Le dernier numéro d'Haratch,
le quotidien arménien de Paris

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Le 31 mai est sorti le 22.214ème et dernier numéro de Haratch, "En avant", le premier quotidien arménien en Europe, créé en 1925 par Schavarch Missakian (ou Chavarche...), émigré arménien et journaliste. Sa fille Arpik (photo), 83 ans, qui avait repris le flambeau, retrace l'histoire de cet unique quotidien en langue arménienne imprimé pendant des années rue d'Hauteville.

Dans l'imprimerie du journal Haratch, au 83 rue d'Hauteville, Arpik Missakian s'agace déjà de tous les tracas liés à la fermeture de son journal. "Il est plus difficile de liquider une affaire que de la faire vivre", explique-t-elle.

A 83 ans, Arpik n'a rien perdu de sa verve et de ses convictions. Fondateur d'Haratch Dans son bureau modeste, sous le regard de la photo de son père et d'un superbe portrait, Arpik a "porté" le journal depuis 1957, date de la mort soudaine de son fondateur.

"J'ai consacré 60 ans de ma vie à ce journal. Nous sommes restés indépendants et nous avons toujours publié notre journal en langue arménienne", explique la directrice.

Imprimerie d'Haratch Selon Yves Ternon, un proche qui signe une dernière colonne dans le journal, Haratch, qui eu jusqu'à 5000 abonnés dans les années 30, n'en comptait plus que 700. "Trop peu pour moderniser l'imprimerie (photo), trop peu pour survivre financièrement", écrit-il.

Garder ses racines

Née en France et n'ayant plus de famille en Arménie, Arpik n'en est pas moins arménienne dans le sang. En 1988, après le tremblement de terre qui a fait 25.000 morts, elle est même retournée dans le pays de son cœur. "Quelle que soit l'intégration dans un pays, il est indispensable de garder ses racines. Cela passe notamment par la maîtrise de sa langue maternelle. C'est pourquoi nous avons voulu publier le journal en arménien", explique-t-elle. Ainsi, Haratch a constitué le lien de toute la diaspora arménienne.

La France a accueilli les rescapés arméniens du génocide de 1915. "Dans les années 1920-1930, la communauté arménienne était très importante en France et notamment à Paris, à Belleville et dans le 9 ème arrondissement", raconte Arpik. Nous avions 14 kiosques à Paris et nous étions diffusés un peu partout en Europe occidentale. En juin 1940, mon père a sabordé son journal en raison de la censure."

Une plaque rue La Fayette

Arpik se souvient que son père avait recruté lui même son censeur, un professeur de l'ancienne école de langues orientales. Le journal sera finalement relancé en avril 1945 pour s'arrêter le 31 mai 2009.

En hommage à son père, la Mairie du 9ème arrondissement lui a dédié une plaque, en avril 2007. Elle se trouve rue La Fayette, en face du square Montholon.

Au delà de la reconnaissance du génocide par la Turquie, Arpik estime que le problème entre l'Arménie et la Turquie reste entier. "Si la reconnaissance est une chose, il faut aussi parler de la redistribution de certaines terres". Un sujet qui ne laisse pas indifférent les 350.000 à 400.000 arméniens vivant en France.
Edition du 7 juin 2009 de
Daily neuvième Quotidien du 9me arrondissement de Paris