Un livre sur Monte Melkonian -
A quelques jours de la mort de MONTE
MELKONIAN « AVO »
(le 12 juin 1993) je vous prie de trouver une anecdote relatée par Vartkès
Baghrian dans son livre sur le héros. Mr Baghrian est né à
Stépanakert en 1952. Professeur, puis journaliste en 1975,
directeur de la radio et responsable de la télévision de l'Artzakh
en 1988, auteur de nombreuses parutions, et notamment d'un livre sur
« AVO ».
Ce livre vendu dans toutes les boutiques de Stépanakert a
rapidement été en rupture. Les acheteurs ne s'occupaient de
savoir qui en était l'auteur, mais il se l'arrachait tant
était grand l'amour du peuple pour le héros.
Il raconte qu'un soir, une des boutiques où il restait
encore quelques livres a été cambriolée, mais curieusement
seuls ont été volés les livres sur « AVO ». C'était pour le
moins surprenant et Vartkés en a éprouvé un peu de fierté.
Et un jour, passant au marché couvert de Stépanakert il dit
avoir vu une vielle dame vendant des oeufs, du fromage, des
pommes de terre et parmi tout cela . . . un livre sur « AVO
».
Surpris, il dit à cette dame :
- Vous vendez le livre ?
Elle répond :
- Oui, j'en avais vingt, et il ne m'en reste plus qu'un
seul.
- A quel prix les vends-tu ?
- Mille drams. (C'était une somme importante à l'époque).
- Mille drams ? dit-il tout surpris, car ce livre était
vendu 400 drams.
- Mais tu les a vendu très chers.
- Pourquoi très cher. Sais-tu lui, répond la vieille dame,
que ce livre relate la vie du héros ?
Voulant plaisanter avec la vieille, je lui ai demandé si au
moins elle l'avait lu.
- Je ne l'ai pas lu, mes yeux ne voient plus bien, mais si
tu le lis tu verras qu'il est très bien. Mais enfin, tu me
fais parler pour rien, car celui qui l'achète sait pourquoi
il l'achète. Il l'achète un point c'est tout.
Et pendant que je plaisantais avec elle, une dame qui avait
assistée à notre conversation m'a dit :
- Jeune homme, si vous ne désirez pas l'acheter,
permettez-moi alors de l'acheter.
La dame a versé ses 1000 drams à la vieille, a ouvert le
livre et a commencé à le lire tout en marchant. Vartkès à
voulu s'en approcher et lui dire qu'il en était l'auteur,
mais ne l'a pas fait par modestie. Sa satisfaction était de
s'effacer devant le héros et de voir le grand intérêt que
les gens ont porté à « AVO ».
Interview de Vartkès Baghrian de la
télévision du Karabagh.
Lorsque j'ai rencontré Monte pour la première fois en
octobre 1992, il était venu à Stépanakert accueillir Lady
Kox lors de son passage. Je lui ai serré la main et il m'a
reçu avec un « Parev, intchbes es ? » > Bonjour. Comment
vas-tu ? Tout comme si l'on se connaissait de longue date.
Ce jour là, j'ai aussi fais la connaissance de son épouse Seta, une femme avec un
coeur énorme, pour laquelle mon
amitié est éternelle. Dieu n'a pas permis à ce couple
extraordinaire d'avoir des enfants, mais ils se sont
entourés d'enfants, et tous les enfants arméniens sont
devenus leurs enfants. Mon interview qui s'est déroulée dans
une atmosphère de complicité car nos pensées se
rejoignaient.
Je voudrai rappeler ses propos qui semblent être des
prédictions.
« Je voudrais tant que notre peuple et, surtout que les
gens dans la diaspora, et en Arménie, comprennent qu'il faut
qu'ils nous aident, qu'ils comprennent que c'est le problème
le plus important. Et que s'il y a des problèmes économiques
en Arménie nous les comprenons très bien, mais si nous ne
triomphons pas dans cette lutte, les problèmes seront encore
plus graves .
Si nous sommes vaincu, et que nous perdons nos territoires,
à mon avis, notre histoire sera terminée et, nous en
tourneront la dernière page. La perte du Karabagh sera une
perte énorme pour notre peuple, et signifierait de plus dans
les dizaines d'années à venir l'entière disparition de notre
peuple. Il est nécessaire que nous en prenions tous
conscience, et qu'il faut tout faire pour vaincre et
terminer cette noble lutte ».
Vartkés nous dit qu'il l'écoutait avec une grande
admiration, et que si ses idées n'étaient neuves cependant
ils étaient d’une grande sincérité. Je savais dit-il que sur
les champs de bataille il était courageux, mais je ne savais
pas qu'il était si clairvoyant en politique.
Voilà encore une preuve du patriotisme éclairé de « AVO » ; |
PROPHÉTIE
du PEINTRE MARDIROS SARIAN
(1880-1972)
Après l'époque de crainte et de persécution
de Khroutchev, succéda l'époque de Brejnev, un peu plus
tolérante. C'est alors qu'un groupe d'intellectuels, avec à
leur tête Haïk Iskendérian, un architecte de renom, ont
pensé que le moment était favorable pour prôner une
politique de changement et de renouveau politique. Et malgré
l'omniprésence de la police secrète ils ont formé un parti:
"Au Nom de la Patrie",
Alors qu'il était interdit de parler du génocide des
Arméniens, le 24 avril 1965, poussé et encouragé par les
initiatives de la Diaspora,célébrant le 50ème Anniversaire ,
ils ont décidé d'envoyer simultanément avec des dirigeants
de l'Artzakh, une lettre ouverte aux dirigeants du Comité
Central à Moscou, pour leur exprimer le désir de réunir l'Artzakh
qui avait été séparé de l'Arménie, par les bons soins de
Staline en 1923. Ils joignent à la missive plusieurs
dizaines de milliers de signatures émanant de personnes de
toutes couches sociales mais, pour avoir l'effet souhaité il
leur fallait en premier lieu les signatures de personnes
renommées, parmi lesquels BAROUYR SEVAG. qui signe.
La célèbre cantatrice KOHAR KASPARIAN, signe en leur
souhaitant une bonne réussite.
Puis l'artiste, le Maître MARDIROS SARIAN, qui lors de
l'entretien , après avoir attentivement écouté dit :
"Je
suis heureux d'entendre votre projet, et je vais le
signer, tout en pensant que cela ne servira à rien. On ne
reprend pas les terres avec des signatures, mais seulement
avec les armes et le sacrifice du sang. Pour vaincre , il
faut être fort".
Quelques mois après, le
triste résultat a été que tous les membres du groupe ont été
emprisonnés ou déportés combien les paroles du Maître ont
été prophétiques, car quelques décennies après, les
Arméniens ont libérés leurs terres occupées par les Azéris,
aux prix de grands sacrifices .
Gloire et Honneur à ceux qui ont donnés leur vie sur les
champs de batailles.
Article de Rouben
Hovaguimian, en mémoire de Haïk Iskendérian |