De
Youssif Shikho, écrivain kurde
…"En tant que Kurde, je vis à une
distance de 90 années de l'époque où
l'un des plus grands massacres de
l'histoire moderne a été commis.
Je me sens obligé de trouver le courage
de demander pardon pour un peuple qui
considère cela comme un déshonneur ou un
acte qui ne peut être fait que par un
faible.
Je veux dire à tous les Arméniens que je
demande pardon pour les actes
de mes ancêtres, dont je ne suis par
fier, envers vous. On dirait qu'ils ne
se sentent pas concernés par cette
affaire, ou peut-être qu'ils ne
reconnaissent pas les massacres,
exactement comme les Turcs qui
n'arrivent pas à gérer le génocide, et
ont poussé les Kurdes dans ce marécage
stagnant, qui reste dans sa saleté, même
après 90 ans.
Je vous demande pardon parce que moi,
comme vous, j'ai souffert du Génocide,
et j'ai connu l'amertume de l'ignorance
du crime. Je demande pardon parce que la
ville d'Halabja martyrisée (la ville
kurde irakienne victime d'armes
chimiques en 1988) m'a appris la laideur
du crime. Je demande pardon à chacun de
vos enfants dont les pères ont été tués
devant leurs yeux. Je demande pardon à
votre poète Hovhannès Shiraz, au poète
Avédik Isahakian. Je demande pardon à la
mère qui a été violée à la vue de ses
enfants et dont le mari a été tué par
mes ancêtres. Je demande pardon au
prêtre qui a été tué en public par les
ordres d'un mollah ! Pardon aux milliers
qui ont été perdus dans le désert, à
ceux qui sont morts de froid, de faim ,
de soif et de la peur des Kurdes, avec
lesquels, peu de temps auparavant, ils
partageaient la tranche de pain et le
verre d'eau.
…Pardon à vous Ohannès, Mgrditch, Hagop,
Marie, Zepur… Je vous dis à tous: je
suis un Kurde libre, qui ne croit pas
aux partis, mais j'ai honte de moi-même
tous les ans quand arrive le mois
d'avril, et que les gens se mettent à
parler des massacres, sans voir les
Kurdes encouragés à s'exprimer sur ce
sujet, même négativement, alors que
certains affirment que ce sont des
fausses accusations contre nous! Nous
voyons des chaînes
satellites qui font l'éloge de leurs
leaders morts ou vivants, sans émettre
un seul programme sur les massacres et
horribles événements commis par des
Turcs oppresseurs, et non pas par de
misérables Kurdes !
Traduction française par Louise Kiffer ,
d'après la version anglaise traduite de
l'arabe par Ara S. Ashjian- Bagdad. |
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