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Պարույր Սևակ (Պարույր
Ռաֆայելի Ղազարյան) 
 
  
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Moi je
connais la nostalgie dans la profonde obscurité 
Comme l’aveugle connaît sa vieille demeure… 
 
Je ne vois pas mes propres mouvements, 
Car ils sont cachés à ma vue, 
Mais sans me tromper ni trébucher 
Je bouge dans ce lieu 
Je vis dans ce lieu 
Sans doute comme une horloge mécanique 
Qui après avoir perdu ses aiguilles 
Continue à fonctionner sans indiquer 
Désormais ni les minutes ni les heures… 
 
Et ballottant dans l’obscurité et la solitude, 
Je veux analyser cette nostalgie, 
Comme un chimiste, afin de comprendre 
Sa nature et son profond mystère. 
Dans ma tension, dans mon effort, 
Au loin éclate de rire l’eau du puits, 
D’un lointain indicible. 
 
Un moineau des villes, en un gazouillement fluide, 
Exprime en un chant sans paroles sa pauvre existence 
D’une distance inaudible, 
D’une distance sans écho. 
 
Les mots commencent à me blesser, 
Car c’est en moi qu’ils font écho,  
D’un lointain insaisissable, 
D’un lointain invisible. 
 
Bien que je ne sois nullement aveugle, 
Pourtant je regarde autour de moi 
Et je ne vois rien 
Car 
Souvent nos yeux se séparent, se détachent de nous,  
et en allant et venant, arrivent là-bas,  
d’où nous sommes maintenant très loin 
Impossiblement loin, 
Infiniment loin. 
 
Nous, nous courons après nous-mêmes 
Et nous n’arrivons pas à nous atteindre. 
Et nous n’arrivons pas à nous atteindre… 
 
Et n’est-ce pas cela, peut-être, qui s’appelle Garod… 
 
 
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