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ASSOCIATION DE
SOUTIEN AUX PATRIOTES ARMÉNIENS
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HOMMAGE
À ACHOD
Porte-drapeau de
l’Association Nationale des Anciens Combattants et
Résistants arméniens, président de l’ASPA,
et figure incontournable du militantisme arménien,
Achod Schemavonian nous a quittés dans la nuit du
17 avril. Avec son décès, la communauté perd l’une
de ses grandes figures, l’un des ses membres les
plus dévoués à la cause, au soutien à l’Arménie et
l’Artsakh. Présent à toutes les cérémonies
militaires, salué par tous les présidents depuis
François Mitterrand jusqu’à Emmanuel Macron, il
portait toujours fièrement les deux tricolores,
celui de la France comme celui de l’Arménie. Comme
il arborait à égalité les médailles qu’il avait
gagnés au combat pour la France et un badge à
l’effigie de son héros, Monté Melkonian, mort au
champ d’honneur, lors de la première guerre d’Artskakh
et sur la tombe duquel il s’est rendu chaque année.
L’engagement, Achod l’avait chevillé au corps. Et
c’est pour son courage, son dévouement, ses exploits
durant la guerre d’Algérie où il avait été envoyé
lors de son service militaire, que la République lui
avait décerné la Croix de Guerre. Cent pour cent
français, voire cocardier, et cent pour cent
arménien, Achod avait rejoint dans les années 1970
le Mouvement national arménien, avant de fonder,
lors de la dissolution de ce dernier, en 1988, l’ASPA,
Association de Soutien aux Patriotes Arméniens.
Une organisation qu’il avait créé dans un premier
temps pour soutenir les combattants de la lutte
contre la Turquie, et en premier lieu Mardiros
Jamgotchian et Monté Melkonian. Et qui, après la
mort de ce dernier, avait très vite étendu son champ
d’action à l’armée du Haut-Karabakh. Pendant plus de
trente ans, il a envoyé des dizaines de milliers de
colis en Arménie, depuis l’aéroport, toutes les
semaines, par les avions de ligne, puis ensuite par
cargo. Du matériel humanitaire qu’il collectait
partout en France. Combien de tonnes de jumelles, de
couvertures, de sacs de couchage, de gants, de
gilets par balles, de rangers, de médicaments et de
matériel médical, a-t-il envoyé avec son fidèle et
inséparable lieutenant, Jean Chaghougian, et tous
les autres membres de l’ASPA ?
Et ce sans compter, plus récemment, les panneaux
solaires transportables, pour alimenter les
tranchées en électricité ?
Mais Achod était aussi
en première ligne dans toutes les manifestations,
les combats pour la reconnaissance du génocide.
Comment oublier son engagement en 2000 et le rôle
déterminant que cet infatigable militant a joué en
assurant la permanence de la tente plantée pendant 6
mois devant le Sénat, avec notamment Jean Chaghougian, feu Stéphane Indjeyan et tous les
autres.
La lassitude, le découragement ne faisaient partie
ni de son vocabulaire ni de sa mentalité. Toujours
prêt, il était volontaire pour toutes les tâches,
sans jamais compter son temps ni économiser son
énergie, en dépit du poids des années qui
s’accumulaient. Mais ce père de famille âgé de 85
ans était aussi un compagnon plein de charme et de
charisme, qui déclenchait immédiatement la sympathie
et la confiance, qu’on pouvait lui accorder les yeux
fermés. Des qualités qui l’ont aidé à obtenir nombre
de soutien d’institutions et de décideurs, arméniens
ou non arméniens, et à les garder.
C’est un homme d’une autre génération qui nous a
quittés. Un homme de devoir. On serait tenté de
dire, dans la tristesse, un homme comme on n’en fait
plus, en ces temps de replis sur soi. Atteint du
Covid, il avait été hospitalisé lundi dernier, juste
après avoir assisté au décès de son épouse. Il ne
lui aura pas survécu plus d’une semaine, emportant
avec lui toute une vie d’amour pour les siens et
pour son peuple. La perte est évidemment immense, et
la tristesse infinie.
Ara Toranian
Ara
Toranian le
dimanche 18 avril 2021
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