigration massive des sujets turcs des Balkans est l'occasion inespérée d'inciter la population musulmane à se méfier des Arméniens, afin d'attiser la haine du peuple turc contre les infidèles. Dans certains villages, il est même interdit de parler l'arménien.

Ainsi, prenant appui sur la guerre en cours, et malgré une reconnaissance de la fidélité des soldats arméniens, dans un document signé par Enver pacha le 26 février 1915, ces derniers sont désarmés quelques semaines plus tard, sous le prétexte de trahison, accusés d'intelligence avec la Russie. regroupés en bataillons de travail, près de 200 000 d'entre eux seront exécutés. En fait, la Sublime Porte attendait de ses fidèles sujets, qu'ils tirent tout simplement sur leurs propres frères du Caucase.

Cette situation intenable déclenche alors le réflexe d'auto défense de la ville de Van qui, le 7 avril 1915, instaure un gouvernement provisoire... Le prétexte était trouvé.

DANS LA NUIT DU 24 AU 25 AVRIL, L¹HALLALI EST DÉCLENCHÉ. C¹EST LA RAFLE DE CONSTANTINOPLE. 600 INTELLECTUELS ET NOTABLES ARMÉNIENS SONT PASSÉS PAR LES ARMES, STIGMATISANT AINSI LE DÉBUT DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN. IL SE PRODUIRA SUR L'ENSEMBLE DU TERRITOIRE TURC.

En quelques mois, les hommes, d'abord emprisonnés, sont exécutés sommairement ou engouffrés dans les églises auxquelles on met le feu. Les femmes, les enfants et les vieillards , rassemblés en troupeaux de misère, direction le désert de Syrie et de Mésopotamie, comme l'ordonne, la " loi provisoire de déportation " du 27 mai 1915. Ceux qui acceptent la conversion à l'Islam sont épargnés, mais pour la plupart, la mort est une délivrance face à l'injure de l'abdication de leur foi.

Et puis des jeunes garçons sont islamisés par circoncision forcée. Les jeunes filles enlevées et violées par des hordes kurdes et turques. Les plus résistants marcheront plusieurs mois dans la chaleur étouffante de l'été 1915, tandis qu'on pillait leurs maisons et qu'on s'appropriait leurs biens.

AFFAMÉS, EN GUENILLES, DÉLESTÉS DU PEU QU'ILS AVAIENT PU PRÉSERVER, TRÈS PEU SURVIVRONT À CE SORT INDIGNE, PLONGÉS DANS L¹ABÎME DE L'INDICIBLE.

Des milliers de survivants, témoins oculaires, ont raconté leur calvaire. En effet, par bonheur, pour certains, il y eut aussi des justes qui sauvèrent des enfants.

" l'organisation ad hoc, responsable de ce génocide planifié des Arméniens ", avait donné ordre à l'administration et à la population turque, de ne pas recueillir ou donner refuge aux enfants arméniens dont les parents avaient été anéantis. Ce télégramme portant la mention " double urgence ", précisait : " le télégramme une fois lu, doit être détruit ".

La liste des exactions physiques dépasse l'entendement. Ce fut une boucherie. Squelettiques, ils sont morts sur la route, ou s'éteignirent dans le désert de Deir-Eis-Zor, dévorés par les chacals et les chiens errants.

Plusieurs observateurs étrangers dignes de foi, rapportèrent à leurs pays respectifs le drame humain qui s'était joué en terre ottomane. L'Allemagne, alliée de la Turquie pendant la Première Guerre Mondiale, avait laissé faire et censurait les informations, malgré un rapport accablant du pasteur Johannes Lepsius. L'ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, Henry Morgenthau, avait lui-même témoigné, ainsi que le consul Leslie Davis; de même que des observateurs britanniques et français, dont l'ambassadeur Paul Cambon, mais l'Europe était occupée sur d'autres théâtres d'interventions; et à vrai dire, peu influente dans ce contexte international.

IL FAUT AUSSI SE RAPPELER LES PAROLES D¹ADOLF HITLER, LE 22 AOÛT 1939, AVANT QU¹IL N¹ATTAQUE LA POLOGNE, ET EN PRÉMICES À LA FROIDE APPLICATION DU GÉNOCIDE DU PEUPLE JUIF :" Qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? ".

CE MÊME HITLER QUI, PUBLIANT EN 1925 SON OUVRAGE "MEIN KAMPF" (MON COMBAT), ÉCRIT EN PRISON, ÉTAIT LOIN DE SE DOUTER, QU'EN L'ANNÉE 2005, SOIT 80 ANNÉES PLUS TARD, CELUI-CI DEVIENDRAIT UN BEST SELLER EN TURQUIE, AVEC PLUS DE 100 000 EXEMPLAIRES VENDUS EN QUELQUES SEMAINES.

Si l'Allemagne a su s'honorer en condamnant les crimes du nazisme, il n'en est pas de même pour la Turquie et les crimes de l'Empire Ottoman. Puisque aujourd'hui même, trône à Istanbul, sur l'impropre appellation de, " colline des martyrs ", le mausolée du ministre de l'Intérieur, Talaat pacha, co-responsable du Génocide des Arméniens. Il sera abattu à Berlin par Soghomon Tehlirian, un jeune Armenien de 23 ans, le 15 mars 1921. Le 3 juin suivant, Tehlirian est acquitté, le génocide avéré.

Le 30 octobre 1918, la fin du premier conflit mondial est scellé par la signature de l'accord d'armistice de Moudros. les alliés ont prévu le démembrement de la Turquie en s'en partageant le contrôle. Tandis que l'Arménie côté russe, dite orientale, obtenait une éphémère indépendance avant d'entrer dans le giron soviétique en 1920.

Mais du côté de Samsoun, située sur les rives de la Mer Noire, le vainqueur des Dardanelles ne l'entend pas ainsi. Son nom: Mustafa Kemal, commandant de la 3è armée. Il vient d'être nommé gouverneur des provinces orientales par le sultan Mehmet VI. Son but, lancer un mouvement insurrectionnel visant à créer un sursaut nationaliste. Nous sommes en mai 1919. Quelques semaines plus tard, le 3 juin 1919, le triumvirat Jeune Turc, Djemal pacha, Enver pacha et Talaat pacha, est condamné à mort par contumace; et le 5 juillet 1919, c'est au tour du Comité Union et Progrès, déclaré responsable des exactions perpétrées sur les Arméniens.

En avril 1920, Mustafa Kemal est désigné à la tête d'un gouvernement provisoire à Ankara, tandis que les accords du futur Traité de Sèvres circulent de chancelleries en chancelleries. Le 10 août 1920, le traité reconnaît officiellement l'indépendance de l'Arménie. un Etat qui s'étendait sur 70 000 km2. Il prévoyait également un foyer national arménien en Cilicie, sous protectorat français, et la création d'un Kurdistan autonome.

Mais, Mustafa Kemal ne l'entendait pas ainsi. Le 22 septembre 1920, les troupes du futur fondateur de la Turquie, dite moderne, pénétrèrent en république d'Arménie, aidées par les Azéris et les Bolcheviks. en décembre de la même année, les régions de Kars et d'Ardahan tombaient entre ses mains. Onze mois plus tard, le 20 octobre 1921, les Turcs, chassant les Français de Cilicie, s'en prirent une nouvelle fois aux Arméniens, dans l'indifférence générale.

Inappliqué, le feu Traité de Sèvres fit place en 1923, au honteux traité de Lausanne, dans lequel il ne sera plus question d'Arménie. Une seconde trahison très dure à avaler.

Aujourd'hui, les fils et filles des survivants de ce crime contre l'humanité, vivent éparpillés de par le monde. ils se réunissent par communion d'esprit tous les 24 avril, depuis 1915, pour commémorer et se souvenir, que ce jour là, leurs parents ont subi l'outrage suprême d'un génocide.

Alors, comme si cette abjection ne suffisait pas, non content d'organiser de part le monde un négationnisme radical forcené, insultant la mémoire d'un million cinq cent mille martyrs, l'actuel Etat turc, renouant avec certaines dérives du passé qui consistaient à contraindre les Arméniens à turquifier leurs noms, sous peine d'extermination, procède à un nouveau nettoyage , comme si demain, plus personne n'aurait l'idée d'imaginer qu'un jour, il y eut ici même un pays nommé ARMENIE.

Ainsi, aujourd'hui, après avoir détruit les monuments et profané les églises, on renomme les espèces végétales et animales, reconnues par le corps scientifique sous des appellations dont l'origine est arménienne, pour d'autres à consonances turques, allant jusqu'à projeter de débaptiser la ville historique de Van, en lui attribuant celui de Douchba, un nom attaché à l'ancien royaume d'Ourartou.

Mais ce n'est pas tout; dans une conférence qui a eu lieu au parlement de Strasbourg, le 12 avril 2005, l'historien turc, Taner Akçam, a affirmé " de manière accablante dans son intervention, centrée sur les preuves documentées du génocide, de la formidable entreprise de falsification et d'invention d'archives par la Turquie. Il a réfuté les prétendues incohérences entre celles-ci et les archives occidentales, en expliquant clairement que ces dernières avaient été expurgées et même fabriquées. Concluant, que ceux qui s'aventuraient à vouloir consulter ces archives étaient quand bien même soumis à des menaces."

Et pour couronner le tout, la veille de cette intervention de Strasbourg, le 11 avril, le premier ministre turc, Recep Tayyp Erdogan, en visite officielle en Norvège, déclarait : " il appartient aux Arméniens de faire des excuses à la Turquie pour leurs allégations de génocide pendant la Première Guerre Mondiale ".

ENFIN, POUR COMPRENDRE JUSQU'OÙ PEUVENT ALLER CES DÉRIVES, LE CHEF DU GOUVERNEMENT TURC AURAIT PRIÉ SON HOMOLOGUE ISRAËLIEN, ARIEL SHARON, DE CONVAINCRE LE PRÉSIDENT BUSH, DE NE PAS EMPLOYER LE MOT GÉNOCIDE AU JOUR DU 24 AVRIL 2005. ON CROIT RÉVER CAR, ENTRE 1895 ET 1923, CE SONT PRÈS DE DEUX MILLIONS D¹ARMÉNIENS QUI DISPARAITRONT DE LA SURFACE DE LA TERRE.

Cette volonté de nuisance a atteint tous les corps de l'Etat. Ainsi, le président de l'Association des parlementaires turcs, dans un message envoyé à ses homologues européens, appelle ces derniers à : " établir ensemble, la non reconnaissance du génocide arménien ".

POUR LA TURQUIE, IL NE S¹AGIT QUE DU REGRETTABLE MASSACRE DE "SEULEMENT" 300 OOO ARMÉNIENS, QUI EUX-MÊMES, AURAIENT ÉLIMINÉ AUTANT DE TURCS, SINON PLUS , une fable qui a fait long feu !
MAIS CE QU'IL FAUT SAVOIR, C'EST QU'UN GÉNOCIDE NE TIENT PAS AU NOMBRE DES VICTIMES, MAIS A LA MÉTHODOLOGIQUE APPLICATION D'UN PLAN, PAR LEQUEL ON PROJETTE D'ÉLIMINER UN GROUPE ETHNIQUE OU RELIGIEUX.

Tandis que la Turquie frappe à la porte de l¹Europe, et à laquelle on demande les réformes démocratiques qui s¹imposent en matière des Droits de l'Homme, on assiste à une rigidité de l¹attitude concernant la question de la reconnaissance du génocide arménien.

À CE PROPOS, TANER AKÇAM, NOUS LIVRE UN DÉBUT DE RÉPONSE : " Entre 1878 et 1918, les dirigeants turcs ottomans ont perdu 85 % des terres et 75 % de la population de l¹Empire. Cette période a été vécue comme l'époque du déshonneur et de toutes sortes d'humiliations. Dans ce contexte de ressentiment et d'aveuglement, la décision du génocide semble avoir été un acte de vengeance dirigé contre ceux que l'on considérait responsables de cette situation : les Arméniens. On en a fait des ennemis de substitution, remplaçant les grandes puissances et l'ensemble des peuples chrétiens de l'Empire. Les dirigeants ottomans ont, en fait, liquidé sur le dos des Arméniens, des comptes qu'ils ne pouvaient régler ailleurs. Cela explique l'insistance avec laquelle on veut présenter la République Turque comme une renaissance, ou encore comme un absolu commencement ".

POUR ETRE COMPLET, IL FAUT SAVOIR QU'UNE RESOLUTION DU PARLEMENT EUROPEEN DE 1987, REAFFIRMEE LE 1ER AVRIL 2003, STIPULAIT QUE, " SANS RECONNAISSANCE DU GENOCIDE ARMENIEN ", TOUTE OUVERTURE DES NEGOCIATIONS D¹ADHESION A L¹EUROPE ETAIT EXCLUE. PAR FAIBLESSE EUROPEENNE, IL EN A ETE AUTREMENT, SPECIALEMENT DU AU REFUS OBSTINE DES AUTORITES TURQUES D'AVOIR A AFFRONTER CETTE EPEE DE DAMOCLES SUSPENDUE COMME PRECONDITION A L'ADHESION. POUR LA TROISIEME FOIS, L¹EUROPE CEDAIT AUX EXIGENCES DU LEVANT. CETTE FOIS SUR L¹AUTEL DES ECONOMIES DE MARCHE.

POURQUOI TANT D¹OBSTINATION A REFUTER L'INDENIABLE ET IMPRESCRIPTIBLE CRIME COMMIS PAR L¹EMPIRE OTTOMAN ? POUR UNE RAISON TRES SIMPLE : LA RECONNAISSANCE DU GENOCIDE ARMENIEN ENTRAINERAIT EN SON SILLAGE DES DEMANDES EN REPARATIONS ET DES REVENDICATIONS, NOTAMMENT TERRITORIALES. CE QUI REVIENDRAIT A APPLIQUER DE FACTO LES TERMES DU TRAITE DE SEVRES DE 1920. AINSI, NEE DES DECOMBRES DE L¹INDICIBLE, LA REPUBLIQUE TURQUE A CHOISI DE PRENDRE LA GOMME, PLUTOT QUE DE REDESSINER L¹ARBRE DE VIE A DEUX MAINS.

ELLE AURA BEAU FROTTER, ET FROTTER ENCORE, LA TACHE QUI S¹Y TROUVE , DEMEURE A JAMAIS, INDELEBILE.

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Jean Eckian

Né à Boulogne Billancourt, ancien journaliste, reporter d¹images, Jean ECKIAN devient Directeur Artistique des sociétés discographiques CBS et EMI Pathé-Marconi. Il a découvert des Artistes, tels, LES IRRESISTIBLES (My year is a day), William SHELLER, Roland MAGDANE, Philippe CHATEL, Joël PREVOST (Eurovision 1978), Maximilien (Comme un oiseau qui s¹envole), Karim KACEL (Banlieue), et a réalisé les disques de Michel FUGAIN (Ballade en Bugatti, Attention Mesdames et Messieurs, etc), Jean-Jacques DEBOUT (Un mot), Charles DUMONT (Souviens-toi des flons flons), Georges CHELON (Poète en l¹An 2000), etc. Directeur de Production de films publicitaires (Europe 1, Citroën), et réalisateur de films industriels (Les 90 ans du Fouquet¹s) et de reportages (l¹Intégration), il écrit ensuite pour la presse dédiée à la chanson, et a animé sur MFM, des émissions où il conte " Les Histoires d¹Amour de l¹Histoire de France ", et un éphéméride du siècle passé (Alors Raconte).

Co-organisateur du disque " Pour toi Arménie ", Jean ECKIAN est par ailleurs l'auteur de scénarios et du livre " Vous êtes nés le même jour que..." (Editions Jacques Grancher - Collection: Document- Actualité.)